Introduction :
J'ai le bonheur d'avoir comme amie une jeune et
brillante étudiante en journalisme marocaine, qui vit actuellement en Tunisie.
J'ai déjà dans le passé publié à plusieurs reprises de ses articles, qui sont
autant de reportages "vécus de l'intérieur" sur le monde arabe.
Aujourd'hui, elle nous parle, à propos d'un forum, d'un
sujet en fait bien universel : les femmes et la politique !
J.C
Désormais dans (le film) «Jacky au monde des femmes»,
«Mesdames faites la cuisine et Messieurs soyez politiques!» n’est plus valable.
Qu’en est-il pour la Tunisie de 2014? Focus.
C’est dans ce sens que le Forum arabe pour la
citoyenneté en période de transition (FACT) a organisé, le 29 mars, à Tunis,
une journée d’étude sur la participation des femmes à la vie politique. La
réflexion a été axée notamment sur le vote, en prévision de la phase de
sensibilisation pré-électorale que devrait connaitre le pays, avant 2015.
Quelle place pour la femme tunisienne dans la vie politique ? Electrice ou
candidate aux élections, est-il très dur d’être une femme ? La couleur
politique agit-elle sur le poids de la femme en politique? Ce sont autant de
questions qui se posent aujourd’hui.
Une politique de moustache?
«Le problème du vote des femmes est un sujet
d’actualité. Très rares sont les électrices qui votent pour d’autres formations
politiques que celles admirées par leurs pères, leurs frères ou leurs maris. On
doit leur faire prendre conscience de leur droit à la liberté de choix et
mettre fin, en Tunisie, à l’approche de tutelle », nous a affirmé Neila Selini,
professeure universitaire et présidente du FACT, dont l’ouverture des travaux a
été officiellement annoncée, lors de la première journée d’étude organisée
samedi dernier.
Quoique timidement, certaines citoyennes ont pris
conscience, aujourd’hui, en Tunisie, du rôle important que pourrait jouer la
femme dans la vie politique, tandis que d’autres (soumises?) ne
«s’auto-suffisent» pas existentiellement. Et la tutelle semble manipuler à plus
jamais leurs esprits.
«Nous avons constaté que les femmes ont acquis une
certaine éducation à la citoyenneté. Certaines femmes sont conscientes de cette
situation mais elles ne sont pas
encouragées à mettre en pratique leurs idées. Nous demandons aux hommes de nous
laisser assumer notre responsabilité. Pourquoi s’ingèrent-ils dans notre avenir
et nos activités?», s’est-elle demandée.
Plusieurs électrices citadines, comme les paysannes,
trouvent des obstacles dans le processus de vote. Outre, les charges qui lui
sont imposées au foyer, l’infrastructure et l’ingérence de l’homme ne
l’encouragent non plus à prendre des décisions, alors que dans les pays
scandinaves, la question du travail au foyer est dépassée.
«Nous souhaitons que l’inscription des femmes, aux
prochaines élections, soient automatiques, car plusieurs femmes de zones
rurales qui n’ont pas de carte d’identité ou habitent dans des régions
enclavées sont exclues de ce processus», nous a affirmé Mustapha Touati, coordinateur
de projets au FACT.
La scientificité de la parité
Touati avait conduit une recherche basée sur des sondages
dans le grand Tunis, sur la participation des femmes à la vie politique, basée
sur des sondages dans le grand Tunis, avec un échantillon de 300 femmes.
Un Rapport sur cette recherche sera publié
officiellement en juillet 2014. 172 femmes parmi cet échantillon encouragent
leurs filles à faire de la politique, les autres affirment que la politique est
une priorité pour l’homme car il assume plus les responsabilités.
D’après 130 femmes, leurs chefs de famille leur
interdisent de faire la politique.
«La participation des femmes à la politique est minime,
notamment dans la région du nord-ouest. Dans cette région, les femmes assurent
un double travail, la terre et le ménage», nous affirme Touati.
La parité quoique mentionnée dans l’article 46 dans la
nouvelle constitution, semble être étrangère à la mentalité de certaines
femmes, d’après les indicateurs soulevés par la recherche du FACT.
