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11 février 2020

Les noisettes de Ferrero sont en partie cueillies par des enfants en Turquie




Le géant industriel se fournit essentiellement en Turquie où des enfants sont employés pour la récolte, travaillant de longues heures pour un salaire dérisoire.

Ce sont des aliments souvent appréciés par les enfants. Et la jeunesse n'est pas la seule à consommer la pâte à tartiner aux noisettes Nutella, Ferrero-Rocher et autres Kinder, commercialisés par l'entreprise italienne Ferrero. Si ces produits sont connus dans le monde entier, on ignore pourtant qu'entre 70 et 75 % des noisettes du monde proviennent de Turquie. 
Ces noisettes sont principalement cueillies par les migrants, y compris les enfants, qui travaillent une dizaine d'heures sur des pentes raides. Le travail est pourtant interdit pour les moins de 15 ans en Turquie. "On commence à travailler à 6 heures du matin. On a une heure de pause le midi pour déjeuner", explique une adolescente de 15 ans à franceinfo. Comme le précise franceinfo, les enfants représentent 8, 5 % de la main-d'oeuvre.  
La plupart des cueilleurs sont des migrants saisonniers originaires des régions pauvres du sud et de l'est de la Turquie, principalement des Kurdes. Ils travaillent pour un salaire très bas, rapporte la BBC dans une enquête.  

Un salaire dérisoire

Le salaire officiel fixé par les autorités locales est en effet de 95 lires par jour, soit 15 euros. Calculé sur une base horaire, c'est moins que le salaire minimum net officiel turc de 2020 lires par mois, soit 321 euros, pour une semaine de 40 ou 45 heures.  
Mais à ce salaire, il faut retirer le montant d'une commission de 10 % payée à l'entrepreneur en main-d'oeuvre qui amène les cueilleurs, ainsi que le prix du billet aller-retour jusqu'à son domicile, précise la BBC, qui a suivi une famille pour son enquête. Il ne lui resterait donc plus que 50 lires, soit à peine 8 euros par jour. "J'emmène mon enfant de 11 ans au travail sinon je ne ramène pas d'argent à la maison", déclare un travailleur saisonnier interrogé par franceinfo. 
La Turquie compte environ 400 000 vergers familiaux de noisetiers, note la BBC. La plupart sont minuscules, quelques hectares. Au bout de la chaîne d'approvisionnement souvent complexe se trouvent des marques de confiserie turques et internationales bien connues, dont Ferrero. Ferrero achète environ un tiers de toute la récolte turque et produit 360 000 tonnes de Nutella chaque année. 

Ferrero "déterminé à prévenir et à éliminer le travail des enfants"

Interrogé par le Guardian, qui a publié l'enquête de l'ONG WeMove Europe, Ferrero a reconnu être au courant du travail des enfants turcs dans le secteur agricole mais a déclaré qu'ils étaient "déterminés à prévenir et à éliminer le travail des enfants tout au long de nos chaînes d'approvisionnement".  
Ferrero a également précisé qu'elle ne possédait ni ne gérait de fermes de noisettes en Europe. "La complexité de la chaîne d'approvisionnement des noisettes signifie qu'elle ne peut pas être transformée par un seul acteur", a déclaré un porte-parole de Ferrero interrogé par le Guardian. "La coopération est absolument essentielle pour s'attaquer au problème du travail des enfants", a ajouté Ferrero. 
Sur son site Internet, Ferrero, précise que "la traçabilité est essentielle pour garantir les normes de qualité de la production et des produits". L'objectif de l'entreprise est de rendre ses noisettes 100 % traçables d'ici 2020. Mais, selon son dernier rapport daté de 2018, il n'a atteint actuellement que 39 % de traçabilité.  
Dans une pétition, WeMove Europe, partenaire de Center for Child Rights en Turquie, qui a récolté cet été des preuves vidéo du travail des enfants, "exhorte Ferrero à mettre fin immédiatement au travail des enfants et à soutenir un prix juste et équitable des noisettes turques afin que les travailleurs perçoivent un salaire décent".  

L'Express, 24 décembre 2019