Source Wikipedia
Et si tant de nos journalistes
étaient - un peu - moins paresseux ou manipulables ?
Lors de l'élection de
l'Ayatollah Hassan Rouhani, en août 2013, on aura lu et entendu que c'était les
"réformateurs" qui avaient gagné les élections contre les
"conservateurs". Que cela prouvait que les choses pouvaient changer
en Iran. Or on avait dit exactement pareil 16 ans avant, en 1997, au moment de
l'élection de Mohammad Khatami, dont les deux mandats furent suivis par ceux du
"dur" Mahmoud Ahmadinejad : mais en dehors des provocations de ce
dernier vis à vis des Occidentaux, avait-on à l'époque constaté, selon les
périodes, la moindre évolution en termes de libertés intérieures ou de
politique étrangère ? Absolument pas ! Et sous Rouhani, non plus, voir par
exemple ma publication récente à propos
des Bahai's ; et nous en reparlerons plus tard au sujet de multiples violations
actuelles des Droits de l'Homme.
Alors, comment l'expliquer ?
Il y a une raison simple, mais qu'oublient, volontairement ou non, nos grands
médias : le vrai "patron" de
l'Iran n'est pas le président élu, qui joue plutôt un rôle de chef de
gouvernement ; mais l'Ayatollah Ali Khameneï, "Guide suprême de la Révolution
islamique" depuis 1989, donc depuis près de 30 ans ! C'est lui qui incarne
la ligne idéologique du régime, en digne successeur de Khomeini qui dirigea le
changement de régime dix ans plus tôt.
Ali Kahamenei
Subtilités persanes, me
direz-vous ? Pas vraiment, car il suffit d'avoir un minimum de curiosité en
consultant les articles sur Wikipedia consacrés au système politique iranien,
en particulier celui intitulé Politique en Iran et
celui consacré au Président
de la République Islamique d'Iran. Le schéma en illustration ci-dessus est
d'ailleurs tiré de cette dernière publication.
Quelques idées simples à
retenir, et à rétorquer lorsque l'on parle de la "démocratie
iranienne" :
-
Des institutions non élues comme "le
Conseil du discernement" et surtout le "Conseil des gardiens de la
constitution" ont un rôle de contrôle et de censure ;
- Comme pour les défunts régimes communistes, c'est
une institution purement idéologique (le "Conseil des gardiens") qui
impose au législatif un respect absolu du dogme - ici l'islam version chiite ;
-
Le Conseil des gardiens - dont les membres
sont nommés directement ou indirectement par le "Guide suprême de la
Révolution" -, a un pouvoir de censure sur l'élection du Président de la
République, puisqu'il peut récuser des candidats ; et (extrait de l'article),
"Selon la constitution iranienne, le président est choisi parmi les
personnes remplissant les conditions suivantes : d’origine iranienne, de
nationalité iranienne, administrateur et avisé, pourvu de bons antécédents,
digne de confiance, vertueux, pieux et attaché aux fondements de la République
islamique d’Iran et à la religion officielle du pays".
Ceci étant dit, la façade démocratique iranienne
contribue fortement à sa bonne image de marque, en opposition aux Monarchies du
Golfe, ou plus encore, à l'Arabie Saoudite : autre théocratie, mais totalement
absolutiste, à la gestion encore plus opaque et surtout refusant toute forme de
parlementarisme.
J.C