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28 juin 2013

Un blog à l'eau de rose, vraiment ?



La lecture, même en diagonale, de la majorité des blogs et sites juifs francophones m'inspire souvent un profond découragement. Non pas que je sois en opposition avec certaines indignations lorsque Israël est injustement accusé, ou lorsqu'un "politiquement correct" - en déclin, il faut heureusement le constater aussi - interdit toute critique de ses ennemis. Mais ce que je lis dès qu'il est question de l'islam et du monde arabe me déprime presque toujours, alors même que j'ai fait du monde musulman la thématique de ma série radiophonique, et alors que c'est sur le plan des relations judéo musulmanes que je me suis investi, ces dernières années : "affreux, sales et méchants", voilà la peinture raciste et simpliste que j'essaie d'éviter sur ce blog ou sur Judaïques FM ; et voilà aussi, sans doutes, pourquoi d'aucuns peuvent m'accuser de présenter des nouvelles "à l'eau de rose" !

Mais est-ce vraiment le cas ? Trouvez-vous dans votre presse quotidienne - pourtant un peu plus objective qu'avant, comme je l'écrivais plus haut - autant de références à l'antisémitisme d'origine musulmane, ici ou de l'autre côté de la Méditerranée ? Un fort mauvais procès, en vérité.

Je me suis amusé à comptabiliser l'ensemble des articles publiés avec le libellé "antisémitisme" depuis la naissance du blog, en 2005 : il y en a eu 91, soit rapportés au nombre total de publications environ 5 % ... n'était-ce pas déjà assez ?

Merci donc de faire un petit voyage dans les archives en cliquant sur chacun des libellés ci-dessous : et de vérifier, par vous même, que "mon blog n'est pas à l'eau de rose" !

J.C

29 novembre 2008

Bombay : la nounou, deux victimes et le "politiquement correct" …

Moshe Tzvi Holtzberg et sa "nounou" indienne qui lui a sauvé la vie
(photo Amy Ginzbourg pour le "Yedioth Aharonot")

Écrire trois jours après le début de la méga attaque terroriste de Bombay - appelée, fort justement, un « 11 septembre indien » par beaucoup de commentateurs -, n’est pas un exercice simple. Question de pudeur, alors que le sang des 195 tués et des centaines de blessés n’est pas encore séché, et alors que la capitale économique de l’Inde sort à peine de scènes d’apocalypse. Question aussi d’intérêt pratique pour les lecteurs qui en ont déjà tellement lu et appris - et singulièrement, dans les médias juifs et israéliens, à propos de la prise d’otages tragiquement finie au Centre Loubavitch, avec l’assassinat d’au moins cinq personnes (aux dernières nouvelles, d’autres corps auraient été trouvés dans les ruines de l’édifice), et parmi elles, de Rabbi Gavriel Holtzberg et son épouse (zal), qui avaient 29 et 28 ans ...

Tsipi Livni, le ministre israélien des Affaires Étrangères, l’a dit à propos de cet aspect spécifiquement antisémite des évènement, lors d’une conférence de presse suite à l’attentat, et tous les Juifs l’ont compris, même si - hélas, voir plus loin - tellement de soit-disant experts cherchent toujours à noyer le poisson : "Notre monde subit une attaque, cela ne fait aucune différence si elle a lieu en Inde ou ailleurs, il y a des extrémistes islamiques qui n’acceptent ni notre existence ni celle des valeurs occidentales".

Je serais probablement amené à bousculer la programmation prévue les prochains mois, en revenant sur les sujets récurrents et angoissants d’Al-Qaïda, du Pakistan et de ce front bien ouvert de la guerre déclarée par les « nazislamistes ». En attendant, j’ai voulu attirer votre attention sur trois éléments assez peu commentés dans les grands médias.

- D’abord en publiant la photo de la « nounou » héroïque du Centre Chabad, une jeune indienne employée au Centre « Chabad » de Bombay : dès l’intrusion des terroristes, elle a fui en prenant dans ses bras le jeune Moshe Tzvi Holtzberg, deux ans, le sauvant d’une mort atroce ... nouvelle preuve qu’il existe des « Justes », à toutes les époques et parmi tous les peuples ; et que les Juifs ont des amis partout, n’en déplaise aux commentateurs vénéneux que l’on ne lit que trop dans la presse nationale !

- Ensuite, en évoquant les deux victimes françaises de l’attentat, Loumia Hiridjee et son mari : on l’a déjà évoqué, c’était la créatrice de la marque de sous-vêtements « Princess Tam Tam ». Ce que l’on a moins dit - Olivia Cattan lui rend hommage sur le site de l'association "Paroles de Femmes" - c’est qu’elle était engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes par les intégristes religieux. Ce que l’on a surtout moins dit, c’est qu’elle était née à Madagascar de parents musulmans originaires de l’Inde, et que l’islam était aussi la religion de son mari Mourad (lire sur Wikipedia) : preuve, s’il en était besoin, du caractère aveugle et imbécile du terrorisme islamiste, qui tue sans scrupules des « frères en religion » !

- Enfin en rappelant aussi (mais cela me révulse tellement, que je n’ai pas envie d’en parler trop longuement), la cohorte des commentaires fielleux ou odieux lus ici et là : ainsi, sur le gratuit « métro » du 28 novembre, Olivier Guillard, directeur de recherche à l’IFRI qui justifie (en creux) l’attentat, en disant tranquillement : « Il est clair que des ressentiments ont pu naître entre la majorité hindoue et la minorité musulmane, qui représente tout de même 150 millions d’individus. Nombre d’Indiens musulmans estiment - souvent à juste à titre - qu’ils ont moins de droits que d’autres communautés indiennes ». L’indécrottable "20 heures" de France 2 évoquait pour sa part les guerres passées et le départ de 12 millions de musulmans vers le Pakistan après 1947 ... sans rappeler l’échange de populations avec l’Inde qui a concerné autant de personnes de part et d’autre ! Toujours la même ligne « politiquement correcte » donc, de commentateurs faisant passer, en Inde comme au Moyen Orient, le discours réchauffé d’un islam par définition victime des autres . On remarquera, aussi, que le sort des Hindous du Pakistan n’est jamais évoqué - pour la simple raison qu’il n’en reste pratiquement plus. « Politiquement correct » enfin, avec les inévitables guillemets associées au mot « terroriste » à propos des massacreurs de Bombay, dans les dépêches de l’AFP (mais Reuters ou l’A.P ne font pas mieux) : on lui préfère les vocables de « militants » ou « d’activistes » ... quelle belle manière en effet, de militer pour une cause, que de tirer à la Kalashnikov dans une gare, un hall d’hôtel ou un hôpital ! Bref, vous avez compris : si demain de jeunes musulmans français se jugent « à juste titre » avoir moins de droits que d’autres, ils pourront massacrer à vue au titre du « militantisme » ...

J.C

27 novembre 2008

Pourquoi ce refus de reconnaître l'existence d'un antisémitisme proprement arabe ?

