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10 décembre 2007

Visite de Kadhafi en France : la protestation courageuse de Rama Yade



Rama Yade
(photo tirée du site du Ministère des Affaires Etrangères et Européennes)

Introduction :
Au delà du débat - sans fin - entre avocats de la "realpolitique" et défenseurs d'une moralisation des relations internationales ; en oubliant un moment que ceux qui s'indignent aujourd'hui (en particulier à gauche) ont été bien silencieux pendant la longue "lune de miel" entre la France et l'Irak de Saddam Hussein ; en imaginant - mais je n'y crois guère - que Kadhafi soit devenu un partenaire fiable des Occidentaux (les Américains disaient pendant la "Guerre froide" à propos de nombreux dictateurs : "ce sont des salauds, mais ce sont les nôtres") ; il aurait été insupportable que notre Secrétaire d’État chargée des Droits de l'Homme resta silencieuse, alors que notre pays recevait en grandes pompes le plus ancien dictateur d'Afrique ... et le fait qu'elle soit d'origine africaine donne encore plus d'éclat à son coup de gueule dans "Le Parisien". Bravo Rama Yade, en espérant que vous ne perdrez pas votre place suite à ce coup d'éclat !
Ci-dessous, quelques extraits de la dépêche de Reuters rapportant ses propos.
J.C

Paris (Reuters) - La secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade, émet certaines réserves concernant la visite du colonel Mouammar Kadhafi en France, pointant notamment le fait qu'elle coïncide avec la Journée mondiale des droits de l'homme, et estimant que la diplomatie française doit exiger du numéro libyen des garanties dans le domaine des libertés individuelles.
"Je ne partage pas l'indignation automatique de ceux qui excluent tout dialogue avec la Libye. Mais je ne peux pas dire non plus que je suis heureuse de cette visite. Parce qu'elle coïncide avec la Journée mondiale des droits de l'homme. Le choix de cette date est un symbole fort, je dirais même scandaleusement fort", déclare-t-elle dans une interview que publie Le Parisien/Aujourd'hui lundi, jour où le colonel Kadhafi entame une visite officielle de cinq jours en France.
Samedi, au sommet
Union Européenne-Afrique de Lisbonne, le président Nicolas Sarkozy a déclaré à Kadhafi qu'il était "heureux" de le recevoir à Paris.
Pour Rama Yade, "Il serait indécent (...) que cette visite se résume à la signature de contrats ou ... d'un chèque en blanc. Peut-on accorder une visite absolue à celui qui demande d'être traité comme n'importe quel chef d'Etat et qui, avant même d'être arrivé sur le sol français, affirme que le terrorisme est légitime pour les faibles?"
Tout en qualifiant les attentats du 11 Septembre d'"acte de folie", Kadhafi a estimé récemment qu'il ne fallait "pas s'étonner" que les personnes aient recours à de tels actes en réaction au déséquilibre des pouvoirs dans le monde et aux tensions que ce déséquilibre nourrit, selon lui.
"Notre pays, continue Rama Yade dans l'interview, ne tire pas seulement son prestige de sa puissance économique, mais aussi des principes et des valeurs qui font que la France est un pays semblable à nul autre."
Selon elle, "Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort".Rama Yade rappelle qu'"Il y a des disparus dans son pays (la Libye), dont on ne sait pas ce qu'ils sont devenus. La presse n'est pas libre. Des détenus sont torturés".
"La réintégration du colonel Kadhafi passe aussi par le respect des droits de l'homme", estime la secrétaire d'Etat, selon laquelle "la France n'est pas qu'une balance commerciale" - allusion aux contrats susceptibles d'être signés durant la visite du numéro un de la révolution libyenne.