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19 mars 2016

Islam de France, relations avec l'Etat laïc : Gérard Fellous sera mon invité le 27 mars

Gérard Fellous

Nous nous retrouverons dimanche prochain pour la deuxième partie de mon entretien avec Gérard Fellous. Nous parlerons du deuxième tome de son livre, "A la recherche d'un islam de France", sous-titré "Relations instables de l'Etat laïc avec les institutions musulmanes", c'est publié aux Editions L'Harmattan. Un rapide rappel pour le présenter. Il a été très longtemps journaliste dans différents médias, mais surtout pendant plus de vingt ans le Secrétaire général de la Commission nationale consultative des droits de l'homme ; à ce titre, il a suivi de très près les problèmes sociétaux posés à la République, et parmi eux, il y avait tout ce qui touche à la symbiose entre les religions et la société civile, avec les enjeux et menaces pour la laïcité. Il était tout à fait naturel que l'émergence de la religion musulmane, devenue en quelques décennies la deuxième de France,  et ses relations avec la République attirent toute son attention. Son livre le fait, longuement puisqu'il représente près de 450 pages pour les deux tomes réunis. Lors de notre précédent entretien, nous avons été à la rencontre de l'islam de France dans sa diversité et sa complexité. Et dimanche prochain, nous allons parler des rapports entre les institutions musulmanes et l'Etat, pour la période sur laquelle il a réuni une impressionnante documentation, et qui va en gros de la constitution du CFCM au début des années 2000 jusqu'en 2015, son livre étant sorti quelques semaines avant les attentats du 13 novembre.

Parmi les questions que je poserai à Gérard Fellous :

-        A propos de la création du CFCM, en 1997 Jean-Pierre Chevènement, Ministre de l'Intérieur et des Cultes lance une consultation, en arabe "Al Istichara". En 2000, 13 associations cultuelles sont consultées, l'Etat propose une sorte de contrat, et déjà dites-vous, il y a une forme de recul des Autorités, bien que les représentants de l'islam aient accepté l'article 1er de la Constitution sur le caractère laïc de l'Etat et la Loi de 1905 : pourriez-vous expliquer à nos auditeurs pourquoi ?
-        En 2002, la Droite revient aux affaires, et le nouveau Ministre de l'Intérieur chargé des cultes, Nicolas Sarkozy, veut que l'affaire soit conclue rapidement, en faisant le calcul de placer l'UOIF comme interlocuteur privilégié avec les deux autres grandes fédérations, la FNMF (sous obédience marocaine) et la Fédération de la Grande Mosquée de Paris. Le CFCM nait en avril 2003, Quatre missions lui sont attribuées selon ses statuts, défendre les intérêts du culte musulman, organiser les relations entre les différents lieux de culte, dialoguer avec les pouvoirs publics et dialoguer avec les autres religions. Mais aucun dossier de fond comme la formation des Imams, le financement des Mosquées ou la gestion de la viande Hallal n'a avancé. Quelles sont les raisons de cet échec ?
-        En ce qui concerne les propos et orientations de Nicolas Sarkozy, on redécouvre une inconstance totale entre 2002 et 2011, avec au début une sorte de soutien à une société multiculturelle, l'intronisation de l'UOIF comme interlocuteur respectable, et même l'appel au Cheikh d'Al Ahzar, pour émettre depuis l'Etranger une "fatwa". Et puis après, changement de cap complet, c'est le débat imposé sur "l'identité nationale" qui a braqué les Musulmans, et un discours assez agressif qu'il continue d'ailleurs maintenant, en semblant s'adresser aux mêmes électeurs que Marine Le Pen : que faut-il en penser ?
-        A propos de la formation des imams : c'est un dossier pour lequel l'inaction du CFCM a été total. Pour ce qui concerne les différentes grandes fédérations musulmanes, elles se contentent surtout d'importer des imams du Maroc, d'Algérie, ou de Turquie. Malheureusement, en France même la formation la plus importante est donnée à des centaines d'étudiants dans un Institut d'Etudes coraniques proche de l'UOIF, à Château Chinon. Les Autorités de l'Etat ont tapé du poing sur la table pour exiger des Imams la maîtrise de la langue française, et la connaissance du cadre de la Laïcité : mais on est très loin du compte, parce que d'une part, et malgré les déclarations de bonne intention du CFCM, celui-ci n'est élu que par 40 % des lieux de culte environ ; et d'autre part, parce que l'Etat - en raison de la Loi de 1905 - ne peut ni subventionner la formation des imams, ni a fortiori les rémunérer : quelles sont les pistes pour sortir de cette impasse ?
-        Comment a réagi le CFCM après la création par l'Etat de "l'instance nationale de dialogue" après les attentats de janvier 2015 ? Par rapport à une crispation naturelle de la société française suite à l'état de guerre où nous vivons, vous faites état de plusieurs sondages au chapitre 9 : quelles leçons en tirez-vous ?

Des sujets qui ont déchiré l'opinion, et que pourtant l'auteur a cherché à présenter avec calme et recul : soyez nombreux à l'écoute !

J.C