L’image de la femme politique dans la société
tunisienne est divisée, dans les schémas mentaux, entre deux grandes
couleurs : laïque et religieuse. Dans ce sens, l’ONG "Search For
Common Ground" (SFCG) avait organisé, le 25 mars, une cérémonie de clôture
du projet de dialogue entre femmes religieuses et laïques. La conclusion à
laquelle ont abouti les sessions de dialogue entre les deux parties :
«religieuses ou laïques, ces femmes sont finalement toutes tunisiennes et
doivent être d’accord de ne pas être d’accord pour relever les défis qui se
présentent à la Tunisie».
Cette thèse est confirmée. En marge de la journée
d’étude du FACT, Hajar Azaiz, députée, représentante d’Ennahda, à la Commission
des droits et des libertés à l’Assemblée nationale constituante (ANC) (dont la
composition a été basée sur un système de parité), nous a déclaré qu’au sein de
la commission présidée par Souad Abderrahim, les femmes étaient «plus
sérieuses et assidues», en référence à l’absentéisme qui avait secoué, à
plusieurs reprises, l’ANC. «Nous étions, nous les femmes, réservées parce que
nous n’étions pas habituées à nous exprimer en politique. Mais aujourd’hui nous
avons pu démontrer notre compétence», nous a-t-elle affirmé.
«De gauche ou de droite, nous, les femmes, parvenons à
un terrain d’entente au sein de notre commission, car c’est la femme qui parle.
Mais dès qu’il s’agit d’un débat à large échelle dans l’ANC, la femme se
convertit en porte-parole de parti», a-t-elle souligné, appelant les médias à être
neutres et à ne pas omettre l’existence d’une majorité de femmes "nahdaouis"
dans l’assemblée.
Pour sa part, Najoua Mkhlouf, coordinatrice nationale
de la femme ouvrière à l’UGTT, estime que plusieurs femmes tunisiennes,
notamment les activistes et syndicalistes, ont milité, pendant plusieurs années
pour la cause féminine, soulignant que l’absence de la femme est une
responsabilité attribuée à chacune des deux parties : le système politique et la mentalité des femmes.
Des solutions
Hilary Clinton, Catherine Ashton, la nouvelle maire de
Paris et bien d’autres personnalités font couler beaucoup d’encre. L’exception
fait le bruit.
Lors de cette journée d’étude, les femmes, de
différentes idéologies, ont élaboré une série de recommandations. Hajar Azaiz
appelle à la concrétisation d’une parité électorale non seulement verticale
mais aussi horizontale.
Les différentes parties ont réclamé le lancement d’une
campagne médiatique de sensibilisation, car la question de la parité ne se
résume pas seulement à la loi.
Les mentalités aussi devraient changer, soulignent les
femmes. La femme doit également avoir confiance en elle et se battre contre
toute forme de violence.
Les systèmes normatifs de toute société circulent des
sous-systèmes de valeurs et de coutumes, souvent admis et rarement
périphériques. A travers les médias, la femme se construisait un modèle-unique
de sa société, même avec la mondialisation plusieurs stéréotypes ont été
reconstruits. Dans la publicité et les débats, on voit très rarement la femme
politique, mais par contre nous trouvons souvent une femme objet si comme
sujet, on ne la présente pas comme médecin, cheffe cuisinière ou professeure
(des métiers softs).
Mais les sujets dits sérieux sont débattus, notamment
sur les plateaux TV, essentiellement par des hommes et accessoirement, pour ne
pas dire jamais, par des femmes. Ceci est-il du à une négligence ou à une imposition?
La femme n’a ni d’intérêts ni de positions? La question mérite toute une
réflexion.
Chaïmae BOUAZZAOUI
Commentaire d’un internaute sur la parité homme-femme
en Tunisie (site de Mosaïque).
C'est
ridicule cette parité forcée, c'est une insulte aux compétences et à
l'intelligence des femmes. Elle n'existe nul part ailleurs au monde. Homme
tunisiens, vous devez constituer une association des hommes tunisiens
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