La poussée islamiste aux législatives en Tunisie a provoqué l’inquiétude notamment après les déclarations des salafistes appelant à imposer le foulard aux touristes étrangères, leur interdire d’aller à la plage en maillot de bain, ou encore bannir l’alcool dans les stations touristiques.
Aujourd’hui, après plus de quatre mois de l’arrivée du gouvernement islamiste du Premier Ministre tunisien Hamadi Jebali, l’industrie touristique est en pleine transformation. La Tunisie se tourne désormais vers le tourisme à caractère islamique. Le gouvernement a convié récemment une cinquantaine de responsables d’associations musulmanes françaises afin de leur présenter la nouvelle stratégie touristique du pays : hôtels plus respectueux de la morale islamique, piscines non mixtes, forfaits sans alcool.
Le gouvernement d’Ennahdha planifie une reconversion forcée des hôtels, une manière de les mettre devant le fait accompli en prenant à témoin une opinion publique musulmane a priori favorable à ce type de transformations. En effet, la mode Tourisme "Halal", née à Dubaï et dans les pays du Golfe, a commencé à avoir le vent en poupe immédiatement après la révolution tunisienne.
Une reconversion qui n'est pas du tout du goût de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie, une institution importante, chargée notamment du contrôle de la qualité de service, dans un pays où le tourisme compte pour près de 10% du PNB, assure près d'un tiers des rentrées en devises et emploie plus de 12% de la population active.
Les partisans du "tourisme islamique" ont multiplié les initiatives et plans marketings, les conférences régionales et les inaugurations d'"hôtels conformes à la charia" selon leurs propres termes. Un homme d'affaires saoudien du nom de Abdel Aziz Ibrahim est attendu en Tunisie, dans quelques jours, pour planifier un mode de financement de ce nouveau concept de tourisme, respectant les préceptes islamiques. De plus en plus développé, les "transformations islamiques" seront visibles par des plages aménagés pour femmes, des chambres d'hôtels avec tapis de prière et Coran à disposition. Ces hôtels bannissent alcool et boîtes de nuit, prévoient des piscines uniquement pour femmes mais aussi des "Women Floor" – étages uniquement pour femmes. L’ Hotel, Russelior, situé à Hammamet est un hôtel 5 étoiles de luxe est en passe de devenir le premier hôtel pour "tourisme islamique". Cet hôtel « halel » est sans alcool et sans night club. Il a été inauguré dans le cadre de ces «hôtels alternatifs» qui vont se multipliés et seront au nombre d'une trentaine en septembre prochain.
Et c'est justement le succès d'un tel phénomène que craignent les présidents des fédérations professionnelles qui estiment que la propagation de ce genre tourisme à caractère islamique va atténuer du flux de touristes occidentaux. La Tunisie a été depuis toujours une des destinations privilégiés pour les européens.
Parallèlement, le ministère du Tourisme poursuit ses campagnes de promotion et de publicité, par médias français interposés. La chaîne francophone TV 5 continue de faire passer les insertions publicitaires et les publi-reportages du tourisme tunisien.
A rappeler qu’un plan d’action a été lancé en vue d’intensifier les campagnes publicitaires sur les chaînes européennes, moyennant des enveloppes supplémentaires conséquentes. En effet, un spot publicitaire de 30 secondes diffusé au cours d'une tranche horaire de grande audience, coûte 100 mille Euros (environ 190 mille dinars). Alors que le budget qui sera consacrer par le ministère du Tourisme aux campagnes publicitaires s’élève à 55 millions de dinars (soit 27 millions d’euros). Ces opérations serviront à renforcer les campagnes de communication institutionnelle et les opérations de publicité conjointes avec les principaux tour-opérateurs européens, qui sont effrayés par l'islamisation du secteur du tourisme local.
Ftouh Souhail,
Tunis