Jérusalem divisée : le "no man's land" entre les deux secteurs de la ville, au niveau de la porte de Jaffa. Photo prise en 1964
J’imagine que certains
lecteurs fidèles se sont étonnés de ne pas me lire à propos de Jérusalem, depuis ce mercredi 6 décembre où Donald Trump a fait sa
fameuse déclaration, reconnaissant officiellement que la ville était bien la
capitale d’Israël – une réalité depuis près de 70 ans mais en énervant beaucoup
-, et disant qu’il transfèrerait plus tard l’ambassade américaine – quand, au
fait ?
Il y a plusieurs raisons à
cela : mon blog n’est pas un journal devant parler de tout et tout le
temps ; on a déjà été saturé de nouvelles, analyses et points de vue, dans
la presse et en particulier dans les médias communautaires ; mais il y
aussi une autre raison qui me fait hésiter, alors que je m’étais promis de
synthétiser mes idées dans un petit article.
Concernant Jérusalem, je pense en effet à une autre image :
celle des « snipers » postés sur les hauteurs de la vieille ville, occupée
par la Jordanie de 1949 à 1967 ( lire
sur ce lien ), et qui faisaient de temps en temps des « cartons »
rendant la vie difficile dans la partie ouest de la ville. Mais pour moi, les « snipers »
ce seraient les lecteurs excités ; et j’y pense en voyant les commentaires
furieux et les accusations gratuites qui pleuvent, côté juif comme côté
musulman, dès qu’on essaie d’exposer des idées originales. Pourquoi « prendre
des balles perdues » ? Sur les blogs francophones du « Times of
Israël », j’ai recensé ainsi bien des commentateurs, jamais présents pour
apprécier un article mais toujours là pour tirer à vue !
Quelques éléments quand même qui me semblent indiscutable,
à propos d’une nouvelle partition de la ville qui parait souhaitée par une
grande majorité de la communauté internationale.
L’idée d’un « partage équitable » de la ville
entre deux Etats coexistant en paix - position française et partagée par la
majorité de l’Union Européenne, avec des exceptions apparues lors du vote à l’assemblée
générale de l’ONU le 21 décembre - parait raisonnable pour des « tiers »,
neutres et n’ayant pas notre sensibilité juive sur la question. Or, il n’est
pas inutile de rappeler ce que la Jordanie avait fait de l’accord de cesser le
feu signé en 1949, voir
ici : interdiction d’accès aux lieux saints du Judaïsme, saccage de
synagogues et de cimetières … il y a de quoi raisonnablement se méfier. Et qui
contrôlerait le respect des nouveaux accords ? Avec quelles forces de
sécurité ? Et encore, à l’époque la Jordanie était un pays « raisonnable »,
allié des Occidentaux etc. Tandis que demain, côté palestinien, la prise de
pouvoir immédiate par le Hamas ou l’un de ses clones serait tout à fait
possible.
Ensuite, oui ce dernier vote
de l’ONU, précédé par des résolutions - proclamées souvent avec virulence - par
les représentants des autres « grandes religions », musulmans comme
chrétiens, ont mis en évidence la solitude d’Israël et maintenant des États-Unis ; mais il convient aussi de garder la tête froide. L’Assemblée
Générale de l’ONU a condamné la décision américaine, mais finalement en des
termes relativement « soft », et surtout avec une majorité moins
écrasante qu’on aurait pu le craindre. Pour rappel, entre les « non »,
les « abstentions » et ceux qui n’étaient même pas là pour voter, un
tiers des États membres ont refusé de soutenir la résolution. Lire cette
excellente analyse des votes sur le "Times
of Israël" .
Ces réalités étant brièvement
rappelées, j’ai trouvé insupportables les accusations concernant Emmanuel
Macron et venant de mes ami(e)s de la Communauté : « coup de couteau dans
le dos » ; « collabo » ; « lèche babouches » ;
« antisémite ». « Notre » extrême droite impose ses
éléments de langage à beaucoup, et c’est aussi insupportable qu’injuste. Pour
rappel, des pays très proches d’Israël par leurs liens aussi bien économiques
que militaires (Royaume-Uni, Allemagne, Italie) ont voté comme la France ;
et, très prudent, le Président français a refusé, et de reprendre le rôle de
médiateur des États-Unis, maintenant refusé par Mahmoud Abbas, et de reconnaitre
un État palestinien tant qu’il n’y aura pas d’accord de paix.
Voilà ce que je voulais vous
dire. Une annonce pour finir : mon émission traite rarement d’Israël et de
son conflit avec les Palestiniens, mais on parlera de Jérusalem dans un numéro
de « Rencontre » qui sera diffusé le 28 janvier : soyez nombreux
à l’écoute !
J.C