Retour à l'actualité
dimanche prochain, puisque nous parlerons du livre "Iran et Israël, Juifs
et Perses", publié chez Nouveau monde éditions, avec une préface
d'Alexandre Adler. J'aurai le plaisir de recevoir son auteur, Monsieur Ardavan
Amir-Aslani. Il est né en 1965 à Téhéran. Il a fait toutes ses études supérieures
en France, il est Docteur en Droit et il exerce le métier d'avocat, spécialisé
en droit international. Il signe souvent des analyses sur le Moyen-Orient,
dans des sites de droite comme Atlantico ou de gauche comme le Huffington Post.
Il m'avais envoyé son ouvrage au printemps dernier, et c'est seulement
maintenant que j'ai pu organiser cette interview ; je dois dire que je ne le
regrette pas, car les choses ont énormément évolué depuis qu'il a écrit ce
livre en 2012. Elle ont évolué bien sûr, en ce qui concerne l'Iran avec
l'élection à la Présidence de la République de Hassan Rouhani, ses gestes
d'ouverture en direction des Etats-Unis et ce qui semble un dégel pour la crise
du nucléaire iranien. Mais elles ont évolué, aussi, en ce qui concerne les
bouleversements dans les pays arabes, et certains de ses commentaires sur la
situation dans la région me semblent maintenant contredits. Deux choses, quand
même à préciser. D'abord son livre, qui n'a que 235 pages, est incroyablement
dense, 25 minutes d'émission étaient insuffisants ; c'est pourquoi j'ai décidé
d'articuler notre discussion en deux parties, la première allant de l'Empereur
Cyrus jusqu'à la révolution de Khomeiny en 1979 et que j'ai intitulée :
"Juifs et Perses, une Histoire
étonnante" ; puis deux semaines après vous entendrez une discussion
sur ce qui s'est passé depuis 1979, le sort de la communauté juive d'Iran, les
relations tumultueuses avec Israël et bien sûr la question du programme nucléaire
de la République islamique. Ensuite, je dois dire pour la clarté de cet
entretien, que si j'ai trouvé sympathique sa démarche de rapprochement entre
Juifs et Iraniens, et tout à fait recevables sa crainte des conséquences
régionales d'une possible attaque israélienne sur les sites nucléaire de
l'Iran, son livre m'a gêné, en divers endroits, parce que je l'ai trouvé
souvent compréhensif par rapport au régime de Téhéran et bien sévère par
rapport à Israël ; de cela, aussi, nous discuterons sincèrement.
Parmi les questions que je
poserai à Ardavan Amir-Aslani :
-
Vous évoquez au chapitre 2 la Perse antique,
et deux des fondateurs de l'Empire, le premier c'était Cyrus, au VIème siècle
avant Jésus-Christ et le second son petit-fils, le Roi Xerxès au Vème siècle :
pourriez-vous rappeler en quoi leur histoire est très étroitement liée à celle
du peuple juif ? Comment la littérature prophétique juive considère en
particulier la figure de Cyrus ?
-
Votre livre évoque des lieux de mémoire, ce
que vous appelez "un patrimoine commun", et là j'ai découvert que
plusieurs Prophètes du Judaïsme sont enterrés en Iran : il y a la tombe de
Daniel à Suse, mais aussi les sites des tombeaux de Habakouk, Hanania, Michaël
et Azaria. Votre livre cite aussi le voyage en Iran du Rabbin Meïr Gabaï, qui a
pu vérifier que ces tombeaux étaient parfaitement entretenus et protégés :
seulement ce sont aussi des lieux de pèlerinage pour les Musulmans, alors en
vérité y a-t-il vraiment des Juifs qui y vont en pèlerinage ?
-
En recoupant ce que l'on lit, dans des
chapitres différents, j'ai quand même noté des périodes heureuses et d'autres
vraiment sombres. Mais surtout, et cela vous le dites bien, ce fut
l'implantation du Chiisme en Iran à partir de 1501 et les incitations du Clergé
qui ont donné des pogroms et des persécutions des Juifs : on ne comprend pas bien,
dans ces conditions, la présentation tolérante du Clergé d'aujourd'hui que vous
faites ailleurs dans le livre ?
-
A propos de la géopolitique des relations
entre l'Iran et Israël sous le régime de Mohamed Reza Pahlavi. Vous évoquez la
"théorie des trois cercles" conçue par Ben Gourion après la guerre
d'indépendance. Constatant l'isolement de son pays encerclé par des pays arabes
hostiles, pour lui le premier cercle c'était Israël, le second le monde arabe
ennemi, et le troisième les pays les moins éloignés et non arabes considérés
comme des alliés potentiels : la Turquie, l'Iran et l'Ethiopie.. Pourriez-vous
expliquer quelles étaient les motivations du Shah, pour cette alliance ? Et
est-ce que ces motivations pourraient être, à l'avenir, celles d'un autre
régime iranien ?
Plusieurs découvertes ou nouvelles perspectives ouvertes
par cet ouvrage, beaucoup de passages du livre à discuter ... j'espère donc que
vous serez nombreux au rendez-vous dimanche prochain !
J.C