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13 juin 2011

Un chroniqueur jordanien : le droit de retour est une exigence irréaliste

Réagissant à l'initiative de paix pour le Moyen-Orient du président américain Barack Obama, incluant la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967, mais non le droit de retour pour les réfugiés palestiniens, le Dr Fahd Al-Fanek, ancien président du Conseil du quotidien gouvernemental jordanien Al-Rai, met en garde l'Autorité palestinienne contre le rejet d'un tel plan, estimant que le droit au retour est une exigence irréaliste. Extraits: [1]

Lorsque le président américain Barack Obama présente un projet de règlement global du problème palestinien, il le considère comme réalisable, vu qu'il ne le présenterait pas s'il n'avait au préalable obtenu l'approbation du côté israélien. La question est donc de savoir comment l'Autorité palestinienne régira.

La solution d'Obama sera la création d'un Etat palestinien dans les frontières du 5 juin [1967], avec échange de territoires agréé des deux côtés, et ayant pour conditions le renoncement au droit de retour des réfugiés palestiniens, et que [les Palestiniens] se satisfassent d'un retour des réfugiés aux frontières de l'Etat palestinien, pour ceux qui le souhaitent.

Il y a ceux qui disent que la partie américano-israélienne ne proposerait pas cette résolution si elle ne savait pas [déjà] que l'Autorité palestinienne la rejetterait ; si elle avait estimé possible que l'Autorité [palestinienne] renonce au droit de retour en échange d'un Etat, elle n'aurait jamais fait cette proposition.

Le commentateur réaliste est toutefois en droit de dire que le rejet du plan Obama par l'Autorité palestinienne... signifie que les Palestiniens n'obtiendront ni Etat, ni droit [de] retour...

Il semble que l'Autorité palestinienne conserve un espoir, même léger, de voir se concrétiser le droit de retour des réfugiés en Israël. Mais une analyse réaliste doit reconnaître que le retour [des réfugié] est impossible dans le cadre d'un règlement pacifique, vu qu'Israël n'a nullement l'intention de [renoncer à son identité] d'Etat juif. Seule une défaite militaire pourrait contraindre Israël à reconnaître le droit de retour, ce qui n'est pas à prévoir dans un avenir proche.

Pour ce qui est du long terme, avec le temps, le droit de retour devient de moins en moins réalisable, même s'il est une option formelle. Déjà aujourd'hui, aucun Palestinien de moins de 70 ans en diaspora ne connaît la Palestine.

En outre, la plupart des villages palestiniens auxquels [les réfugiés] demandent de revenir n'existent plus, et la plupart des Palestiniens vivant en diaspora ont obtenu la nationalité étrangère et se sont installés dans leur pays de résidence. On se souvient encore de comment des dizaines de hauts responsables palestiniens pour lesquels Yasser Arafat avait obtenu le droit de retour, et pour qui une [cérémonie] d'adieu avait été organisée sur le pont [Allenby], sont revenus à Amman en l'espace de deux semaines !

Face à cette occasion, nous ne devons pas oublier [de mentionner] que l'Initiative [de paix] arabe a supprimé le droit de retour en stipulant qu'elle serait acceptée par Israël, ce qui explique pourquoi, malheureusement, il ne reste plus qu'[à accepter] des réparations."

[1] Al-Rai (Jordanie), 29 avril 2011.

Source : MEMRI, 10 mai 2011 

Nota de Jean Corcos :
Cette position d'un intellectuel jordanien est remarquable, par sa lucidité et son courage: si les dirigeants arabes avaient fait sérieusement pression sur Arafat, puis sur Abbas, un accord de Paix aurait peut-être été déjà signé - au moins avec le gouvernement israélien précédent. "Israël n'a nullement l'intention de renoncer à son identité juive", voilà ce que l'on aimerait entendre aussi de la part de la communauté internationale, de façon à briser définitivement les illusions palestiniennes. Hélas, le mythique "droit au retour" continue d'être revendiqué, et il se transforme en un nouvel instrument de propagande comme on l'a vu récemment : à l'occasion du jour de la "Nakba", puis de celui de la "Naksa" - commémorations sinistres des défaites de 1948 puis de 1967 - on a vu des centaines de Palestiniens de Syrie se ruer sur la frontière du Golan - avec, à chaque fois, un lourd bilan de tués inutiles.