Introduction :
Le site américain "memri" ("Middle East Media Research Institute"), est comme je l'ai souvent signalé une mine d'informations pour qui veut suivre les débats politiques au Moyen-Orient, dans le monde arabe comme en Iran. Malheureusement, les articles en anglais constituent la base documentaire et les versions en d'autres langues sont beaucoup moins riches ... Raison de plus pour vous proposer un article en français à découvrir d'urgence, car il est au cœur des préoccupations des communautés juives vivant en Europe : celui de l'antisémitisme arabe, véhiculé par la mouvances islamiste et par la propagande de certains gouvernements dictatoriaux. Le professeur Menahem Milson, professeur émérite de l'Université Hébraïque de Jérusalem et conseiller auprès du memri, a publié une excellente synthèse sous le titre : "Qu'est ce que l'antisémitisme arabe ?".
Je me sens directement concerné par ce sujet, pour deux raisons : en tant que citoyen français, je suis outré par le manque d'indignation que suscite cet antisémitisme là, importé de l'étranger et que ne veulent pas dénoncer nos "belles âmes", formatées pour dénoncer uniquement le racisme d'extrême droite et ses menaces - heureusement plus fantasmatiques que réelles ; en tant que juif engagé dans le dialogue judéo-musulman avec mon émission, je sais que trop de membres de ma communauté ont déjà basculé dans l'hystérie, considérant tout Arabe comme déjà gangréné par cette maladie. Il faut donc analyser cette dérive, froidement et sans passion, et le professeur Milson que l'on ne saurait taxer d'extrémisme (il est partisan d'une paix de compromis avec les Palestiniens) me semble être une bonne référence.
Voici deux extraits importants de son article : celui où il s'interroge sur le trop long silence des Juifs vis à vis de cet antisémitisme ; et celui où il dit - et je le soutiens tout à fait - que ne rien dire ou faire n'aidera pas à la réconciliation, au contraire ! 
J.C

Pourquoi ce refus de reconnaître l'existence d'un antisémitisme proprement arabe ?

" Au vu de la quantité de références antisémites contenues dans les publications arabes de toutes sortes du siècle dernier, on ne peut que constater, avec une certaine perplexité, que les universitaires juifs et israéliens les ont tout bonnement ignorées.
Il existe toutefois quelques exceptions (en Israël et ailleurs) : "La position arabe dans le conflit israélo-arabe" (paru en hébreu en 1968), de Yeoshafat Harkabi, demeure, jusqu'à ce jour, un ouvrage de référence sur le sujet. Harkabi n'a pas hésité à qualifier le phénomène d'antisémitisme. A suivi, en 1971, un article de Bernard Lewis intitulé "Sémites et antisémites" suivi de travaux supplémentaires du même auteur. Rivka Yadlin, Norman Stillman, Bat Yeor et Ron Nettler ont aussi abordé le sujet. Mais ils sont restés des exceptions: l'écrasante majorité des spécialistes du Moyen-Orient, en Israël et ailleurs, ont évité le sujet.
J'ai tenté de donner une explication à ce surprenant phénomène : des facteurs psychologiques se mêlent ici aux facteurs politiques et idéologiques. Nous devons garder en mémoire le fait que toute l'entreprise sioniste avait pour but de résoudre le problème de l'antisémitisme. Ainsi, la découverte que la haine à laquelle nous croyions avoir échappé en quittant l'Europe était endémique au Moyen-Orient est un fait que beaucoup ont préféré ignorer ou nier.
Il existe peut-être une autre motivation, plus politique, derrière le refus d'admettre l'existence d'un antisémitisme arabe : la crainte que la révélation de ce sentiment antisémite chez les Arabes ne renforce l'intransigeance politique en Israël et fasse le jeu des groupes politiques opposés à tout compromis territorial. Il faut reconnaître que cette crainte n'est pas sans fondement.
Toutefois, ceux qui, comme moi, sont favorables à une politique israélienne allant dans le sens de deux Etats, doivent bien admettre que fermer les yeux sur l'antisémitisme arabe n'est pas seulement une faute intellectuelle ; c'est aussi contre-productif sur le plan politique. Nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer l'antisémitisme arabe ; nous nous devons même de l'examiner de près. Il est désolant de constater que l'antisémitisme arabe est devenu, depuis la fin des années 1930, la plus dangereuse forme de haine des Juifs, où que ces derniers se trouvent. Cela est notamment dû à la coopération qui existe entre Arabes antisémites et leurs homologues occidentaux."

Que faire ?

"La question que l'on se pose finalement est : que faut-il faire ? La première étape consiste à comprendre le danger représenté par l'antisémitisme arabe. Il a infiltré les esprits de part et d'autre du monde arabe et créé une atmosphère dans laquelle les Juifs, individuellement ou collectivement, ne sont pas considérés comme tout à fait humains. Cela représente en soi un obstacle à la paix : les accords de paix avec Israël signés par l'Egypte et la Jordanie n'ont toujours pas conduit à la normalisation des relations avec Israël.
C'est pourquoi lutter contre l'antisémitisme arabe n'est pas seulement lutter contre le mensonge et les préjugés ; c'est essentiellement lutter pour l'amélioration des relations entre Juifs et Arabes.
En pratique, il faudrait opérer une veille médiatique des manifestations de l'antisémitisme arabe et permettre aux médias occidentaux, ainsi qu'aux façonneurs d'opinion, d'en connaître le résultat. Les publications antisémites devraient être traduites dans les langues européennes, dans l'espoir que la révélation publique de ces propos suscite des protestations au niveau international, des pressions diplomatiques à l'égard des institutions et des gouvernements arabes coupables d'antisémitisme."

Professeur Menahem Milson

19 octobre 2008

Obama, c'est bon pour les Juifs ?

Dessin paru dans le journal palestinien
"Filastin", le 8 juin 2008
(traduction du titre en arabe : "Obama : Jérusalem est la capitale unifiée d'Israël")

D’abord un petit commentaire sur ce dessin au goût plus que douteux ...
C’est, hélas, un nouvel exemple de l’antisémitisme débridé que l’on peut trouver quasiment tous les jours dans la presse arabe : caricature de Juifs barbus et diaboliques ressemblant à celles que l’on trouvait dans les journaux nazis ; mythe du complot sioniste pour conquérir le Moyen-Orient (le « menu » lu dans ce décor de restaurant représente la carte de la région) ; enfin, un Obama en serveur noir souriant et obéissant - vision raciste qui, re hélas, a aussi du succès dans la région. Mais enfin, et même s’il est vrai que beaucoup de commentateurs arabes caressent l’espoir d’une inflexion de la politique américaine, ils ont aussi beaucoup déchanté une fois la campagne franchement commencée outre-Atlantique. Et l’on retrouvera, sans surprise, ce genre de caricatures présentant les 300 millions d’Américains en otages du « lobby » juif, vrai marionnettiste du vaste monde - un classique de l’antisémitisme, encore, et qui permet aux dirigeants arabes de dénigrer une démocratie dont ils ne veulent surtout pas chez eux !

