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08 décembre 2006

Diner de Dames à Jérusalem

Tzipi Livni et Ségolène Royal
Jérusalem, 3 décembre 2006

La politique est un art merveilleux pour acteurs doués ... Bernard Tapie est sans doutes le plus complet de nos comédiens, puisqu’il s’est essayé - dans l’ordre - dans les affaires, les clubs olympiques, la politique, les planches de théâtre et les séries télévisées. Soit dit sans ironie, d’ailleurs, car il faut une solide personnalité pour assumer plusieurs personnages : Tzipi Livni, Ministre des Affaires Étrangères d’Israël, a ainsi connu une période « grise » durant ses jeunes années, où elle travailla pour le Mossad ... On espère qu’il lui en reste de solides réflexes pour « sonder » ses interlocuteurs. Ainsi, ce fut le premier membre du gouvernement à recevoir Ségolène Royal - lors d’un dîner intime dans un charmant restaurant près du Moulin de Montefiore, face à la vieille ville -, après son début de tournée agité au Liban, et la fameuse affaire de la tirade du député du Hezbollah, dont elle n’aurait eu la traduction complète que le lendemain matin.

Une réception israélienne qui fut d’un bout à l’autre digne d’un futur Chef d’État, en parfait contraste donc avec les réactions fortement négatives du CRIF (lire communiqué du 4 décembre) ; qui changea fortement de tonalité le lendemain, au vu des déclarations étonnamment sympathiques de la candidate à Jérusalem (lire communiqué du 5 décembre). Dans l’intermède, un violent incident opposa le porte-parole du P.S, Julien Dray, à une personnalité du CRIF croisé dans un hôtel, comme le révèle Daniel Ben Simon dans le « Haaretz », incident où l’organisation centrale de la communauté juive française fut accusée de parti pris pro Sarkozy !

Comédie ou changement d’humeur ? La même candidate socialiste qui critiqua les survols du Liban par l’armée de l’air d’Israël lors de sa visite à la FINUL le vendredi 1er décembre, en comprit la nécessité le lundi 4. La même qui voulait « parler à tout le monde » évita le Hamas à Gaza. Que penser de cette personnalité qui sans cesse semble s’adapter à ses interlocuteurs, s’interroge Albert Bellaïche dans Guysen ? En repensant à froid à cette tournée pleine de rebondissements, je me dis que sa pire erreur fut de ne pas analyser correctement les évènements en cours au Liban, en disant en gros de la tentative de putsch du Hezbollah qu’elle prouvait la vitalité démocratique du pays (lire à ce sujet le remarquable article de Sylvain Attal sur son blog).

En tout cas, après avoir écrit sur elle un article bien sévère et largement repris sur des sites communautaires, je ne demande qu’à m’être trompé sur le fond : peut-être que Ségolène Royal partait avec des préjugés anti-israéliens, et peut-être qu’elle a commencé à évoluer ; ou peut-être que tout cela prouve simplement qu’Israël joue finement, en n’intervenant pas dans le calendrier électoral de la France. Reste deux mystères à lever : son ambiguïté vis-à-vis du foulard islamique ; et la variabilité de ses positions, sur le Proche-Orient comme sur d’autres dossiers.

J.C