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10 juillet 2016

Disparitions ... et réapparition

Michel Rocard

Elie Wiesel manifestant à l'ONU (Genève) contre Mahmoud Ahmadinejad
 
Comme je vous l'ai annoncé il y a quelques semaines, des soucis familiaux m'ont contraint à déserter le blog quelques temps. J'ai donc choisi ce titre, un peu étrange, pour deux sujets bien différents : d'abord vous informer que le blog reprend une activité, même en pointillés et seulement pour la prochaine quinzaine ; et ensuite pour évoquer la disparition de deux personnalités, décédées toutes les deux le même jour, samedi 2 juillet.

Michel Rocard, d'abord. Soyons honnête, je n'ai pas à proprement parler de souvenirs personnels à évoquer le concernant. Sauf un, celui d'une soirée dédicace avec l'historien israélien Emmanuel Sivan il y a déjà 20 ans. Nous étions en 1996, une terrible vague d'attentats du Hamas venait de secouer Israël - elle allait quasiment ramener au pouvoir le Likoud aux élections suivantes. Assistait au débat Michel Rocard, assis au premier rang. Je me souviens précisément que lui-même et l'historien semblaient minimiser la portée à long terme de ces attentats, comme si ces islamistes là étaient des bricoleurs mal structurés et sans réel avenir : l'Histoire des deux décennies suivantes est bien sûr venue balayer ces illusions. Autre souvenir, aussi,  j'avais fait dédicacer l'ouvrage du professeur Sivan, "L'Histoire vue par les Arabes" ; et Michel Rocard avait bien voulu joindre sa signature aussi en dédicace ... hélas, je n'ai pas retrouvé - pour l'instant - cet ouvrage, ma bibliothèque était envahi comme vous l'imaginez, par des dizaines de livres, traités ou non dans l'émission.

A noter, toujours à propos de Michel Rocard, la légende tenace d'un antisionisme radical qui a circulé dans la communauté juive : j'ai lu, dans les pages d'ami(e)s sur Facebook, bien des horreurs à ce sujet. Mon ami Jacques Benillouche a eu le grand mérite d'écrire un article très bien documenté sur le sujet, livrant un portrait objectif de l'homme politique quant à ses positions vis à vis d'Israël et des Palestiniens : lire sur ce lien .

Deuxième disparition, Elie Wiesel. Soyons honnête à nouveau, je ne l'ai pas vraiment connu, n'ayant pris le temps ni de découvrir son œuvre littéraire, ni de suivre les conférences qu'il donna, régulièrement, lors de passages à Paris. Mais je l'ai vu et surtout entendu, dans deux circonstances où son témoignage inguérissable de la Shoah venait rencontrer l'actualité du Moyen-Orient, et quelle actualité ... celle d'une grande nation, l'Iran, dont les dirigeants proclament à la face du monde leur souhait de détruire l'Etat d'Israël. Je vous invite à cliquer sur son nom en libellé pour accéder aux articles du blog où furent évoquées ces rencontres, donnons juste deux liens ci-dessous.

A Sciences Po, le 17 décembre 2006, Elie Wiesel fit partie des 17 intellectuels venus réclamer au monde de la fermeté face à l'Iran, alors présidé par l'horrible Mahmoud Ahmadinejad : je me souviens de ces propos, quand il avait dit qu'il n'avait jamais été aussi angoissé depuis 60 ans ... hélas, la réintégration de la République Islamique dans le concert des nations ne nous a pas rassurés ensuite, bien au contraire. Souvenir plus heureux, Genève en Avril 2009 : une très forte délégation juive était venu assister à la conférence des Nations Unies sur les Droits de l'Homme, où l'on craignait un "hold-up" antisioniste et islamiste comme en 2009. Venu aussi, Ahmadinejad qui fut copieusement hué ... ah le beau souvenir ! Dans la délégation juive, Elie Wiesel .

"Elie Wiesel a d’abord parlé, d’une voix sourde, angoissée, et qui rappelait l’essentiel : « ce n’est pas un hasard si Ahmadinejad veut à la fois nier la Shoah et détruire Israël, il veut être celui qui fera mieux que Hitler » ; il a rappelé que Rafsandjani, celui que l’on présente comme un modéré, avait dit qu’en cas de conflit nucléaire il resterait quelques dizaines de millions d’iraniens survivants, et que de tels propos faisaient très peur parce qu’avec un tel fanatisme la dissuasion ne marche pas ; et il a dit que l’antisémitisme était une maladie qui ne guérit jamais !"

Jean Corcos