Vendredi dernier, c'était au tour du Président français
du CFCM d'être reçu par le nouveau Président de la République. On trouvera sur
cet article
de "Libération", en lien, l'essentiel de ses propos à la presse,
dont je reproduis l'extrait suivant.
"Le président du Conseil national du Culte musulman (CFCM),
Mohammed Moussaoui, a souhaité vendredi qu'en cas d'agression, il ne soit pas
fait mention de l'appartenance religieuse de l'agresseur ou de l'agressé, ceci
afin d'éviter "les généralisations". Mohammed Moussaoui s'exprimait
devant la presse dans la cour de l'Elysée, à l'issue d'un entretien avec le
président François Hollande.
Au CFCM, "nous souhaitons que, lorsqu'il y a une agression,
l'origine ou l'appartenance religieuse de l'agressé ou de l'agresseur ne soient
pas mises systématiquement en avant sans prendre les précautions qui
s'imposent", a-t-il affirmé.
Selon
lui, "une agression contre un musulman n'est pas forcément un acte
anti-musulman. Dans notre pays, les agressions émanant d'imbéciles existent, la
probabilité pour que l'agressé soit musulman n'est pas nulle, comme la
probabilité pour que l'agresseur soit musulman n'est pas nulle. Et je pourrais
dire autant pour les juifs, pour les catholiques, les protestants".
En bref, on aura compris que le souci de défendre sa communauté
contre la "stigmatisation" (terme décidément à la mode), semble l'emporter
sur un minimum de considération, et pour la vérité du terrain - j'y reviens
immédiatement - et sur un sens civique élémentaire, qui l'aurait conduit à
analyser l'antisémitisme en milieu musulman, à le dénoncer et à le combattre :
une attitude, hélas, confirmée - avec les brillantes exceptions qui confirment
la règle - pour la majorité des institutions, laïques ou religieuses,
représentant au sens large, "l'islam de France", et ce depuis
l'attentat de l'école Ozar Hatorah de Toulouse ...
A propos de la réalité du terrain, je reproduis la réaction de
mon ami Sammy Ghozlan, au nom du Bureau National de Vigilance contre l'Antisémitisme
:
"Le Bureau
National de Vigilance Contre l’Antisémitisme a reçu un grand nombre de
réactions suscitées par les déclarations du président du Conseil Français du
Culte Musulman exprimées ce vendredi 20 juillet après sa rencontre à l Élysée
avec le Président de la république. Selon M. MOUSSAOUI en cas d agressions
l’appartenance à une religion de l’auteur ou de la victime ne devrait pas être
mentionnée.
Le BNVCA
comprend le souci du président du CFCM de prévenir toute stigmatisation des uns
ou des autres quand il s'agit d’une infraction qui relève du droit
commun. Toutefois Pour le BNVCA il est utile et nécessaire de faire
connaître, tant à l’opinion qu’aux enquêteurs le signalement des délinquants et
celui des victimes, notamment quand celles ci sont agressées en raison de leur
appartenance au judaïsme, et ce par des individus qui affichent leur motivation
antisémite expriment leur haine antijuive et le font au nom de l idéologie qui
les anime. Pour le Bnvca la description du signalement des uns et des
autres est de nature à les identifier.
Le Bnvca
considère que la proposition du président du CFCM n’est pas réaliste. Depuis 12
ans la majorité des enquêtes concernant les agressions antisémites conduisent à
des délinquants décrits comme étant origine africaine ou nord africaine. Pour le
Bnvca il appartient au Pdt du CFCM d’intervenir auprès des membres de la
communauté qu’il est sensé représenter plutôt que de tenter de mettre le
couvercle sur la marmite.
Le BNVCA
rappelle qu’en dépit des nombreuses agressions que les Juifs ont subies ils n
ont jamais riposté ni exercé de vengeance privée. Ils s’en remettent a la
justice et en appellent a la responsabilité de tous les dirigeants concernés et
lucides. Le Bnvca continuera d'être vigilant."
D'une manière
beaucoup plus concise, le CRIF a, de son côté, officiellement réagi, par un
communiqué publié par l'A.F.P, et qui représente vraiment une ébauche de
"code éthique" pour traiter ces sujets dans les médias :
"Le
CRIF pense que la mention des appartenances religieuses de l'agresseur ou de
l'agressé ne doivent pas être faites quand il est établi que le mobile du
méfait ne met en jeu ni l'une ni l'autre.
Mais quand un individu agit au nom
d'une religion, identité ou idéologie pour porter préjudice à un individu en
raison de sa religion, identité ou idéologie, cela doit être connu du public
qui est en droit d'être alerté de ce type de criminalité afin de lutter contre
elle de manière plus consciente et efficace."
Bref, on l'aura compris ... c'est un
sujet de fond qui sera certainement discuté - et hélas peut-être aussi disputé
- lors des prochaines rencontres entre les deux institutions !
J.C