Nous
sommes le 11 septembre, jour anniversaire d'un des plus grands désastres et d'une des
plus grandes humiliations qu'aient subi les États-Unis. Souvenez
vous !
Avec
ou sans l'accord du congrès, Obama était décidé ou obligé, comme on
voudra, à frapper Bachar Al Assad, à le punir comme l’avait dit François
Hollande, son seul allié en l’occurrence. Le reste de l'Europe et la
Ligue Arabe étaient tout heureux de les laisser faire le sale boulot, mais aucun
autre pays ne voulait prendre le risque d'aller au charbon.
D’aucuns
sont persuadés qu’en envoyant ses missiles sur la Syrie, Barack Obama ferait la
même erreur qu’avait faite Georges W Bush quand il a envahi l’Irak. D’autres se
demandent si le président américain ne se trompe pas d’adversaire. Certes, le
dictateur syrien s’est mis au ban de l’humanité en bombardant son peuple au gaz
sarin, mais il ne faut pas oublier que c’est l’Iran qui met en péril tous les
pays de la région et particulièrement Israël, avec son projet de se doter
d’ armes atomiques. L’Iran qui fabrique et livre à ses protégés du Hezbollah et
de Syrie, des missiles à longue portée et qui leur envoie ses
meilleurs techniciens et ses meilleurs combattants.
Bref,
si l’on s’accorde pour reconnaître que Bachar est un monstre, le
patron, le Deus-ex-machina est bien l’Iran avec son maître suprême l’Ayatollah
Khameini.
Pourquoi
Barack Obama était-il si pressé de punir la Syrie alors que jusqu’à présent et malgré
les mises en garde d’Israël, il s’est refusé à détruire les installations
nucléaires iraniennes ? Affaiblir l’Iran, c’est toucher au cœur le
Hezbollah et la Syrie. C’est toucher à la tête ce bloc chiite qu’il
constitue avec ses alliés, c’est mettre un terme à l’emprise des Ayatollahs sur
l’Irak. Au lieu de cela, il s’est empêtré dans cette affaire syrienne dans
laquelle il n’avait rien à gagner.
Et
voilà que Vladimir Poutine lui retire une épine du pied en proposant de mettre
les armes chimiques dont dispose Assad sous contrôle international, s’imposant
ainsi comme un tacticien de haut niveau et le nouveau maître du jeu dans cette
région, face à des dirigeants occidentaux médiocres et sans relief.
Prisonnier
de ses maladresses, Barack Obama ne peut que se saisir de la perche que
lui tend son homologue russe pour sortir plus ou moins honorablement de la
crise, et c’est peu de dire que par son amateurisme il a
considérablement affaibli l’Amérique, ouvrant un boulevard à la Russie
qui retrouve une place de choix au Moyen-Orient.
Il
aurait pu se souvenir que lors qu’Israël a réalisé que la Syrie construisait un
réacteur en vue d’acquérir elle aussi l’arme atomique, il l’a détruit sans
faire de discours ni d’agitation médiatique. Il a fait de même lorsque de
lourds convois tentaient de transférer au Hezbollah à partir de la Syrie des
missiles fournis par l’Iran.
Obama
lui, après avoir fait les gros yeux avec sa « ligne rouge » n’a pas
cessé d’hésiter et de tergiverser, ce qui est la dernière chose à faire quand
on veut affirmer sa puissance, surtout dans cette région.
Oui,
le tsar Wladimir a bien joué. Il a donné un sérieux coup de main à son ami
Assad. Il a probablement permis au malheureux peuple syrien
d’échapper aux bombardements franco-américains qui n’auraient fait qu’ajouter
des morts aux morts.
Il
a éloigné d’Israël la menace des missiles syro-hezbollahno-iraniens, et a
permis à Obama, et accessoirement à François Hollande, de ne pas trop perdre la
face. Bref, un travail d’orfèvre.
Quant
aux armes chimiques, même si l’on obtient un vote contraignant du Conseil de
sécurité, comme le souhaitent les USA et la France et que refuse la
Russie, il sera bien difficile de les localiser, d’en assurer
ensuite le contrôle - par qui et comment ? - pour finalement les détruire
. Ce n’est certainement pas pour demain, mais l’essentiel est fait.
On
va laisser les Syriens se tuer entre eux et tout le monde est
soulagé, tout le monde est content;
Bon
Kippour
André
Nahum
Radio
Judaiques FM, le 11 septembre 2013
Nota
de Jean Corcos
Une
pause dans cette "série égyptienne" que j'ai commencé de vous
proposer, en revenant le temps d'un article sur la Syrie : le coup de théâtre
de l'annonce russe de lundi est venu bousculer le calendrier guerrier prévu, et
je ne pouvais ignorer ici cet évènement ; André Nahum a parfaitement résumé
dans son éditorial d'hier matin ce qu'implique ce succès diplomatique de
Poutine ; et, au delà d'un soulagement naturel que nous partageons tous,
avouons que ce n'est guère réjouissant !