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16 janvier 2011

Exit Ben Ali : premières réflexions après la révolution tunisienne


"Profil" utilisé par de nombreux internautes tunisiens sur FaceBook

Le doute n'est désormais plus permis : après le départ de l'ex-président tunisien, mis K.O après 23 ans de règne mais seulement quelques semaines de manifestations, nous venons d'assister à un évènement quasi-inédit dans le monde arabe : la chute d'une dictature.

Certes, d'autres chutes de régimes ont marqué l'histoire de ces pays, mais le contexte fut tout à fait différent : il a fallu l'invasion américaine de 2003 pour renverser Saddam Hussein, et cette démocratie "importée" ne fut pas le fait du peuple irakien - qui l'a d'ailleurs bien mal accueillie au final ; il y a eu le "printemps de Beyrouth" après l'assassinat de Rafic Hariri, mais les occupants syriens sont quasiment rentrés par la fenêtre après être sortis par la porte - et surtout, l'enjeu tenait plus de la géopolitique  régionale que du régime au pouvoir, le Liban ayant toujours connu le pluralisme politique. Dans le cas de la Tunisie, on vient d'assister à la victoire d'un peuple, ayant réalisé seul et sans concours extérieur une révolution, au prix de sacrifices réels - les dizaines de tués sous les balles de la police : les Tunisiens en sont très fiers, et on ne peut que le comprendre et leur dire notre admiration.

Avons-nous été conscient de la situation ? Avons-nous assez soutenu leur aspiration à plus de liberté ? Le régime Ben Ali a joué sur la peur des islamistes pour durer, on l'a assez rappelé ces derniers temps : et le dialogue - de sourds - entre partisans et opposants tournait toujours autour de deux discours : "s'il tombe, ce sera une révolution à l'iranienne", disaient les uns ; "justement, plus il y a de répression, et puis les islamistes profiteront du vide pour s'imposer", disaient les autres. Le fait est que l'opposition démocrate, laminée, n'a guère noyauté cette révolte "des gueux", née d'abord dans les régions oubliées du Centre et du Sud du pays, après l'indignation suscitée par le suicide par le feu du malheureux marchand ambulant de Sidi Bouzid ... Suivant au quotidien les pages FaceBook de mes nombreux amis tunisiens - qui étaient presque tous, avec une prudence variable, partisans de la révolution -, je peux attester que l'équation "anti-Ben Ali = partisans d'une république islamique" était une escroquerie. Parmi eux, par exemple, le militant des droits de l'homme Adnen Hasnaoui que vous avez pu lire sur mon blog, défend courageusement l'établissement de relations officielles avec Israël ; plus prolifique en articles, Souhail Ftouh (avec qui je correspond régulièrement), m'a avoué ces tout derniers jours que sa position de "supporter" était due à la peur - peur d'un régime policier qui a duré presqu'un quart de siècle avant de s'effondrer comme un château de cartes !

Mais revenons à ma question, en faisant mon propre "examen de conscience" : je m'efforce, dans mes émissions, d'amener les auditeurs à réfléchir à invitant des personnalités d'opinions diverses. Par rapport à la Tunisie, j'ai eu comme invité en novembre 2001 le professeur Mohamed Talbi, critique féroce du régime - comme de toutes les dictatures arabes ; en juin 2003, par contre, je recevais Mezri Haddad venu parler d'un livre où il défendait le régime, parlant d'une "campagne de désinformation contre la Tunisie" (je reviendrai plus loin sur cette personnalité, très exposée dans les médias ces derniers jours) ; j'ai reçu, à propos de son livre de référence, "Maghreb, la démocratie impossible ?" un historien critique - mon ami Pierre Vermeren, dont vous avez pu lire un article presque prophétique lundi dernier - tout comme l'orientaliste Antoine Sfeir, avocat dévoué de la Tunisie de Ben Ali - lire ici. Enfin, et surtout, il faut aussi dire que l'évocation du passé juif de la Tunisie, ou de la tolérance dont bénéficiait la minuscule communauté restée dans le pays, n'a jamais été accompagnée dans mes propos de paroles soutenant son régime ; et si je me réjouis d'avoir été invité, il y a plus de trois ans, à un colloque de la "Chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions", l'ambition de ces rencontres universitaires sans rapport avec la politique intérieure ne mérite pas l'opprobre : il est quasi certain que tout ce qui portera ce patronyme désormais honni sera renommé dans le futur ; espérons quand même que sur le fond, ces forums de rencontres seront maintenus, et avec eux ces fragiles passerelles entre Juifs et Musulmans.