Ensuite, un rappel mais qui ne surprendra pas les « vieux » lecteurs du blog. J’essaie de rendre compte des évènements avec objectivité dans mes émissions, en conservant une position de « retrait » qui me permet de dialoguer avec des invités de droite comme de gauche, en leur opposant à chaque fois les arguments « du camp d’en face », histoire de stimuler la réflexion de mes auditeurs ... que je ne prends pas pour des oies à gaver par de la propagande ! C’est pourquoi aussi - et si vous avez eu la curiosité d’y faire un tour - j’ai mis en liens permanents des sites et journaux de tous bords, histoire de ne pas finir en hémiplégique de la pensée.

Ce blog n’a donc pas repris, comme la majorité de ses confrères juifs francophones, les slogans anti-Obama infatigablement copiés collés ... Barack « Hussein » Obama le musulman caché ; Barack Obama l’ami des afro-américains antisémites ; Barack Obama prêt à vendre Israël en allant rencontrer Ahmadinejad ... vous aurez le florilège de la campagne des Républicains en direction de l’électorat juif en allant sur ce lien. Mon blog n’a pas repris, non plus, les arguments très anti-démocrates publiés sur le site de la « Metula News Agency » (adresse : http://www.menapress.com/) par l’essayiste Guy Millère (que j’aimerais cependant interviewer un de ces jours) ou par Laurent Murawiek, expert du Hudson Institute et qui fut mon invité il y a déjà plusieurs années : leur description apocalyptique de la situation en cas de victoire - maintenant plus que probable - du candidat démocrate me fait trop penser aux sombres pronostics que j’avais entendus, il y a déjà quarante ans (que le temps passe vite !) au moment de la victoire de Richard Nixon, et il y a huit ans après l’élection de Georges W. Bush ; à l’époque, c’était la crainte que le parti républicain - proche des milieux pétroliers pro arabes - ne fasse « payer » aux Juifs leur soutien, massif et traditionnel, au camp démocrate.

Je ne vous dirai donc pas quelle est l’option qui me semble « la moins pire », comme je ne vous ai pas livré mes préférences au moment des élections récentes de notre Président de la République ou du nouveau Grand Rabbin de France : et au fait, de quel droit, nous Français, devrions nous choisir les dirigeants des autres pays ? ... une réserve qui n’étouffe pas nos médias, pris d’une « Obamania » qui rendrait son concurrent sympathique ! Mais cela ne m’empêche pas d’être un peu inquiet, en raison de l’inexpérience de Barack Obama et de l’âge avancé de John Mac Cain. Ni d’écouter, aussi et avec anxiété, certains de ses supporters parier sur la fin de « l’emprise sioniste » sur les États-Unis (voir les déclarations récentes du Révérend Jesse Jackson, analysées par Shraga Blum sur le site israélien « Aroutz sheva », une adresse, il est vraie, clairement positionnée à droite) ; ni de penser, privilège de l’âge aidant, que sont peut-être bien naïfs les jeunes Juifs américains mobilisés pour Obama comme Ariella Rosenberg, jeune étudiante de Harvard ... l’avenir nous le dira dans quelques mois, une seule chose étant sûre : la déliquescence de l’administration Bush en fin de mandat, le retour d’une Russie agressive et surtout, surtout, une lourde récession économique seront vite une épreuve de vérité pour le prochain locataire de la Maison Blanche !

Enfin, je vous recommande de lire dans le blog de la revue « l’Arche », sur le lien suivant Obama, Mac Cain et les Juifs, un dossier remarquable et à mille lieux des articles de propagande évoqués plus haut : historique du positionnement électoral des Juifs américains et évaluation de leur influence réelle ; analyse des rumeurs concernant Obama ; retranscription des discours des deux candidats devant le lobby pro israélien AIPAC ; positions des deux prétendants sur des questions clé, comme l’Iran ou Jérusalem ; et enfin une interview d’André Kaspi, expert des États-Unis : un régal !

J.C

08 octobre 2008

Ce matin sur Judaïques FM, André Nahum a dénoncé la nouvelle haine antisémite déguisée en « antisionisme »

Introduction :
Mon ami André Nahum a choisi de parler d’un sujet bien angoissant en cette journée veille de Yom Kippour. Il est vrai que l’actualité est peu brillante en la matière, avec en particulier le retour des veilles lunes accusant les Juifs d’être responsables de tous les malheurs passés et récents de l’humanité, donc en particulier du « tsunami » financier que nous sommes en train de vivre. Le Hamas palestinien n’a d’ailleurs même pas pris de gants pour le faire, accusant « les Juifs » et non pas « les Sionistes » d’être les responsables du « krach » de Wall Street.
A noter aussi qu’André Nahum a cité dans son intervention un nouvel acteur particulièrement virulent de cette propagande, le centre Chiite « Zahra » qui vient d’appeler à une manifestation interdite le 27 septembre dernier, et qui « copine » avec deux personnages condamnés par la justice pour incitation à la haine antisémite, Dieudonné et Kemi Seba.
On consultera
sur ce lien la vidéo sur « Youtube » de la conférence de presse dont parle notre chroniqueur - avec en liens une compilation de vidéos de propagande ...

J.C

Bonjour.
Un certain Yahia Gouasmi, se présentant comme président de la Fédération Chiite de France et membre du parti de Dieu - autrement dit, sauf erreur, du Hezbollah - a tenu ces jours-ci une conférence de presse largement diffusée sur Internet. Dans cette vidéo, ce monsieur qui se défend bien sûr de tout antisémitisme, comme le fera également Monsieur Kemi Seba (de la tribu K) qui l’accompagnait, dénonce avec violence la mainmise des « Sionistes » sur la France, son gouvernement et sa presse et il appelle solennellement les Français à s’en débarrasser. « Paris est occupé s’exclame-t-il, il est temps qu’on le libère ». Sous entendu, je pense, comme au temps des nazis !
Dans son excellent ouvrage : "La Judéophobie des modernes"(Editions Odile Jacob) le philosophe et politologue Pierre-André Taguieff s’étend longuement sur cette obsession pathologique de la puissance juive, de la conspiration juive, du complot juif etc. Vieilles antiennes reprises aujourd’hui par la propagande islamiste soutenue par les alter mondialistes et l’ultra-gauche. A une nuance près, c’est que le mot « sioniste » remplace parfois, le mot « juif ». A l’antique mythologie anti-juive, venue du fond des âges, a succédé « une mythologie « anti-sioniste ». Le « sionisme » se voyant affublé de tous les vieux clichés habituels mis au goût du jour et modernisés, en l’accusant de nazisme, racisme, colonialisme, génocide, purification ethnique, apartheid, etc., etc. La totale quoi !
Les propagateurs de ces infamies cherchant habilement leur caution dans les dires et les écrits de personnes d’origine juive, les « idiots utiles » de Lénine, psychopathes ultra religieux des « Netoureï Karta », ou hommes et femmes d’extrême gauche, avides de paraître et aveuglés par la haine de soi, qui ont assis leur carrière sur la dé légitimation et le dénigrement systématique de l’État d’Israël, associé généralement pour faire bonne mesure au rejet des États-Unis.

