- 3.000 djihadistes tunisiens ont rejoint les rangs de Daech.
- 500 sont revenus dans le pays.
- La Tunisie est le premier contingent de volontaires étrangers au sein de l'Organisation de l'Etat islamique.
«Continuellement, des choses sur la Tunisie
circulent.» Pas d’étonnement chez ce membre des services de renseignements ce
mercredi après-midi, quelques heures après l’attaque au musée du Bardo à Tunis
qui a fait 20 morts parmi les touristes selon les autorités tunisiennes. «La
Tunisie est un foyer de djihadistes. C’est largement et longuement connu»,
poursuit-il auprès de 20 Minutes.
La Tunisie est d’ailleurs le pays qui fournit le plus
de djihadistes à l’organisation de l’Etat islamique. 3.000 ressortissants sont
partis rejoindre les rangs de Daesh sur la zone irako-syrienne. Et 500 d’entre
eux sont revenus. «Le retour de ces individus pose
beaucoup de problèmes. C’est d’ailleurs pour cela qu’un projet de
loi devait être débat à l’Assemblée nationale au même moment que l’attaque pour
renforcer les capacités judiciaires», poursuit Jean-Charles Brisard, président
du Centre
d’analyse du terrorisme (CAT) et spécialiste du terrorisme
islamiste.
«C’était latent»
L’implantation en Tunisie de djihadistes résulte d’un
triple front : les brigades liées à Al-Qaida venues du Sahara, les
islamistes liés à Daech qui combattent au sein de la branche libyenne Ansar
al-Charia qui a des sympathisants dans le pays et les djihadistes revenus de
Syrie et d’Irak. «Une branche tunisienne de Al-Qaida au Maghreb islamique, Okba
Ibn Nafaa, a lancé il y a quelques heures des appels à commettre des attaques
dans le pays», ajoute Jean-Charles Brisard. Mercredi en fin d’après-midi, le
groupe lié à cette attaque n’était pas connu.
«Tous les
analystes s’inquiétaient depuis plusieurs mois de la situation en Tunisie. Il
pouvait se passer quelque chose de grave, c’était latent», ajoute Alain Rodier,
ancien officier des services de renseignement et directeur de recherche au sein
du Centre
français de recherche sur le renseignement (CF2R).
Échanges grâce à la langue
La Tunisie est un acteur incontournable du djihad
international. «Il y a beaucoup d’échanges de renseignements avec ce pays sur
la question de l’islamisme radical. Car les rapprochements entre les
djihadistes des deux pays peuvent être facilités par la langue», poursuit le
chercheur. Au sein de l’Organisation de l’État islamique, les francophones sont
regroupés ensemble. Comme l’étaient déjà au temps de Ben Laden en Afghanistan
les Caucasiens, la plupart russophones.
Sur le terrain, les djihadistes tunisiens ont la
réputation d’être cruels et violents. Ils sont particulièrement craints par les
populations locales syriennes.
William Molinié
20 minutes, 18 mars 2015
Nota de Jean Corcos :
On a en fait appris très vite, dès le lendemain 19
mars, que "L’État Islamique" (Daech) revendiquait le carnage
terroriste du Musée du Bardo.