Mais revenons, pour finir, à Mezri Haddad qui m'a fait l'honneur de son amitié - et qui doit se sentir bien seul aujourd'hui. Brillant universitaire, ancien opposant ami de Moncef Marzouki, rallié au régime par crainte des islamistes et de ce qu'il jugeait être une complaisance de l'opposition démocrate à leur égard, il avait donc défendu à mon micro l'hypothèse d'une marche progressive de la Tunisie vers une vraie démocratie. En était-il sincèrement convaincu, alors même que devenu plusieurs années après ambassadeur de son pays à l'UNESCO, il devait continuer de défendre un régime de plus en plus indéfendable ? Il a démissionné de son poste "à minuit moins une", ce vendredi à midi, à quelques heures donc de la fuite de Ben Ali. Cruelle ironie, lui qui avait si courageusement dénoncé l'obscurantisme des islamistes - on pourra lire grâce à son nom en libellé des articles sous sa signature publiés sur mon blog -, il aura vu le dirigeant qu'il avait soutenu trouver refuge ... en Arabie Saoudite, centre mondial du Wahhabisme et de l'intégrisme sunnite ! On lira sur ce lien l'hommage d'un homonyme, juif celui là - Raphael Haddad, ancien président de l'UEJF. On pourra aussi lire sa lettre de demission, publiée par le journal "Le Monde", et le voir et l'entendre ici.

Jean Corcos

27 novembre 2009

Antoine Sfeir fait l’éloge de la Tunisie et de son Président Ben Ali ...

Antoine Sfeir

Introduction :
Quelques mots d’introduction, pour présenter de larges extraits de ce nouvel article reçu de mon ami de Tunis, Souhail Ftouh. Je n’ai pas évoqué sur ce blog les élections présidentielles en Tunisie, tenues il y a un mois : devoir de réserve journalistique, et alors que j’ai des ami(e)s tunisien(ne)s aussi bien fervents supporters du Président réélu (comme justement Souhail), que féroces critiques (comme Adnen Hasnaoui, militant pour les Droits de l’Homme et dont vous avez pu lire aussi des articles ici). FaceBook est un meilleur support pour des débats, et j’ai ainsi donné la parole sur ma page là-bas pour des longs et passionnés débats !
J’ai retenu cependant cette article parce qu’il cite largement Antoine Sfeir, orientaliste bien connu des tableaux de télévision et qui a été plusieurs fois mon invité : bonne lecture !

