J'ai eu le plaisir, il y a
quelques semaines, de faire deux rencontres originales, la première dans un
cadre privé, la seconde dans celui de mes activités d'animateur de la Commission
du CRIF pour les relations avec les Musulmans. Soyons un peu plus précis :
rencontrer des personnalités musulmanes fait partie de mon "scope"
d'activités régulières, dans le cadre de différentes institutions ou sur notre
radio Judaïques FM ; dans notre triste époque de peur et de repli
communautaire, cela semble déjà étrange à beaucoup de membres, actifs ou
anonymes, de la communauté juive et c'est bien désolant. Mais comme vous le
verres, ces deux rencontres étaient vraiment singulières du moins par rapport
aux préjugés que j'avais personnellement !
Première rencontre, privée, en
compagnie d'une douzaine de personnes de plusieurs origines et religions, le 13
avril dernier. Sur cette photo, on me reconnait en compagnie d'un dignitaire
chiite, à mes côtés sur ma gauche. Il s'agit de Muhammad Ali Al-Husseini,
"Zayed" (descendant du Prophète) et personnalité connue sur la scène
politique libanaise.
Un personnage étonnant, car
bien que chiite il est en opposition officielle contre le Hezbollah, qu'il juge
inféodé à l'Iran, donc ennemi des réels intérêts arabes. Voir par exemple en quels termes il parle des
projets iraniens - et de Nasrallah son supplétif dans la guerre civile en Syrie
-, dans cette vidéo tournée il y a peu sur un chaine de télévision libanaise
(vidéo en arabe, sous-titrée en anglais, trouvée sur Memri TV). Muhammad
Ali Al-Husseini croit aussi en la réconciliation entre Juifs et Arabes, comme
on le lira sur
cet article du "Times of israël".
Deuxième rencontre le 15 avril,
cette fois au CRIF où nous avons reçu Tarek Oubrou, Recteur et Imam de la
Grande Mosquée de Bordeaux, écrivain et personnalité connue de l'Islam de
France. Cette fois-ci, il ne s'agissait pas de préjugés vis à vis des Chiites,
mais envers un membre éminent de l'UOIF, Union des Organisations Islamiques de
France, réputée proche des Frères Musulmans et surtout, ayant pris des
positions en flèche vis à vis du conflit israélo-palestinien, notamment lors de
la première guerre de Gaza à l'hiver 2008-2009 ce qui avait gelé les relations
avec notre institution. Or, par ses prises de position publiques ainsi que dans
plusieurs de ses livres, il s'est positionné comme un avocat d'un "islam
libéral", ce qui pour beaucoup semble contradictoire avec sa présence au
sein de l'UOIF.
Sur ce sujet, comme sur
beaucoup d'autres, il s'est expliqué franchement, et j'en ai rendu compte de
manière assez complète dans le compte-rendu de cette réunion publié sur la
newsletter du CRIF ; on pourra le lire sur
ce lien.
J.C