Ce que Pierre-André Taguieff appelle « l’antisionisme absolu » est le masque de la nouvelle judéophobie, un amalgame entre « Juifs », « Israéliens » et « Sionistes ». Les Juifs, pardon les Sionistes, sont rendus responsables de tous les malheurs de l’humanité de la peste noire du Moyen-âge au Tsunami en passant par les attentats du 11 septembre, et ils poursuivraient leurs complots pour la domination du monde.
Le Hamas y a été de son "coup de pied de l’âne" en accusant hier le "lobby juif" aux Etats-Unis d'être responsable de la crise financière qui secoue le pays et le monde. Cela vous étonne ?
Alors, dans cette situation plutôt difficile, en cette veille du Yom Kippour, j’ai envie de vous raconter cette courte histoire venue du Talmud.
Un officier romain demanda un jour à une célèbre rabbin juif :
- Vous, Juifs, êtes seuls parmi les 70 Nations de la Terre. Comme un agneau au milieu de 70 loups.Elles auraient pu vous dévorer. Pourquoi ne l’ont-elles pas fait ?
- Eh bien répondit le rabbin, c’est peut-être parce que nous avons un excellent berger.
Oui ! Mais, Vigilance quand même !
Bon Yom Kippour à Tous,
A Bientôt,

André Nahum,
Judaïques FM, le 8 octobre 2008

06 octobre 2008

« Social Fascisme » : un éditorial inquiétant d’Alexandre Adler dans « Le Figaro »


Olivier Besancenot (photo Reuters)

Introduction :
Le krach financier qui s’est étendu en quelques semaines comme une traînée de poudre, depuis les Etats-Unis jusqu’à l’Europe, augure une période de fortes secousses bien redoutable pour les pays démocratiques. Posté à ma petite fenêtre et redoutant, fort naturellement, une éclipse américaine qui renforcerait d’autant le camp des « islamo fascistes », j’avoue n’avoir pas, spontanément, songé à un autre fascisme qui risquerait de survenir ... chez nous ! Alexandre Adler imagine que, comme dans les années trente et en raison de la même lâcheté des élites, un parti antisémite de masse ne vienne en embuscade : et il le voit à l’extrême gauche de l’échiquier politique. 
J.C

Dans l'accalmie qui sépare le grand cataclysme de Wall Street de ses conséquences macroéconomiques et politiques sur le reste du monde, il est possible de ménager un petit espace à la réflexion politique, un espace nécessairement angoissant. Certes, l'effondrement ne sera pas comparable à celui de 1929 sur le plan matériel. Mais il en va différemment du plan intellectuel où, pour le dire non sans une certaine emphase, sur le plan spirituel. En 1928, quelques mois avant le krach de Wall Street, l'Allemagne avait pour chancelier le débonnaire social-démocrate Hermann Mül­ler, soutenu par les non moins débonnaires catholiques démocratiques et libéraux laïques. Le parti nazi, dont la tentative de prise de pouvoir en 1923 s'était soldée par une fin lamentable et même comique, oscillait entre 4 % et 6 % du corps électoral.
Trois ans plus tard, le même parti approchait des 40 %. Une telle progression cancéreuse avait pour cause essentielle, sinon unique, l'effondrement du système économique capitaliste géré par des formations démocratiques modérées. Si l'ampleur du désastre, on l'espère de tout coeur, pourra être contenue, si même on peut s'attendre de la correction en cours une amélioration et une rationalisation du système, il n'empêche que nous sommes à la merci d'un accident économique sérieux, et nous au­rons à faire à une poussée populiste et autoritaire de grande ampleur.
Bien entendu, avec un sens de la répétition historique qui s'est toujours démenti, les yeux se tournent vers ce qu'il reste du Front national. Pour ma part, scrutant l'horizon tous azimuts, je verrais plutôt le danger sur notre extrême gauche que sur notre extrême droite. Mais que le lecteur me permette ici un petit excursus par la Vienne de Robert Musil.
Le grand romancier autrichien qui commence à rédiger son chef-d'oeuvre « L'Homme sans qualités », à peu près au moment où le désastre allemand devient lisible, nous dépeint une mode particulièrement étrange dans la capitale de l'Autriche-Hongrie, en 1913. Toute la bonne société, intellectuels et artistes notamment, s'enthousiasme, en effet, pour un clochard qui a assassiné quelques prostituées dans le parc du Prater, du nom de Moosbrugger ; tout le monde le trouve étonnamment poétique et audacieux.
Musil nous parle de ce fait divers, parce que probablement le meurtrier Moosbrugger a dû partager sa couche, à l'asile de nuit, avec un autre clochard du nom d'Aldolf Hitler qui, lui, n'en restera pas aux prostituées de passage dans l'ambition destructrice. L'enthousiasme pour le petit assassin prépare, comme dans un pressentiment, l'émotion en faveur du grand criminel.
Quelque chose de semblable est en train de se passer en France aujourd'hui. Cela commence par la pâmoison active de certains artistes en faveur de tueurs en cavale, généralement italiens. Puis on découvre, avec horreur, qu'un nombre, on hésite à dire, respectable de nos concitoyens, imaginent que le 11 septembre 2001 est le résultat d'un vaste complot dans lequel Ben Laden n'aura été, au mieux, qu'une marionnette manipulée. Soyons clairs : on n'a pas besoin du nouveau torchon qui se réclame de l'excellent Siné pour comprendre que si complot il y a, ce ne peut être que le fait de l'establishment américain, et bien sûr de ses suppôts juifs, new-yorkais autant qu'israéliens. C'est ce que disent généraux pakistanais et imams cairotes dès maintenant, c'est ce que brûlent de dire nos modernes sceptiques. Et voici que l'un des assassins de Georges Besse justifie son action et est admis au nouveau parti anticapitaliste du célèbre affranchi postal, Besancenot.
Dans la République de Weimar, la responsabilité principale de l'ascension de Hitler vient des élites conservatrices catholiques et protestantes : malgré la répulsion que leur inspirait le nazisme, de temps à autre, ces élites inconsolables de l'Empire de Guillaume II ne pouvaient s'empêcher de tenir les nazis pour des patriotes, certes un peu vulgaires et excités, et tenaient de la même manière les républicains modérés pour des acteurs illégitimes de la vie politique. Cette même baisse des défenses immunitaires existe aujourd'hui à gauche.
Certes, le Parti socialiste n'est pas sur les positions de l'extrême gauche sociale fasciste. Mais l'origine, très souvent trotskiste, parfois communisante de la grande majorité de ces élites lui a mis «un flic dans la tête» : comme le disait Jaurès à propos de Briand, rien n'est pire qu'un hilote dégrisé. Tant les dirigeants du Parti socialiste se donneront tort de leur effective modération, ils considéreront Besancenot et la théorie de petites brutes imbéciles qui font masse autour de lui comme des représentants plus purs et plus intègres des idées qu'ils défendaient dans leur jeunesse.
Si nous voulons éviter que la crise nous confronte bientôt à un parti social fasciste de masse, aux connotations manifestement antisémites, c'est au Parti socialiste, en première ligne, de réagir énergiquement. S'il parvient à le faire, il sera peut-être le parti hégémonique de l'après - crise. S'il manque à son devoir, l'explosion est à brève échéance.