J.C

Habitué des plateaux de télévision français Antoine Sfeir, n’hésite pas à défendre l’homme qui a sauvé la Tunisie. Il est déjà monté au créneau à plusieurs reprises. Il l’a récemment refait dans Le Figaro du 23 octobre 2009, "La Tunisie, rempart contre la déferlante intégriste dans la région"  :
(...) "La Tunisie a certainement un long chemin devant elle, personne le conteste. Pourtant, force est de reconnaître que le pays progresse régulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali. C’est un fait dont tous les organismes internationaux font état dans leurs rapports. C’est cette ouverture et cet assainissement progressifs de la vie publique que je souhaite évoquer aujourd’hui, sans pour autant me voiler la face sur les problèmes qu’il reste à résoudre.
(...)
La condition des femmes est également à mettre au crédit du président sortant : avec 25 % de femmes au Parlement, la Tunisie fait mieux que la France. Comme autrefois la Turquie, qui avait accordé aux femmes le droit de vote dix ans avant la France ... Et tout le monde connaît le rôle actif des députés tunisiens, hommes ou femmes !
En outre, la Tunisie a clairement choisi son camp dans la lutte contre l’intégrisme religieux. Le régime est intransigeant vis-à-vis de tout embryon de prosélytisme islamiste, mais mène parallèlement à sa politique répressive une vaste campagne de pédagogie, appuyée sur une pratique sereine et modérée de la religion. C’est pour cette raison que le pays constitue véritablement un rempart contre la déferlante intégriste dans la région ; c’est pour cette raison également que la Tunisie est un enjeu crucial, et une cible de choix pour l’islamisme et le terrorisme. Si elle venait à tomber, il faudrait craindre à nouveau pour l’Algérie, mais également le Maroc, la Libye et peut-être même l’Égypte, tous menacés par un effet de dominos."
(...) Arrêtons-nous un moment de parler de la Tunisie pour regarder les Tunisiens, qui, eux, agissent », écrit notre courageux intellectuel. Il ne ménage pas sa peine et défend la Tunisie partout où il peut.
Antoine Sfeir, le patron de la revue d’études et de réflexion sur le monde arabe et musulman, l’auteur de "Tunisie, terre des paradoxes", parue en 2006, a même fait paraître une revue qui est consacrée à la Tunisie sous la direction de Ben Ali sous le titre "L’exception tunisienne".
Six grands textes aux titres suggestifs ont l’ambition de présenter "les progrès qui ont été accomplis sur la voie d’une démocratisation et d’un assainissement de la vie publique" selon l’éditorial même d’Antoine Sfeir. Ainsi peut-on lire : La Tunisie Un rempart contre l’intégrisme, la Tunisie dans la cité, Patrimoine archéologique et renouveau culturel, Des succès économiques confirmés, Les instruments de solidarité tunisienne ...
Antoine Sfeir, déclare dans "Les Cahiers de l’Orient", de l’hiver 2010, "cherche à montrer à quel point le peuple tunisien occupe, de plus en plus, une place à part dans l’espace arabe, et apparaît comme un exemple pour toute la région". Un exemple pour le monde arabe mais aussi pour l’Afrique. C’est du moins, ce que croient aussi les journalistes africains. En effet, il y a quelques jours seulement des journalistes africains co-auteurs du livre "La Tunisie émergente : une voie pour l’Afrique", publié aux Editions Médiane à Paris, présentaient à Paris leur ouvrage de 262 pages, rassemblant dix-huit contributions de journalistes et personnalités africaines de diverses spécialités. Sfeir présentait son point de vue aux côtés de François Bécet, auteur d’un autre livre intitulé "Le pays, porte ouverte sur la modernité", nouvel ouvrage en hommage à l'oeuvre du Président Ben Ali

D’ailleurs la Tunisie et ses réussites étaient à l'honneur, le 19 Octobre 2009, à Genève, à l'occasion de deux conférences organisées, la première au club suisse de la presse à Genève, dirigée par M. Guy Mettan, député de Genève président du parlement de cette cité, et la deuxième, au Cercle des dirigeants d'entreprises de Genève, présidé par Mme Testa Enza Haegi. Autour du journaliste français, de François Bécet et de son confrère Antoine Sfeir, les journalistes suisses et internationaux ainsi que ceux de la presse accréditée auprès des Nations Unies et de nombreuses personnalités du monde économique et universitaire helvétique, ont passé en revue les diverses facettes des réussites de la Tunisie durant ces vingt deux dernières année. Après avoir ouvert, au club suisse de la presse, la première conférence intitulée "Regards croisés sur la Tunisie", M. Guy Mettan a, ensuite, cédé la parole à M. Antoine Sfeir dont le propos a tourné autour du thème: "La Tunisie, un pays qui marche".
M. Sfeir a évoqué, pour soutenir son propos, les multiples réalisations du pays dans différents domaines, tels l'éducation et la santé, la croissance économique et les multiples mécanismes de solidarité mis en œuvre par le Président Ben Ali pour redistribuer équitablement les fruits de la croissance économique au sein de la société, comme peut en témoigner, entre autres l'élargissement continu de la classe moyenne qui englobe 80 % de la population. M. Sfeir a, également, souligné le rôle moteur joué par l'Etat tunisien qui a su assumer avec efficacité ses missions au service de ses citoyens et mettre son peuple à l'abri de l'instrumentalisation de l'Islam qui a causé tant de ravages ailleurs. Présentant quelques articles du dossier consacré à la Tunisie par sa revue, M. Sfeir a expliqué les raisons de l'attachement du peuple tunisien qui soutient son leader, grâce à qui il est entré, depuis deux décennies, dans une ère de prospérité et de stabilité sans précédent dans son histoire. Il a également souligné le patriotisme des Tunisiens de tous bords qui, tout en exerçant leur esprit critique quand il le faut, rejettent les tentatives de falsification des réalités auxquelles se livrent certains opposants téléguidés de l'extérieur. M. Sfeir a conclu sur le fait que la Tunisie était certes un pays petit par la taille géographique, mais un pays qui marche et excelle dans de nombreux domaines, et qui pourrait servir de modèle à de nombreux autres, en ce qu'il a réussi en comptant sur une unique matière première : l'intelligence de ses citoyens. Le directeur des "Cahiers de l'Orient" qui a préfacé le livre de François Bécet n'a pas manqué, en outre, de fustiger les donneurs de leçons occidentaux qui s'acharnent sur la Tunisie, alors qu'il s'agit d'un exemple rare sur le continent africain et dans la région, d'un pays qui marche et avance dans tous les domaines. François Bécet a ensuite présenté son dernier ouvrage  "Tunisie, porte ouverte sur la modernité", mettant en relief la "voie propre choisie par le Président Ben Ali". Une voie authentiquement tunisienne, qui a permis de développer son pays, tout en veillant à la redistribution des richesses. L'auteur a évoqué quelques caractéristiques du modèle tunisien de développement et son bilan largement positif qui est souligné du reste par de nombreuses institutions internationales et instituts mondiaux de notation les plus réputés que l'on ne peut soupçonner de partialité.

