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21 juin 2020

Tourisme : au Maghreb, une saison en enfer

Plage déserte en Tunisie

La pandémie de Covid-19 et la fermeture des frontières ébranlent la Tunisie et le Maroc, très dépendants du tourisme. Ils essaient d’inventer de nouveaux modèles et espèrent attirer une nouvelle clientèle, mais l’été s’annonce compliqué.
Plages désertes, hôtels vides, la côte de Tunisie a des allures de “fantôme”, constate Le Courrier de l’Atlas, “Les rares hôtels qui restent ouverts logent, souvent gratuitement, les milliers de personnes en quarantaine”. “Mis sous cloche” depuis la fin mars, comme l’écrit le quotidien tunisien La Presse, le secteur du tourisme se morfond. Il avait été ébranlé par la révolution de 2011, meurtri par les attentats en série en 2015-2016, enfin, en ce début d’année, les perspectives étaient encourageantes. C’était sans compter le Covid-19.
Alors qu’il est un des moins touchés par la pandémie de la région, le pays a un nouveau credo : le “tourisme safe”, des vacances sans risque. Les autorités ont déjà annoncé la réouverture des frontières tunisiennes fin juin, ainsi que la reprise des vols de la compagnie Tunisair.
Le “Au programme, des contrôles de température à l’aéroport et à l’entrée des hôtels, des chambres désinfectées et laissées vacantes quarante-huit heures entre deux clients, des lavages intensifs des espaces communs et l’espacement des tables d’un mètre dans les cafés”, poursuit Le Courrier de l’Atlas. La Tunisie espère ainsi attirer “les Algériens voisins, voire les Russes”, explique Webdo. Car le pays le sait, les Tunisiens ne représentent que 20 % des vacanciers du pays. S’il ne compte que sur le tourisme intérieur, la saison sera gâchée.

Un choc est indispensable

Le Maroc a déjà fait une croix sur 2020. “Le nombre de touristes devrait s’élever à 4 millions cette année contre 13 millions l’année dernière, explique TelQuel. Autant dire que c’est une année catastrophique. Il faut s’attendre à des fermetures, du chômage partiel et des licenciements.”
Un ‘choc’ de tourisme intérieur est indispensable”, s’exclame L’Économiste. Étaler les vacances scolaires en fonction des régions comme en France, proposer une offre plus accessible à une population modeste et retenir les Marocains les plus aisés, la pandémie doit amener le pays à se “repositionner”.
L’Économiste évoque une piste : “Se pencher sur les effets des réseaux sociaux sur notre rapport au voyage, en particulier Instagram. D’après une étude récente, deux tiers des 18-34 ans déclarent que l’‘instagrammabilité’ de leur lieu de vacances est leur critère de choix numéro un.” Le ressenti personnel est lui au second plan.

Anna Sylvestre-Treiner
Courier International, 9 juin 2020