Alexandre Adler,
Le Figaro, 4 octobre 2008

05 octobre 2008

Et ils disent qu'ils ne sont pas antisémites ...

Manifestation d'étudiants indonésiens à Téhéran
à l'occasion de la journée "Al-Qods" (26/09/08)

Une nouvelle fois, c'est l'irremplaçable site "iran-resist" qui m'a permis de dénicher une image, valant mieux que les plus longs discours !

On connait la vieille tarte à la crème servie et re-servie par tous les antisémites de la planète, de l'extrême-droite à l'extrême gauche en passant, bien sûr, par l'islam radical qui constitue maintenant le bras armé de cet vieux démon réveillé : "nous ne sommes pas antisémites, mais nous sommes contre les "Sionistes" ... "Sionistes" dénoncés dernièrement à la tribune de l'Assemblée Générale de l'ONU par un Ahmadinejad très sûr de lui, et vomissant sa haine sous les applaudissements (hélas) d'une partie du public. "Sionistes" qui tiendraient, selon son discours délirant, toute l'économie et tous les pouvoirs occidentaux - exactement comme les "Sionistes" des "Protocoles des Sages de Sion", célèbre faux utilisé par la propagande hitlérienne. Parlant ensuite à la même tribune, Shimon Peres a immédiatement fait le rapprochement, et d'autres diplomates occidentaux (américain, allemand, français) ont dit qu'ils partageaient son analyse.

Mais cela ne doit pas suffire pour le public lassé de nos journaux préformatés, où trop souvent le "politiquement correct" fait parler la langue de bois. "Antisémites, vraiment ? Les Iraniens disent eux qu'ils sont antisionistes. Et blablabla ..." - voilà toujours le genre de commentaires à supporter (avec l'inévitable référence à la communauté juive d'Iran, qui serait bien traitée, etc.).

Alors, s'il vous plait, regardez cette caricature portée par un étudiant islamiste indonésien participant à une manifestation de la journée annuelle "Al-Qods" à Téhéran, et complaisamment diffusée par une agence de presse officielle. Regardez ce faciès diabolique du "vrai visage des Juifs", qui rappelle le "Stürmer" nazi. Et s'il vous plait, envoyez cet article (la petite icône "enveloppe" sous l'article) à des amis, aux médias, à votre maire, à votre député ...

J.C

24 septembre 2008

Aumentation de l'antisémitisme et de l'hostilité aux Musulmans en Europe : un sondage et quelques commentaires

Figure 1 : augmentation de l'hostilité aux Musulmans en Europe
(source : sondage du PEW Global Attitudes Project, 17 septembre 2008)

Figure 2 : augmentation de l'antisémitisme en Europe
(source : sondage PEW Global Attitudes Project, 17 septembre 2008)

C’est un sondage bien inquiétant dont la presse s’est faite l’écho, la semaine dernière : les sentiments d’hostilité envers les Juifs et les Musulmans seraient en hausse dans toute l’Europe, à la curieuse exception du Royaume Uni. Les radios communautaires juives ont repris, sans trop creuser à ma connaissance, l’analyse des chiffres données dans la dépêche Reuters en langue française, elle-même publiée par le journal « La Croix » et rédigée à partir de la synthèse publiée par l’organisme enquêteur, un institut qui réalise périodiquement ce genre d’enquêtes internationales et qui est basé aux États-Unis, le « PEW Research Center » (les sondages portent le label « PEW Global Attitudes Project »). Or il se trouve que l’enquête apporte aussi d’autres informations intéressantes, non rapportées et que je voudrais vous livrer. Autre correctif : j’ai volontairement choisi de traduire l’anglais « negative views of Muslims » par « hostilité aux Musulmans » et non par « islamophobie », pour deux raisons : tout d’abord, il s’agit bien d’un rejet vis-à-vis de populations données, comme l’antisémitisme est d’abord une hostilité dirigée contre les Juifs, et non pas un rejet de leur religion (ce qui ne voudrait plus dire grand-chose, dans une Europe largement déchristianisée) ; ensuite, l’islam en tant que religion peut être critiqué dans ses dérives intégristes, mais justement les intégristes musulmans et leurs « compagnons de route » usent et abusent du terme « islamophobie » pour dénigrer toute critique, l’assimilant au vrai racisme dont il est question dans de telles enquêtes - d'où mon refus de reprendre ce terme.

Mais revenons à ce sondage. D’abord, il faut partir de la source, en fait il y en a deux dont je vous donne les liens pour pouvoir les examiner plus en profondeur :
- le rapport de synthèse, que vous pourrez lire en cliquant ici ;
- le rapport intégral, que vous pourrez lire en format pdf en cliquant là.

Maintenant mes commentaires :

Pour ce qui concerne les Juifs (courbes en figure 2 ci-dessus), l’évolution est inquiétante et elle confirme bien ce phénomène d’un antisémitisme sans complexe, qui s’étend et qui semble prendre de l’assurance avec les années. Sa progression, assez nette depuis 2004, a correspondu paradoxalement à une période d’accalmie dans le conflit israélo-palestinien, et de succès islamistes (guerre du Liban, prise de pouvoir par le Hamas à Gaza, montée en puissance de l’Iran), autant d’évènements qui aurait du rendre moins antipathique Israël et, par ricochet, les Diasporas qui lui sont solidaires : c’est l’inverse qui s’est produit, comme dans les années 30, et je me demande si les antisémites de partout ne se sentent pas pousser des ailes justement pour cela.
Si on considère maintenant pays par pays, la progression en France est inquiétante (un doublement en 4 ans), mais je me demande quelle fiabilité attribuer aux chiffres ... J’avais toujours entendu parler d’une plage entre 15 et 20 %, celle qui correspond d’ailleurs au maximum de voix obtenues dans le passé par le Front National. Peut-être donc faut-il penser que la parole antisémite s’étant libérée dans notre pays, les réponses ont été plus franches que dans le passé ? Un autre chiffre vient, par contre, rassurer, et il faut lire le rapport intégral pour le découvrir à la page 13 : la France est le pays où le pourcentage d’opinions favorables aux Juifs est le plus élevé du Monde (79 %, pour 77 % aux USA).
Autre élément rassurant, le pourcentage de sympathisants en Europe est toujours plus élevé que celui des antisémites, même en Europe orientale où les antécédents sont peu glorieux (Russie, Pologne ...) sauf en Espagne, et vous pourrez découvrir les chiffres consternants sur le graphique ci-dessus. Comment l’expliquer ? La communauté juive y est très réduite, et la mémoire historique (Inquisition, expulsion de 1492) aurait du y inciter à plus de modération - mais c’est ainsi ; et cela ne donne pas envie d’aller se bronzer sur la Costa Del Sol ! Dans le même ordre d’idée, les 25 % d’Allemands antisémites inspirent le dégoût en raison du passé.
Comme je vous le disais, le résumé que vous avez lu ou entendu ne disait pas tout. Ainsi, autre motif d’inquiétude, l’antisémitisme a fait des bonds de géant en Turquie, où il concernerait les trois quarts de la population ! Cela, pour ne pas parler des pays arabes où il n’y a plus de Juifs et où plus de 95 % des sondés ont une vue négative des Juifs dans certains États (Égypte, Jordanie, Liban) !