Des échanges ont eu lieu par la suite avec le nombreux public présent, permettant aux orateurs d'apporter des éléments de réponse aux préoccupations des uns et des autres. Une autre cérémonie de présentation du livre de François Bécet s'est déroulée à l'hôtel Richemond de Genève, offrant aux deux auteurs l'opportunité d'exposer le modèle de développement solidaire et équilibré mis en œuvre en Tunisie par le Président Ben Ali.

Le même ouvrage, édité par la maison "Le cherche midi", a été au centre d'une rencontre organisée, le 20 octobre 2009 , à l'Institut du Monde Arabe, à Paris, rencontre à laquelle ont participé plusieurs journalistes et personnalités. (...)
 


Ftouh Souhail, 
Tunis

01 octobre 2009

« Rétablissez des relations avec Israël » : une lettre ouverte d’Adnen Hasnaoui au Président Ben Ali

Introduction :
Adnen Hasnaoui est un journaliste tunisien courageux, militant à la fois des Droits de l’Homme et pour la Paix israélo-arabe. J’avais parlé en octobre 2008 (cliquer sur ce lien) de sa plainte déposée contre Mahmoud Ahmadinejad devant les tribunaux de son pays. Depuis, nous sommes restés en contact, et il fait partie de mon réseau sur FaceBook, où nous échangeons souvent.
Il vient de publier sur son blog, en langue arabe, une lettre ouverte au Président Ben Ali, à l’occasion de la Journée mondiale de la paix, le 21 septembre. Cette lettre
(article original) appelle au rétablissement des bureaux de liaison entre la Tunisie et Israël. Et j’en reproduis, ci-dessous, la traduction réalisée par mon ami Souhail Ftouh.

J.C

Lettre ouverte à Son Excellence le Président de la République de Tunisie Monsieur le Président Zine El Abidine Ben Ali

Salutations distingués.

Objet : à l'occasion de la Journée mondiale de la paix qui coïncide avec le 21 Septembre, 2009, je voudrais Monsieur le Président, attirer votre attention sur l'importance de la réouverture du bureau des intérêts de la Tunisie à Tel-Aviv à l'appui des efforts internationaux pour avancer et instaurer une paix juste et durable dans cette partie du monde.
La Tunisie a été et restera pour toujours une oasis de paix et un facteur de stabilité et de progrès dans la région, et les Tunisiens sont à l'avant-garde dans la défense de la liberté et la paix.
Monsieur le Président,
Il est indiqué dans votre discours à l'occasion du cinquante-troisième anniversaire de l'indépendance, que « la politique étrangère de la Tunisie est caractérisée par sa modération et son ouverture, si bien qu'elle doit contribuer activement aux efforts déployés pour la paix et la sécurité, la stabilité et le développement global de tous les peuples de la terre » et que « la Tunisie a joué un rôle actif dans le processus de paix au Moyen-Orient, depuis l'organisation de la Conférence de Madrid à travers les diverses étapes par lesquelles les Palestiniens accéderont à l'indépendance, et la création de l'Autorité nationale palestinienne, et les initiatives ultérieures et conférences visant à parvenir à un règlement, pour mettre fin au conflit dans la région et à rétablir la paix, la sécurité et la stabilité ».
Monsieur le Président,
Je suis sûr que la décision de fermeture du bureau israélien était liée à protestation de ce qu'a subi le peuple palestinien, mais en ces jours, la réouverture de ce bureau serait un nouveau mécanisme qui offrira à la Tunisie la possibilité de défendre en mieux les droits palestiniens, en s'appuyant sur une diplomatie direct à Tel-Aviv pour faire valoir ses droits.
Et à vous le bon choix, Monsieur le Président

