La foule des journalistes lors de la sortie de François Hollande
de la Grande Mosquée de Paris (photo Jean Corcos)
Introduction :
J'ai eu le plaisir d'assister à cette belle cérémonie,
et surtout d'écouter les deux discours d'inauguration. Le CRIF a publié ce 19
mars un petit article à partir des notes que j'avais prises.
En lien ci-dessous
également :
Jean Corcos, Président délégué de la Commission
pour les relations avec les musulmans, a représenté le CRIF à la Grande Mosquée
de Paris, le 18 février 2014, à l'occasion de l'inauguration du monument en
mémoire des soldats musulmans morts pour la France lors des deux Guerres
mondiales. Une cérémonie en présence de personnalités politiques, diplomates,
dignitaires religieux, parmi lesquels notamment le Président de l'Assemblée
nationale Claude Bartolone, le Ministre de l'Intérieur Manuel Valls et le
Secrétaire d'État aux anciens combattants Kader Arif. La Communauté juive était
également représentée, avec la présence de Joël Mergui, Président du
Consistoire, du Grand Rabbin Olivier Kaufmann, Directeur du Séminaire israélite
de France, du Grand Rabbin Haïm Korsia, Aumônier général israélite des armées,
et du Rabbin Michel Serfaty, Président de l'Amitié Judéo Musulmane de France.
600 000 soldats des troupes coloniales participèrent à
la Grande Guerre, de 1914 à 1918 et environ 70 000 musulmans y ont perdu la
vie, selon une estimation du Ministère de la Défense. La Grande Mosquée,
premier édifice du culte musulman en France, avait d'ailleurs été inaugurée en
1926 pour leur rendre hommage. De 1940 à 1945, plus de 16 000 soldats musulmans
d'Afrique du Nord furent tués ou portés disparus, ainsi que des milliers de
combattants d'Afrique subsaharienne, comme les tirailleurs sénégalais. La
République a rendu hommage à tous ces ex-colonisés qui donnèrent leur vie pour
la défendre et dont la plupart, soit volontaires, soit conscrits à partir de
1912 en Algérie, ne bénéficiaient même pas des droits des citoyens français.
Comme l’a souligné dans son discours le Recteur Dalil Boubakeur, "tous ces
jeunes musulmans engagés, maghrébins ou africains venus de leurs douars ou de
leurs montagnes servirent la lointaine métropole sans la connaître, contre un
ennemi dont ils ne savaient rien". Le Président de la République s’est
exprimé en paroles fortes et claires : "Cet hommage s'adresse à leurs
descendants pour qu'ils soient fiers de leurs parents et conscients que la
République a une dette à leur égard… À celles et ceux qui s'interrogent sur
leur destin, leur place et même parfois sur leur identité, aux descendants de
ces soldats, je dis ma gratitude". Évoquant les soldats de l'Armée
d'Afrique qui débarquèrent en Provence à l'été 1944, François Hollande a
rappelé qu'ils étaient "de toutes les religions : juifs, catholiques,
musulmans". Sur le sujet du racisme et des profanations contre des
mosquées - la plus récente eut lieu à Blois la semaine dernière – le Président
a réitéré : "Jamais personne ne doit être menacé ou agressé pour ses
croyances", ajoutant : "La France est grande de sa diversité. Elle
est forte de son unité. Une valeur essentielle de notre République permet de
faire vivre ces deux exigences : c’est la laïcité."
CRIF, le 19 février 2014