Pour ce qui concerne les Musulmans (courbes en figure 1 ci-dessus) : comme le montre le graphique ci-dessus, les sentiments d’hostilité sont en hausse (sauf en Russie, et il serait intéressant de comprendre pourquoi : fin de la guerre en Tchétchénie ? Rapprochement avec l'Iran ?), mais les opinions favorables restent majoritaires en Europe, à l’exception de l’Espagne (encore !) et de l’Allemagne (voir sur le rapport complet, page 18). On découvre ainsi une corrélation entre les deux sentiments de rejet, corrélation qu’a souligné par ailleurs le sondage de façon transverse, pour tous les pays occidentaux : ceux qui rejettent les Juifs rejettent en général aussi les Musulmans. D’une manière générale, ils se recrutent parmi les plus de 50 ans et ceux qui sont les moins cultivés. Et plus volontiers parmi ceux qui votent à droite que ceux qui votent à gauche.

D’où une question, que je me pose à nouveau en pensant aux trop nombreux sites et blogs communautaires juifs qui ne s’inquiètent pas du tout de la montée des extrême droites en Europe, appréciant leurs discours anti-musulmans mais fermant les yeux devant leur antisémitisme : êtes vous vraiment sûrs que « les ennemis de nos ennemis sont nos amis » ?

Dernière remarque, à propos d’un chiffre étonnant : alors qu’il y a eu le 11 septembre et que leur pays est en guerre en Irak et en Afghanistan, les Américains n’ont pas du tout plongé dans l’hostilité anti-musulmane, puisqu’ils sont moins nombreux (23 %) à leur être hostiles que les Français (38 %), par exemple ! 

J.C

20 juillet 2008

Lynchage de Ruddy Haddad dans le 19ème : Sammy Ghozlan remet les pendules à l'heure

La manifestation près du lieu de l'agression,
Paris le 22 juin 2008

Introduction :
Je ne suis pas revenu sur le lynchage du jeune Ruddy Haddad, après en voir parlé au lendemain de cet évènement qui avait beaucoup choqué, dans la communauté juive et bien au delà. En relisant mon article, je me rends compte que j'avais au moins eu raison sur deux points : la confiance donnée aux forces de l'ordre pour retrouver les coupables (qui ont depuis été arrêtés) ; et le caractère antisémite de cette tentative de meurtre (qui a bien été retenu par le Procureur de la République). Reste ce que l'on a pu apprendre ou lire depuis (les affrontements entre "bandes" de jeunes dans l'arrondissement ; la rixe avec des jeunes d'origine maghrébine quelques mois auparavant, et qui avait valu une interpellation à Ruddy), autant d'éléments sur lesquels se sont rués les commentaires les plus fielleux, trop heureux de pouvoir déstabiliser d'avantage la communauté juive en faisant oublier les innombrables agressions subies dans cet arrondissement ... Il ne manquait plus que l'horrible Dieudonné, à qui cette affaire a inspiré un nouveau dérapage antisémite !
Il était donc temps de "remettre les pendules à l'heure". Et je vous invite à lire, pour cela, la très claire mise au point publiée dans la rubrique "Rebonds" de "Libération" par mon ami et collègue de Judaïques FM, Sammy Ghozlan.
J.C