Adnen Hasnaoui,
Tunis le 18 septembre 2009
traduction Souhail Ftouh

04 février 2009

Tunisie : un antisionisme hélas encore à l’honneur ...

Georges Adda (1916-2008)

Les lecteurs de ce blog, les auditeurs de mon émission comme les nombreux amis tunisiens que j’ai pu connaître au fil des années, savent que j’ai toujours eu à cœur de souligner les avancées de leur pays, qui apparaît à bien des égards comme un des pays arabes les plus ancrés dans la modernité : condition féminine, progrès économiques, refus des sirènes pan arabistes, puis islamistes, ouverture sur l’Occident et le reste du Monde, la petite Tunisie est un exemple - surtout par rapport à ses voisins directs, mais cela est une autre histoire ...

La question des relations avec Israël est l’exception qui confirme la règle, et j’ai déjà évoqué - voir sur ce lien - combien ce sujet faisait débat dans le pays, entre les « réalistes » (même dans le fond hostiles à l’existence d’un pays juif au Moyen-Orient, mais l’acceptant faute de mieux), et les plus farouches défenseurs du nationalisme arabe souhaitant ouvertement sa disparition, toujours au nom de « la défense des Palestiniens opprimés », mais totalement indifférents à d’autres oppressions ou à ce que serait le malheur de cinq millions d’Israéliens après la destruction de leur pays. Il y a des Tunisiens qui n’ont pas peur d’exprimer publiquement le souhait d’une normalisation, et les lecteurs du blog auront ainsi successivement découvert les prises de position de Souhail Ftouh et d’Adnen Hasnaoui. A noter que ce souhait est en cohérence avec la ligne officielle de la diplomatie tunisienne, qui a déjà établi des relations diplomatiques « de bas niveau » avec Israël entre 1996 et 2000, et qui serait prête à les reprendre après la conclusion de la Paix. Une position qui a été confirmée à l'occasion de la récente guerre entre Israël et le Hamas, où la Tunisie (comme l’Égypte, l'Arabie Saoudite et l'Autorité Palestinienne) a refusé de participer à un sommet arabe à Doha dont les invités vedettes étaient Khaled Meshaal et son sponsor Mahmoud Ahmadinejad !

