Nous allons poursuivre dimanche
prochain notre entretien de la dernière émission, avec notre invité Ardavan Amir-Arslani. Quelques mots de rappel : nous parlerons à nouveau de son
livre, "Iran et Israël, Juifs et Perses", publié chez Nouveau Monde
éditions, avec une préface d'Alexandre Adler. Ce livre, qui n'a que 235 pages,
est incroyablement dense. C'est pourquoi j'ai décidé de lui consacrer deux
émissions, la dernière fois nous avions parlé des relations entre Juifs et
Perses depuis Cyrus jusqu'à la révolution islamiste de 1979 ; et nous parlerons
cette foi-ci de l'Iran d'aujourd'hui, avec un régime qui, il faut bien le dire,
fait peur à beaucoup de gens, aussi bien dans la région que chez les Occidentaux.
Son idéologie islamiste, son soutien ouvert à des organisations terroristes
puissantes qu'il a sur-armées comme le Hamas et le Hezbollah, son soutien
militaire au dictateur sanguinaire de Damas, ses menaces perpétuelles contre
Israël et enfin son programme nucléaire, tout cela inquiète fortement. L'auteur
se positionne frontalement contre cette inquiétude, avec, disons-le
franchement, certains arguments qui peuvent être entendus, mais d'autres aussi
qui ne m'ont pas convaincu. Comme l'écrit Alexandre Adler dans sa préface,
c'est un authentique patriote iranien et on ne peut ni le lui reprocher, ni ne
pas partager le souhait que son pays natal sorte de son isolement actuel et des
sanctions économiques lourdes qui pénalisent sa population. Mais l'Iran éternel
est une chose, le régime de la République islamique en est une autre. Hassan
Rouhani a-t-il le pouvoir de devenir une sorte de Gorbatchev iranien ? Les
positions connues des grandes puissances et du régime pourront-elles lever le
spectre d'une bombe aux mains des Ayatollahs ? La discussion permettra à mon
invité de justifier son optimisme face à nos auditeurs.
Parmi les questions que je
poserai à Ardavan Amir-Aslani :
-
A
propos des Juifs d'Iran, votre livre au chapitre 9 et dans d'autres endroits,
fait référence à des déclarations d'officiels de la communauté, disant tous qu'ils
vivent très bien, qu'ils se sentent protégés, et qu'ils aiment leur patrie tout en
rejetant le Sionisme : franchement, est-ce qu'on peut y croire ? Vu leur
situation de "Dhimmis" dans un pays qui a la Charia comme
constitution, vu la peur aussi, dans un pays où les opposants sont persécutés, que
pourraient-ils dire d'autre ?
-
A propos de l'antisémitisme véhiculé par le
régime : on a l'impression à vous lire, que seule une frange d'extrémistes
autour de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad était responsable de toutes
les horreurs que l'on a vu et entendu : la négation de la Shoah avec la fameuse
"conférence" de décembre 2006 ; les caricatures sur l'Holocauste qui
ont inspiré un concours, etc. Seulement, il y a des choses que votre livre ne
dit pas : l'exécution, dès 1979, de Habib Elghanian, le président de cette
communauté ; la propagande effroyable contre les Juifs qui est véhiculée dans
des journaux, à la télévision, par des agences de presse ; des émissions de
télévision avec des négationnistes du monde entier ; et enfin, la promotion
d'un agitateur antisémite comme Dieudonné, pour qui on déroule le tapis rouge à
Téhéran : pourquoi avoir évacué tout cela ?
-
Vous parlez, au chapitre 14 intitulé "Le
dessous des cartes" d'un épisode tout à fait oublié dans la mémoire
contemporaine - et pourtant, cette guerre aura fait un million de morts -, le
conflit Irak-Iran, suite à l'invasion de votre pays par Saddam Hussein en 1980
: vous dites qu'Israël a secrètement soutenu l'Iran, avec l'accord des
Etats-Unis, comment et à votre avis pourquoi ? Et les calculs stratégiques de
l'époque peuvent-ils à nouveau s'appliquer ?
-
A propos du nucléaire : vous ne niez pas le
caractère militaire du programme iranien
- donc vous convenez que le régime ment là-dessus ; et vous dites que la bombe
aux mains de la République Islamique ne serait pas un danger pour Israël, dans
la mesure où la dissuasion jouerait. Mais vous savez que l'on oppose deux
arguments à cela : l'irrationalité et le fanatisme de ce régime ; et la volonté
affichée du régime de détruire l'état juif, appelé "usurpateur",
"régime sioniste illégitime", par tous les dirigeants iraniens, y
compris le nouveau président Rouhani : que répondez-vous à cela ?
J.C