«West Side Story» sans Maria

Jadis, dans les années 70, des villes de banlieue parisienne étaient le siège de guerres des bandes. West Side Story sans Maria.
Le 21 juin, le jeune Rudy a frôlé la mort lors d’un passage à tabac sauvage à quinze contre un. Le procureur de la République a ouvert une information judiciaire avec pour chef d’accusation : tentative de meurtre aggravée par le caractère antisémite et violence en réunion avec circonstances aggravantes.Si la violence de l’agression ne fait pas débat, tout semble désormais tourner autour de l’origine de l’agression : antisémitisme versus guerre des gangs. Le procureur a décidé de maintenir la thèse de l’antisémitisme. Il semble de plus en plus, pourtant, qu’il y ait bien une guerre des gangs derrière toute cette histoire. Mais les deux versions sont-elles incompatibles ?
On cherche à nous rassurer, et cela est légitime : à la télévision, cette mère musulmane explique qu’elle travaille au marché avec des Juifs, qu’ils s’entendent très bien. Cette jeune Noire raconte que Juifs, Noirs et Arabes se côtoient tous les jours et qu’il n’y a pas de problème. Cela existe, heureusement.
Mais les Juifs savent qu’il y a un problème. Le shabbat en particulier, les Juifs pratiquants se promènent, traversent le parc des Buttes-Chaumont, vont tout simplement d’un point à un autre. Le jeu : les harceler, les intimider, les empêcher de trouver un banc libre au parc, leur faire sentir que l’espace public n’est pas pour eux. Constamment harcelés, l’insulte étant le plus minime des comportements agressifs, ils refusent pourtant de raser les murs.
Ne soyons pas naïfs pour autant : les tensions intercommunautaires existent, notamment dans le XIXe arrondissement de Paris. Il y a aussi des bandes de jeunes Juifs qui commencent les provocations. Tous ne sont pas des anges. Et si on peut en effet voir une guerre des territoires, il faut aussi avoir le courage de regarder l’autre guerre.
Au début des années 2000, la classe politique avait mis plus d’un an à reconnaître la nature antisémite des actes en alarmante augmentation. Les vérités dérangent. Alors la vieille recette de la communautarisation, du «chacun sa responsabilité» ressort aujourd’hui en guise de description équilibrée de la situation.
Mais la situation est totalement déséquilibrée. Où a-t-on vu des policiers monter la garde devant une mosquée ou une école musulmane ? Non, les policiers montent la garde devant les synagogues et les écoles juives. Car ce sont celles-là qui sont agressées. Que l’on se remette en mémoire quelques cas emblématiques : collège Montaigne, lycée Voltaire, collège de Brunoy. Mais aussi des croix gammées sur une boucherie cachère à Toulouse, la synagogue de la Duchère à Lyon défoncée par une voiture bélier, le passage à tabac de jeunes Juifs de l’Hashomer Hatsaïr en marge d’une manifestation, le coup de poignard d’un Juif à Epinay-sur-Seine ... Et Sébastien Sellam, puis Ilan Halimi, tous deux morts, l’un dans une affaire étouffée tellement elle dérange, l’autre tristement célèbre.
Dans le XIXe, on n’en est pas au coup d’essai. En décembre 2005, triste exemple d’une longue liste, trois jeunes Juifs sortaient de la synagogue rue Henri-Murger et ont été pris à partie par une dizaine de Français d’origine arabo-musulmane et africaine : Yoni, 20 ans, a été frappé au visage, dans le dos, étranglé et aspergé de gaz lacrymogène. Son petit frère a réussi à s’échapper. Trois mois plus tard, David et son frère Ilan, respectivement 15 et 12 ans, sont tabassés après avoir été traités de «sales youpins». Ils connaissaient leurs agresseurs, élèves au même collège qu’eux dans le XIXe. En mars 2007, un enfant de 13 ans est insulté dans le XIXe, «sale Juif, retourne dans ton pays ...», puis roué de coups par cinq individus.
Quel parent laisserait son enfant se faire intimider puis agresser ? Si l’on trouve en effet de plus en plus de Juifs dans des écoles juives, c’est bien parce que certaines écoles publiques n’arrivent plus à protéger des agressions des enfants juifs.
Certains, comme Dieudonné, véhiculent des clichés antisémites recyclés : les Juifs qui ont tout, les privilégiés, des «négriers reconvertis dans la banque» pour résumer cette hauteur d’esprit. Sans compter l’amalgame avec le conflit au Proche-Orient. Il est difficile d’imaginer l’impact de ces propos, précisément chez certains jeunes, dont une partie passe à l’acte sans complexe.
A l’opposé, des hommes et des femmes ne misent pas 1 euro sur la haine, mais tout sur la connaissance de l’autre. L’Amitié judéo-noire, Ni putes ni soumises, les Bâtisseuses de paix, Coexist, Paroles de femmes, et puis l’association Amitié judéo-musulmane créée par Michel Serfaty.
M. Serfaty, rabbin de la petite communauté de Ris-Orangis dans l’Essonne, a été agressé en 2003 par un musulman. Avant de quitter l’audience, M. Serfaty a serré la main de son agresseur : «Ce procès n’est ni le mien, ni le sien. C’est celui de sa culture, de son environnement.» Dans la foulée, le rabbin lance une association : l’Amitié judéo-musulmane de France. En bus, le rabbin et un imam vont dans des banlieues difficiles dans toute la France, à la rencontre de jeunes dans le but affiché de briser les préjugés. Et ça marche.
Mais pour détruire les clichés de haine, il faut avoir le courage de les reconnaître. Sécurisons les lieux où les tensions sont vives, et tournons-nous vite, très vite, vers les bâtisseurs du vivre ensemble.


Sammy Ghozlan,
Président du Bureau National de Vigilance contre l'Antisémitisme
Libération, 17 juillet 2008

07 juillet 2008

Rachida Dati juive : elle court elle court, la rumeur chez les minus !

Réception à l'Elysée, 10 mars 2008 :
Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, Shimon Peres et Carla Bruni
(photo Reuters)

Comme le savent les lecteurs réguliers du blog, la consultation régulière de mon compte sur le logiciel "sitemeter" (auquel vous pouvez accéder en cliquant sur l’icône située en bas de la colonne de droite), permet de connaître le libellé des recherches qui conduisent à cette adresse. Hélas, et comme je vous l’ai souvent rapporté, une analyse quotidiennement confirmée indique que, entre 15 et 20% des visiteurs ont des motivations antisémites indiscutables : parfois, on confine à l’absurdité la plus totale, et c’est le cas des centaines d’internautes qui sont venus voulant savoir si Rachida Dati était ... juive !

Faites vous-même l’expérience sur Google : en tapant "Rachida Dati juive", sur 55.600 réponses (relevé du 28 juin dernier), deux articles publiés sur mon blog et parlant d’elle sortent en numéros 4 et 5, d’où ces visites. On pourra d’ailleurs se reporter à son nom en libellés ci-dessous pour lire ces publications, qui étaient deux hommages, l’un à son parcours, et l’autre aux propos très chaleureux qu’elle avait eu pour notre communauté - propos rapportés dans l’hebdomadaire "Tribune Juive". Expliquons tout de suite la raison : sauf demande de recherche de l'expression exacte, le moteur de recherche va « piquer » les mots dans le désordre sur la Toile (il le fait même, et par défaut, lorsque la « recherche avancée » disponible en sous-menu ne permet pas de trouver l’expression exacte : faites l’essai toujours sur "Google", mes deux mêmes articles apparaissent toujours bien placés sur une liste cette fois réduite à 24 références !).
Mais ceci posé, revenons à cette drôle de rumeur qui manifestement a connu une forte audience, et posons-nous deux questions. Pourquoi a-t-elle eu un tel succès ? Et pourquoi donc tellement de minus veulent-ils voir conforter un ragot, qui correspond tellement à ce qu’ils voudraient voir reconnu comme une réalité ?

Dans la galaxie politique des dernières années, Rachida Dati est certainement un phénomène atypique : issue d’un milieu très modeste, défavorisée autant par son milieu social que par ses origines maghrébines, elle a gravi très rapidement les échelons du pouvoir en devenant porte-parole, puis ministre de Nicolas Sarkozy. Alors que cette ascension pourrait donner des commentaires positifs, les canaux d’information sur le Web jouent plutôt - hélas ! - le rôle de "tout à l’égout" des rancœurs, commentaires perfides et sornettes en tout genre donnant bonne conscience aux ratés, frustrés et jaloux : si elle a réussi si vite, c’est nous dira-t-on "parce ce qu’elle a couché", "qu’elle a été la maîtresse de Sarko", vieille rengaine macho tellement entendue à chaque promotion féminine !

Mais c’est l’antisémitisme qui fournit, malheureusement, un autre carburant aux rumeurs : à nouveau le mythe du "complot juif", du "lobby apatride qui tient tous les pouvoirs" refait surface, et on sait combien l’Internet est devenu un vecteur de haine aussi redoutable qu’impuni ! Richard Prasquier, le président du CRIF, vient de le rappeler dans une récente interview : "Cette haine anti-juive qui s’exprime aujourd’hui reprend tous les anciens poncifs selon lesquels les Juifs seraient les marionnettistes du monde. Le plus inquiétant est que ces préjugés sont repris aujourd’hui par des jeunes". Des jeunes qui, justement, ont la fâcheuse tendance à prendre Internet comme seule source d’information !