On n’en est donc que plus surpris et déçu en découvrant le concert de louanges qui a salué à Tunis la disparition de Georges Adda, lui-même Tunisien juif, ancien responsable du Parti Communiste local et disparu fin septembre l'année dernière.
Quelques mots de présentation, à partir des biographies que l’on peut trouver sur Wikipedia :
Georges Adda était né en 1916. Il a fait partie de cette génération de Juifs qui, en Tunisie ou ailleurs, ont vécu le triomphe du communisme en URSS puis dans une partie du monde comme l’annonce de temps messianiques, enkystant ensuite cet idéal de jeunesse au plus profond de leur être, malgré l’Histoire et ses démentis sanglants. A cet idéal s’en ajoutait un autre et que l’on peut respecter, celui d’un Tunisien révolté par l’injustice coloniale et engagé pour libérer son pays : il a payé cet engagement de plusieurs années de prison, et il est naturel que ses compatriotes lui en aient été reconnaissants. L’écrasante majorité de la communauté juive du Pays a, elle, suivi d’autres voies qui l’ont conduite en gros pour moitié en France et pour l’autre en Israël ; et Souhail Ftouh a donné un remarquable historique de son glissement progressif vers le déracinement, au cours des décennies du Protectorat : j’invite les lecteurs à lire la série de ses articles en archives, à partir du 17 juin 2008.
Mais revenons à Georges Adda : avec un minimum d’ouverture d’esprit, on peut parfaitement comprendre qu’il ait refoulé totalement la part juive de son identité ; le fait de s’être senti d’abord tunisien n’était ni méprisable, ni discutable et il a d’ailleurs été le choix de la petite minorité qui y est restée. Mais les autres citoyens tunisiens juifs n’ont pas - dans leur écrasante majorité - exprimé des sentiments hostiles à Israël ou « aux Sionistes », bref à cette autre écrasante majorité du peuple juif ! Georges Adda, lui, a profité de sa notoriété locale pour publier de nombreux articles incendiaires où il réclamait la « libération totale de la Palestine ». Se présentant comme un « juif tunisien antisioniste », il a été salué comme tel après son décès dans la presse locale, ainsi dans la revue économique "Businessnews". Pire encore, ont été reproduits aussi à cette occasion des articles de lui, où était purement et simplement niée l’existence du peuple juif.

Son fils, Serge Adda (lire sa biographie toujours sur Wikipedia) partageait la même aversion du Sionisme, et les mêmes convictions « progressistes » avant de rallier le régime tunisien, de faire une brillante carrière à la télévision ayant même pris une dimension internationale avec la direction de TV 5 Monde, jusqu’à sa mort prématurée en 2004. Ainsi, Georges Adda qui eut une vie très longue, connut le pire des malheurs avant de disparaître, et de voir disparaître avant lui bien de ses idéaux : seul resta, étrangement, cette rage contre l’indépendance hébraïque retrouvée.

Il est d’usage, dans la tradition juive, de ne pas insulter les personnes qui viennent de disparaître, et à nouveau ce n’est pas sa fidélité à la Tunisie qui interpelle dans son cas, ni même ses convictions antisionistes : non, ce qui me choque personnellement, ce sont ces éloges adressés à un « bon juif », considéré comme tel justement parce qu’il avait rejeté sa part juive en lui. Et ces éloges résonnent tristement, et font sérieusement douter d’une normalisation proche entre la Tunisie et Israël. 

Jean Corcos

31 octobre 2008

Adnen Hasnoui, jeune journaliste tunisien, vient de déposer plainte contre Ahmadinejad devant la justice de son pays !

Introduction :
Décidément les bonnes surprises en provenance de Tunis sont nombreuses, et mon « correspondant » Souhail Ftouh ne manque pas de me les signaler. Vous découvrirez, en lisant le dernier article qu’il m’a envoyé, qu’il n’est pas le seul là-bas dans son combat courageux pour une Paix juste au Moyen Orient - donc qui ne passe pas Israël à la trappe, comme hélas ouvertement souhaité par trop d’élites du monde arabe. Cette fois, c’est un jeune journaliste, Adnen Hasnaoui, qui vient de déposer plainte ... contre le nabot antisémite Mahmoud Ahmadinejad, après son discours délirant devant l’Assemblée Nationale des Nations Unies.
Quelques précisions à l’attention des sceptiques et mal intentionnés qui prétendent - sur un site extrémiste -, que ces signatures sont factices, et issues (c’est selon le jour) soit de mon imagination (il faudrait que j’ai beaucoup de temps à perdre dans l’espace réduit de liberté dont je dispose en sortant du travail !), soit d’une manipulation des services tunisiens (il faudrait qu’il soient bien naïfs pour dépenser tant d’énergie pour mettre à jour le soutien quasiment naturel de ce blog et de ma modeste personne à la cause d’Israël) !
Mais redevenons sérieux :
- L'information est visible (en français) sur le site de l'auteur de la plainte http://www.adnen.katib.org/node/66.
- Le lien arabe est sur cette adresse : http://www.adnen.katib.org/node/65

