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29 septembre 2013

Reconnaissance de la Shoah : Hassan Rouhani, toujours ambigu

Le président iranien Hassan Rouhani
 
Tous les médias internationaux ont fait leur "une" la semaine dernière sur l'évolution du pouvoir iranien vis à vis de la reconnaissance de la Shoah, et cela en rupture avec les discours négationnistes de l'ex-président Ahamadinejad. Mais sont-ils allés au fond des choses ?
La source, unique, est une interview du président iranien accordée à la journaliste Christiane Amanpour, sur la chaine CNN.

On trouvera sur ce lien la retranscription de l'entretien en anglais, ainsi que l'enregistrement vidéo (4 minutes 51), qui est bref. 
Ci-dessous la retranscription du passage sur l'Holocauste :
 «"I have said before that I am not a historian, and that when it comes to speaking of the dimensions of the Holocaust it is the historians that should reflect on it," Rouhani told Amanpour. "But in general I can tell you that any crime that happens in history against humanity, including the crime the Nazis committed towards the Jews, as well as non-Jewish people, was reprehensible and condemnable as far as we are concerned."»

"Ami" sur FaceBook, Méïr Waintrater, ancien rédacteur en chef de la revue "L'Arche", fait partager au quotidien des analyses très pertinentes sur l'actualité, qu'il sait parfaitement décrypter. A propos de ces propos de Hassan Rouhani, je publie ici - avec son autorisation - ses commentaires in extenso, démontrant l'ambigüité iranienne sur ce sujet précis.

"Comme le montre cette phrase littéralement truffée de propos dilatoires et de pirouettes verbales, l'Iran a encore un bon bout de chemin à faire avant de renoncer au négationnisme.

Il y a là des astuces linguistiques qui, dans le langage européen, suffiraient à classer leur auteur dans le camp négationniste – ou, pour le moins, crypto-négationniste.
1. «Je ne suis pas historien», dit-il, ce qui laisse entendre que la réalité de la Shoah n'est pas un fait établi et que des «historiens» peuvent en débattre. Bien sûr que les historiens peuvent en débattre, et ils ne cessent d'ailleurs de le faire. Encore faut-il préciser que les pseudo-historiens invités naguère encore à Téhéran pour parler de la Shoah (Faurisson et ses amis) ne sont pas du nombre.
2. Il condamne «les crimes commis par les nazis contre les Juifs et contre d'autres peuples». Certes, tout le monde s'accorde à condamner les crimes nazis dans leur totalité, quelles qu'en soient les victimes. Mais Rouhani ne répond pas ici à une question sur le nazisme en général, il répond à une question sur la Shoah («your position on the Holocaust», lui demande la journaliste de CNN). Noyer le poisson en généralisant le propos à tous les crimes du nazisme est un procédé bien connu, que Le Pen a illustré avec son fameux «point de détail».
3. A cela s'ajoute sa pirouette finale (que je n'ai pas reproduite dans l'extrait ci-dessus mais que l'on trouvera dans le lien), consistant à mettre les crimes commis par les nazis sur les Juifs en balance avec les crimes – réels ou supposés – commis par les Juifs envers les Palestiniens. Là aussi, et quoi que l'on pense par ailleurs du conflit israélo-palestinien, il s'agit d'un procédé dont toute personne décente sait qu'elle doit s'abstenir quand elle est interrogée sur la Shoah.
En un mot: le président iranien a encore bien du chemin à faire pour vraiment «reconnaître l'Holocauste»."

Méïr Waintrater

Une analyse très claire, que mon ami devait compléter à la lecture d'une autre nouvelle, le jeudi 26 septembre :
"L'agence officielle iranienne Fars accuse CNN d'avoir falsifié la traduction des propos du président iranien, pour les faire paraître plus favorables aux Juifs (ou moins défavorables aux négationnistes) qu'ils n'étaient réellement.

Lire la dépêche ci-dessous.

Lien"