Pourquoi donc cette conjonction d’antisémitisme et de rancœur contre notre Garde des Sceaux ? Rachida Dati, traitée de "harki" sur les sites musulmans les plus virulents, a l’impardonnable tort d’avoir rallié un pouvoir ressenti contre "anti-arabe" : peu importe pour ces furieux que ce soit justement ce gouvernement qui ait promu, pour la première fois, autant de personnalités issues de l’immigration ; ou que sa politique proche-orientale soit finalement plutôt équilibrée ; pas de nuances pour ces cervelles de minus, le "Juif Sarko" obéit au lobby, les ralliés "reubeus" sont donc des traîtres ! C.Q.F.D. Et, bien sûr, le fait que la même Rachida Dati ait exprimé à la fois son amitié pour Israël et la communauté juive (il est facile d’en retrouver des traces sur la Toile) ou qu’on l’ait vue en compagnie de "Sionistes" (voir photo en illustration) suffit pour la "caraméliser" dans ces milieux. Le site de gauche "prochoix" avait d’ailleurs relevé très vite qu’elle était violemment attaquée sur certains sites (voir en lien).
Mais finissons par le cœur de la rumeur : Rachida Dati, juive, quel scoop ! Mère algérienne, père marocain, tous deux bons musulmans, où sont-ils allés chercher une telle ânerie ? Et bien une rapide recherche conduit à la source de la rumeur : le fameux site « toutsaufsarkozy.com », site ouvertement antisémite, publié par des sympathisants d’extrême droite, et dont je vous donne le lien pour découvrir l’article originel : lire ici. Voici un extrait choisi du torrent de boue raciste que l’on peut y trouver, pour ceux qui ne voudraient pas se salir en allant lire la « bio » imaginaire de notre ministre ... 
"Elle est envoyée ensuite (1993-1994) à Londres comme auditeur interne à la "Banque européenne de reconstruction et pour le développement" (B.R.E.D.) dirigée par le juif Jacques Attali qui était alors "conseiller" du président Mitterrand.Une année plus tard, elle sera présentée - par l'une de ses connaissances juives - à l'activiste sioniste juive Simone Veil (octogénaire, née Simone Jacob qui est très attirée par la gent féminine). Dati devient alors la petite amie de Simone Veil proche du juif Sarkozy quand ils étaient tous les deux au gouvernement Balladur. Tombée amoureuse d´elle, Simone offre même - à Rachida - sa propre robe de magistrat lorsqu'elle est nommée, en 1999, juge commissaire aux procédures collectives à Péronne."Et voici le bouquet final de ce delirium : 
"La mère de Dati est "algérienne". Mais il faut plutôt préciser... une juive d´Algérie! La mère de Rachida Dati "a vécu dans le quartier juif d’Oran où elle a laissé un souvenir si impérissable qu’un arbre à sa mémoire a été planté dans la forêt de Jérusalem » (!!) rapporte l’hebdomadaire français Rivarol, (dans son numéro 2838 du 21/12/2007 p.16)."
Quel scoop en effet, et quelle source de référence ! "Rivarol", journal de l’ultra droite, maintes fois condamné pour antisémitisme et négationnisme. On se reportera à l’excellent article publié sur le site belge "Resistances" pour en savoir un peu plus sur cet hebdomadaire, cité comme source sérieuse ... et qui, par la grâce d’Internet, aura ainsi pu convaincre des milliers de jeunes abrutis que Rachida Dati est juive.

Jean Corcos

22 juin 2008

Après la nouvelle agression antisémite dans le dix-neuvième arrondissement : un communiqué du CRIF ; et des commentaires inquiétants

Au fil des heures, on en a appris peu à peu d’avantage sur la sauvage agression dont a été victime un jeune Juif de 17 ans. On connaît maintenant son nom : Rudy Ilan Haddad. Il serait, à cette heure, hors de danger, et on ne peut que prier pour son rétablissement. Une attaque aussi barbare, commise très près de l'endroit où j'habite, dans le dix-neuvième arrondissement où vit une communauté juive tellement nombreuse et vivante, me bouleverse particulièrement - car je situe en plus, parfaitement, l'endroit où elle s'est déroulée : dans une petite rue arpentée régulièrement par des jeunes Juifs le Shabbat, et portant naturellement la kippa qui les désigne, hélas, comme des cibles naturelles pour les nazis de notre époque ... qui ne sont pas tous blonds, loin s'en faut !

Le CRIF a immédiatement réagi par un communiqué, que je reproduis ci-dessous :
« Samedi 21 juin, en fin de journée, un jeune Juif de 17 ans, qui portait une kippa, a été violemment agressé à coups de barre de fer par une bande dans le 19e arrondissement de Paris. Cinq mineurs ont été placés en garde à vue. D'après les dernières informations, la victime serait toujours dans le coma ce matin.
La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a fait part de "sa profonde émotion à la suite de la violente agression". Michèle Alliot-Marie a demandé "au service chargé de l'enquête de mettre tout en œuvre pour élucider les circonstances de cet acte et présenter ses auteurs devant la justice". Elle a "exprimé sa solidarité et son soutien à la victime, à sa famille et à l'ensemble de la communauté juive et elle réaffirme sa détermination à lutter sans relâche contre toutes les manifestations de racisme, d'antisémitisme et de xénophobie, qui bafouent les valeurs de la République".
De son côté, le vice-président du CRIF, Ariel Goldmann, a affirmé qu'il s'agissait bien d'un "acte antisémite". "Le jeune homme, qui a été sauvagement agressé, portait une kippa et il n'y a aucun doute qu'il s'agit d'un acte antisémite", a-t-il ajouté. "Je demande aux autorités de tout mettre en œuvre pour arrêter les coupables", a-t-il conclu Ariel Goldmann. »


Je tape ce petit article tout en écoutant la « ligne ouverte » sur Radio J, où - et on le comprend - se succèdent des réactions d’auditeurs traumatisés. Certaines hypothèses me semblent, déjà, difficiles à accepter, comme celles d’une démission volontaire de la police, et je n’en donnerai qu’un exemple : beaucoup de lecteurs sont arrivés sur ce blog à partir d’un article publié il y a 11 mois, à propos (déjà !), d’une agression violente contre un jeune Juif religieux, dans le même arrondissement (lire ici) ; le Maghrébin antisémite responsable de cette autre agression fut rapidement identifié, arrêté et condamné ; comme la bande des « Barbares », mise sous les verrous après l’assassinat du jeune Ilan Halimi (z.l) ; et je ne doute pas qu’il en sera de même pour la quinzaine de voyous d’origine africaine responsables de ce quasi-lynchage !

Un dernier mot : cette information a - avec un décalage de quelques heures - été diffusée sur les grands médias nationaux, et en particulier sur les journaux en ligne. Je vous invite à lire l’article publié sur « Le Figaro.fr » - aller sur le lien : pas pour ce que vous savez déjà ; mais pour découvrir les réflexions nauséabondes de nombreux internautes, qui font vraiment peur !

J.C