- L’auteur de la plainte présente des justifications pour son action, ici : http://adnen.katib.org/node/68 (traduction par Souhail Ftouh de l'exposé en arabe).
- Enfin (et comme je l’ai fait dès le départ pour m’assurer de l’existence réelle de Souhail Ftouh), je lui ai téléphoné à Tunis à son numéro, et j'ai eu le plaisir de faire ainsi sa connaissance ! J'ai ainsi appris que, outre cette action d'éclat, il milite aussi pour une autre cause des Droits de l'Homme pratiquement niée dans le Monde arabe, le Darfour, ayant signé des pétitions dont ce blog s'est fait souvent l'écho dans le passé.
J.C

Le discours du président Iranien Mahmoud Ahmadinejad, devant l'Assemblée générale de l’Onu, du Mardi 23 septembre 2008 n’a pas cessé de susciter les réactions réprobatrices à travers le Monde. La dernière réaction en date vient cette fois de la Tunisie !
Adnen Hasnaoui un journaliste « militant pour la paix » vient de saisir la justice tunisienne le lundi 20 Octobre au sujet du discours sulfureux d’Ahmadinedjad qui menaçait une fois de plus le monde d’un nouveau génocide. Ce journaliste tunisien a effectivement présenté une plainte devant le Procureur de La République Tunisienne à Tunis accusant le président Iranien d’incitation à la haine. Selon son site Internet l’auteur de la plainte a fondé son action sur la fameuse loi antiterroriste votée en Tunisie depuis le 10 décembre 2003. Cette loi, qui qualifie comme « infraction terroriste » tous les actes d’incitation à la haine ou au fanatisme racial ou religieux, autorise en effet les tribunaux tunisiens à statuer sur des infractions terroristes commises au delà des frontaliers tunisiennes, même si les auteurs de ces infractions ne sont pas tunisiens ou si les intérêts des pays étrangers sont menacés ou en cas d’un acte jugé menaçant à la paix et à la sécurité dans le monde.
 

