Dimanche prochain, nous
n’allons pas aborder directement le monde musulman, mais plutôt le regard qu’ici,
en France, nous portons sur lui. Comme le savent ce qui nous suivent
régulièrement, j’ai invité dans cette série presque tous les acteurs
travaillant dans le domaine du rapprochement interreligieux, mais c’est la
première fois que nous allons parler de l’enseignement des religions à l’école.
Mon invité sera Stéphane Girardot. Stéphane Girardot est « animateur en
pastorale » au Lycée St Paul de Vannes, c’est un établissement catholique
et il nous expliquera à quoi correspond cette fonction. Passionné par la
transmission des savoirs, le dialogue interreligieux est pour lui, je le cite,
« à la fois une nécessité culturelle, citoyenne, et en tant que chrétien,
évangélique ». Nos chemins devaient fatalement se croiser car j’ai rejoint
il y a quelques années la Fraternité d’Abraham, dont la vocation est le
rapprochement entre les trois grandes religions monothéistes. Cela fait une
vingtaine d’années qu’il propose aux élèves volontaires de son école, un
parcours de découverte des différentes religions, qui se déroule de la Seconde
à la Terminale. Il a tiré de cette expérience un livre, « Culture
religieuse », publié aux éditions du Jubilé : cet ouvrage est riche, il
donne de nombreux exemples de questionnements éthiques ou sociétaux abordés
avec les jeunes, mais vu la thématique de ma série j’insisterai surtout sur
l’interreligieux appliqué à l’islam.
Parmi les questions que je poserai
à Stéphane Girardot :
-
Combien y a-t-il d’élèves au Lycée St Paul
de Vannes ? Vannes est la Préfecture du Morbihan, une ville moyenne
d’environ 60.000 habitants, et la population y est beaucoup moins mélangée
qu’en région parisienne. En conséquence, quels sont élèves qui fréquentent
votre école : sont-ils en majorité des catholiques croyants ? Et
accueillez-vous aussi des juifs et des musulmans ?
-
Vous êtes rentré vous-même dans cet
établissement en septembre 1995. Vous écrivez que vous avez été frappé par la
liberté de parole qui y régnait, ainsi que par l’encouragement aux initiatives :
ayant eu l’expérience de l’Ecole publique, est-ce que c’était un mieux ?
Ensuite, vous avez pris l’initiative d’approfondir votre connaissance de votre
religion : est-ce que cela vous a donné, aussi, la curiosité d’en
apprendre plus sur les autres religions monothéistes ?
-
Cet enseignement de la « culture
religieuse » est-il obligatoire ? Est-il différent de
« l’enseignement du fait religieux » que l’école laïque a décidé,
avec du retard, de dispenser également ? Est-il uniquement théorique ou
comprend-il également des discussions avec les élèves, et des échanges avec des
juifs et des musulmans en dehors ?
-
Est-ce qu’en se limitant strictement à l’exposé
de ce que sont les différentes religions monothéistes on ne passe pas – surtout
concernant les musulmans - à côté d’une réalité qui est complexe : il y a
aussi tout un aspect sociologique et culturel ; il y a des mémoires qui
peuvent se heurter, par exemple des visions différentes de l’Histoire proche et
lointaine ; et puis il n’y a pas seulement « un islam modéré »
face à un « islam djihadiste », il y a plusieurs écoles religieuses,
les Sunnites qui affrontent les Chiites, les Soufis, etc. Parlez-vous aussi de
tout cela ?
-
Votre chapitre 6 est intitulé « Voyages
scolaires et rencontres ». Vous venez régulièrement en région parisienne,
et se rencontrent ainsi vos terminales et celles des élèves juifs des lycées de
l’Alliance ; vous évoquez bien tout ce qui rapproche jeunes juifs et
chrétiens dans le mode de vie. Mais au-delà de cette fierté, il y a chez les
juifs un sentiment de peur dû à des agressions et à la remontée de
l’antisémitisme ; cela les médias l’abordent, enfin, mais ne semble pas évoqué
dans votre enseignement ?
-
Vous avez entrepris cet enseignement depuis une
vingtaine d’années, or il y a eu une « bascule » dans l’opinion
publique depuis les attentats de janvier 2015. Où en sommes-nous, dans le
« peuple chrétien », celui que vous fréquentez et qui va à la messe
le dimanche ? Est-ce qu’on n’a pas, malheureusement, une polarisation
entre « cathos de gauche » - pour qui l’islam serait un autre
christianisme - et « cathos identitaires », pour qui les musulmans
sont des envahisseurs ?
Une émission originale, que j’espère vous serez
nombreux à suivre le 17 décembre.
J.C