Introduction :
Daniel Salvatore Schiffer a
publié un article au vitriol dans le journal "Le Point" de la semaine
dernière, dénonçant l'absence de scrupules éthiques des responsables actuels du
CIO, l'idéal olympique dérivant sérieusement en faisant la part belle aux
puissances d'argent ! Je ne publie, ci-dessous, que l'extrait relatif à
l'acceptation des règles sexistes de la Charia, qui sont imposées dorénavant à
des sportives originaires de plusieurs pays musulmans. A noter, enfin, que cet
article oublie - et c'est dommage - un autre exemple d'aplatissement devant les
pétrodollars : le refus de respecter une minute de silence en mémoire des 11
athlètes israéliens, assassinés aux J.O de Munich il y a 40 ans ...
J.C
J.C
Un intolérable apartheid sexiste
Mais le
sommet, dans cette série de scandales, se situe ailleurs, bien plus grave
encore sur le plan éthique.
Car ce que
ces pétrodollars auront finalement réussi à imposer, à travers ses principaux
pourvoyeurs de fonds que sont les théocraties du golfe Persique (l'Iran,
le Qatar,
l'Arabie
saoudite, le Brunei, le Bahrein, les Émirats arabes unis...),
au CIO sans que celui-ci bronche, et justifie même au contraire ce genre de
décisions au nom du respect des cultures, ce sont les très phallocrates et
spécifiques règles de la charia plutôt que les principes les plus sacrés,
théoriquement universels depuis deux millénaires, de la charte olympique :
raison pour laquelle les femmes en provenance de ces pays seront obligées de
porter, y compris lors de leurs différentes compétitions sportives, le voile
islamique.
Ainsi ce que
cet intolérable apartheid sexiste bafoue et nie même de manière aussi
révoltante, par-delà l'ineptie de pareille attitude sportive, c'est l'esprit
tout autant que la lettre de la très noble "charte olympique",
laquelle dispose, textuellement, que "toute forme de discrimination (y
compris du sexe) est incompatible avec l'appartenance au mouvement
olympique". Mieux : son article 51 précise, noir sur blanc,
qu'"aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse
ou raciale n'est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement
olympique".
C'est dire
si cet assourdissant et coupable silence du CIO, sur cette importante question
de société, est en totale contradiction, non seulement avec ses propres valeurs
morales, dont l'universalisme est censé être la clé de voûte, mais, de manière
encore plus spécifique ici, avec l'engagement envers ce très louable principe
d'égalité - entre hommes et femmes, en l'occurrence - telle qu'il se voit
inscrit au coeur même de l'olympisme.
Les protestations de la Ligue du droit international
des femmes (LDIF)
On comprend
dès lors, devant ce prodigieux et funeste retour en arrière, où l'on assiste à
l'abdication de toute exigence morale face à l'importance des enjeux
économiques, à l'ampleur des intérêts financiers et à la primauté des
stratégies géopolitiques, que la Ligue du droit international des femmes (la
LDIF, association créée par Simone
de Beauvoir) ait organisé ce 25 juillet, en plein centre de Londres,
une manifestation lors de laquelle elle s'est employée à jeter symboliquement,
dans la Tamise, la charte olympique dès lors que ceux-là mêmes qui ont été élus
pour la protéger ont accepté, de manière aussi lâche et inadmissible, qu'elle
se voit ainsi foulée aux pieds, niée dans sa raison d'être et bafouée jusque
dans son essence même par une loi d'un autre âge : la charia, abominable
matrice idéologique de l'obscurantisme religieux en ce qu'il a de plus
rétrograde, sinon barbare, au regard de la condition féminine et, donc, au
progrès de l'humanité !
Daniel
Salvatore Schiffer,
"Le
Point", 26 juillet 2012
Daniel
Salvatore Shiffer est philosophe, auteur de Critique de la déraison pure -
La faillite intellectuelle des nouveaux philosophes et de leurs épigones
(Bourin Éditeur), porte-parole du Comité international contre la peine de mort
et la lapidation ("One Law For All"), dont le siège est à Londres.