Faut t-il rappeler que les déclarations d’Ahmadinejad étaient d’une violence extrême le 23 septembre 2008 devant l’A.G des Nations Unis ? Le Président Iranien Ahmadinejad qui menaçait une fois de plus Israël de destruction, a prononcé un discours digne de la propagande hitlérienne. Ce sinistre individu, pathologiquement affecté de l’existence d’Israël a alors promis qu’Israël sera bien détruit « pour le bénéfice de l’humanité ». Adepte de « Mein Kampf » et des « Protocoles des Sages de Sion » il a distillé sa haine du Peuple juif à la face du monde en considérant les Juifs (désignés sous le nom de code bien connu de « Sionistes ») comme ceux qui « dominent le monde » « détruisent l’environnement et la solidarité entre les Nations » ... Puis, au coeur de son discours, il fait la dénonciation de la manipulation et de la domination des « peuples américains et européens » par une « minuscule minorité dominatrice et agressive », qui se considère comme « supérieure » et « agit dans le secret » ...
Il était normal donc que son discours haineux et antisémite diffusé à l’ONU suscite des réactions réprobatrices à travers le monde car l’Organisation a précisément été créée pour empêcher les génocides dans le monde. (le terme a été adopté après l’extermination des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale). Et offrir aujourd’hui une tribune au plus grand promoteur d’Holocauste de la période contemporaine, pose un problème existentiel à l’Onu. Ahmadinejad pourrait fort bien constituer une véritable menace pour l’unité de l’Organisation.
L’action de l’auteur de la plainte Adnen Hasnaoui devant la justice tunisienne constitue d’ailleurs une continuité de l’effort international à traîner le chef de la République islamique iranienne devant la justice internationale. Rappelons d’ailleurs que L'Australie s’active de poursuivre le président iranien Mahmoud Ahmadinejad devant la justice internationale pour incitation à la violence contre Israël. Selon le quotidien « The Australian » « Le président iranien a fait à plusieurs reprises des déclarations antisémites et a affiché sa détermination à rayer l'Etat d'Israël de la carte. Ces propos sont une incitation à la violence internationale », selon le Premier ministre australien, Kevin Rudd, le 14 mai 2008.
L’avocat et l’ancien ministre de la Justice du Canada, le montréalais Irwin Cotler, a appelé aussi le 17 mars 2008 la communauté internationale à agir contre le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avant qu’il n’exécute ses menaces de génocide contre Israël. M. Cotler s’est prononcé à l’occasion de la séance d’ouverture d’une conférence interdisciplinaire au Collège Herzliya sur « Les droits de l’Homme et la sécurité ». Cotler a présenté plusieurs études de cas de décisions rendues par un tribunal international qui a condamné des Rwandais, y compris un ancien premier ministre, d’incitation au génocide par le meurtre de centaines de milliers de Tutsis. En les condamnant, le tribunal a invoqué la Convention sur le génocide des Nations Unies, qui a établi les critères pour prouver le crime d’incitation au génocide sanctionné par l’état, dont l’intentionnalité a été démontrée par des appels publics au génocide et l’incitation directe par l’utilisation d’euphémismes et d’un langage déshumanisant. Les actions de Ahmadinejad ont prouvé qu’il était coupable d’incitation au génocide, a déclaré M. Cotler, et il devrait être arrêté avant qu’il n’ait la chance de mener à bien ses plans. « Il y a plus de preuves sur une base factuelle à l’égard de l’incitation au génocide approuvée par l’état dans l’Iran d’Ahmadinejad que nous en avons eues à l’égard d’un Rwandais reconnu coupable d’incitation au génocide au Canada », a déclaré M. Cotler .
« L’Ambassade Internationale Chrétienne » de Jérusalem a organisé aussi le 15 octobre 2008 une conférence au Palais des Congrès de la Capitale. Le but : convaincre le monde de poursuivre en justice le président iranien pour incitation au génocide. Parmi les personnalités présentes, le révérend Reza Safa, un iranien réfugié aux Etats-Unis. « L’International Christian Embassy Jérusalem » a déjà lancé une pétition pour traduire Mahmoud Ahmadinedjad en prison. 55 000 personnes à travers le monde l’ont déjà signé. De son côté, le Prix Nobel de la paix, Elie Wiesel a rejoint récemment un mouvement de personnalités et universitaires, décidé à initier des poursuites judiciaires à l’encontre d’Ahmadinejad. Le mouvement se dit en effet très inquiet devant les menaces régulières proférées par le président iranien envers Israël. « Le monde reste silencieux, comme il l’a été 70 ans plus tôt », se sont exclamés ses membres
Il convient de saluer aussi l'action entreprise par un groupe d'experts aux USA qui préparent le terrain pour poursuivre en justice le président iranien. Ils ont présenté à Washington un document qu'ils ont élaboré, dans lequel ils accusent Ahmadinejad d'incitation au génocide. L'initiative vient du Centre de Jérusalem pour les questions publiques et politiques et de l'ancien ambassadeur israélien à l'Onu, le docteur Dore Gold. Le groupe est composé de juristes, qui ont déjà mené une action contre les génocides perpétrés au Rwanda et au Darfour, de membres du gouvernement et de diplomates. Ils se sont réunis au mois de septembre dernier à Washington pour entamer une action publique en vue de démontrer qu'Ahmadinejad n'a aucune légitimité et n'est qu'un criminel de guerre. Gold a résumé la situation en affirmant que « Ahmadinejad devait s'asseoir sur le banc des accusés pour incitation au meurtre au lieu de siéger à l'Assemblée générale de l'Onu ». Le manifeste, qui contient 70 pages, présente les déclarations du président iranien ainsi que les justifications juridiques prouvant qu'il doit être poursuivi par un tribunal international pour ses incitations au génocide. Le document comprend également des conseils prodigués au Conseil de Sécurité de l'Onu, à l'Union européenne et à d'autres états, sur les mesures à prendre contre le président iranien.
Avec cette plainte présenter contre Ahmadinejad devant la justice tunisienne, il est possible de s’apercevoir non seulement de la confiance que les Tunisiens ont dans leur système judiciaire qui ne place personne au dessus de loi mais aussi de l’engagement courageux de la Tunisie dans la lutte contre le terrorisme, et la promotion de la paix dans le monde. Nous ne pouvons donc que féliciter grandement l’initiative de notre compatriote tunisien Nous espérons que sa plainte sera entendue. Nous aimerions être informé du suivi. Aujourd’hui on ne peut cacher notre plaisir de constater que des gens, où qu'ils soient, ont le courage de s'indigner ouvertement devant la politique dictatoriale et dangereuse de cet homme qui effraie le monde entier par ses menaces de destruction !

Ftouh Souhail,
Tunis