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17 avril 2009

Un grand quotidien saoudien : L´Iran était autrefois un pays sunnite

Introduction :
Un nouvel et excellent article publié sur l’édition en français de « Memri », qui illustre la rivalité croissante entre les deux grandes puissances du Golfe (Iran et Arabie Saoudite), et surtout qui montre l’importance du passé et de la religion dans les relations régionales ... bonne lecture !
J.C

De récentes déclarations de hauts responsables iraniens revendiquant certaines régions du Golfe (1) ont exacerbé le conflit entre axe iranien et axe égypto-saoudien. (2) Le quotidien saoudien Al-Watan a ainsi publié un article virulent du directeur de la branche de Riyadh, Suleiman Al-Uqeili, au sujet du passé sunnite de l´Iran. L´article, intitulé "Droits des sunnites en Iran", affirme que l´Iran était autrefois un pays sunnite, mais que sa population sunnite a été contrainte de se convertir au chiisme au XVIème siècle.

Ci-dessous des extraits de l´article :

L´Iran était sunnite jusqu´au XVIème siècle"Jusqu´au Xème siècle de l´Hégire [XVIème siècle de l´ère chrétienne], l´Iran était un pays sunnite. Quand le Shah safavide Ismaïl (1) est arrivé au pouvoir en l´an 907 du calendrier musulman [1502 de l´ère chrétienne], il a forcé les sunnites à se convertir au chiisme en les sommant de choisir entre la conversion ou la mort. Il était très zélé et n´hésitait pas à prononcer le meurtre de quiconque désobéissait à ses instructions ou ne s´y conformait pas. On raconte que plus d´un million de sunnites ont été tués [pendant son règne]. La politique de persécution des sunnites s´est poursuivie pendant les périodes [qui ont suivi] en Perse [jusqu´à aujourd´hui], après la Révolution islamique.
Bien qu´un million et demi d´habitants originaires de Téhéran soient sunnites, ils n´ont pas une seule mosquée où prier et se rassembler. Parallèlement, [Téhéran a] des églises chrétiennes, des synagogues juives et des temples zoroastriens. Un citoyen musulman sunnite ne peut avoir de poste haut placé dans l´Etat [iranien], même en étant très instruit et en bénéficiant d´un soutien populaire important (...)"
"D´importants efforts sont déployés pour "persaniser" la région arabe du Khuzestân"
"D´importants efforts sont déployés pour "persaniser" la région arabe du Khuzestan (Arabistan), et la ville Al-Ahwaz, riche en pétrole, bien qu´elle soit située au sud ouest de l´Iran, où la majorité de la population est arabe sunnite. Les habitants arabes sont chassés de leurs foyers, notamment les sunnites, et remplacés par des familles d´origine perse. Les régions sunnites, aussi bien à l´ouest qu´à l´est de l´Iran (au Baloutchistan) sont soumises à une politique de marginalisation délibérée au niveau du développement, menée par l´exclusion des habitants des positions [gouvernementales].
Cette attitude raciste vise non seulement les sunnites, mais tous les Arabes [en Iran]. Des plaisanteries tournent les Arabes en dérision, et les gardiens (arabes pour la plupart) ont pour obligation de porter une ghutra [couvre-chef arabe local], afin d´être humiliés et différenciés des Iraniens. Quand je me suis rendu en Iran en 2002, j´avais un chauffeur irakien et un interprète. Il se plaignait de ce que les Iraniens traitent mal les Arabes et les méprisent, affirmant qu´il aurait aimé ne pas vivre à Téhéran ...
En Iran, les oulémas et les dirigeants arabes et sunnites se font tuer, les militants civils sont arrêtés et l´on tente de réprimer la culture arabe. Malgré cela, les organisations des droits de l´Homme gardent le silence - comme si elles s´étaient liguées avec le régime des mollahs. Rien n´a été dit, mises à part quelques faibles protestations contre ce qui est arrivé à l´avocate iranienne Shirin Ebadi. Le traitement réservé aux Arabes sunnites a été dénoncé pour la dernière fois il y a quatre ans, quand l´organisation Human Rights Watch, dans son rapport international de 2005 (...) a décrété que les minorités ethniques et religieuses d´Iran subissaient encore la discrimination et même l´oppression."
"(...) le régime iranien ne cessera pas de s´ingérer dans les affaires des [pays] environnants"
"Bien que l´[establishment] iranien soit aussi fragile que s´il était en verre, le régime iranien ne cessera pas de s´ingérer dans les affaires des [pays] environnants. Il s´infiltre dans les institutions culturelles et médiatiques, enflamme les minorités, propage le sectarisme, forme des partis religieux, plante ses griffes dans la politique intérieure [des pays arabes] et persiste à soutenir l´extrémisme sunnite afin de déstabiliser ces pays au niveau de leur politique intérieure et sociale."

Notes :
(1) Dans un discours du 10 février 2009 prononcé à Mashhad à l´occasion du 30ème anniversaire de la Révolution islamique, Ali Akbar Nateq-Nouri, conseiller du Guide suprême iranien Ali Khamenei, a déclaré : "A l´époque de l´incompétent [Shah] Reza Pahlavi, l´une de nos provinces nous a été confisquée : celle que l´on appelle aujourd´hui "Bahreïn" (...) Bahreïn était alors la 14ème province [de l´Iran] et avait même son propre représentant au Majlis (...)" (Khorasan, Iran, 11 février 2009)
L´Iran et les Etats du Golfe se disputent en outre la souveraineté sur les trois îles de la Grande Tunb, la Petite Tunb et Abu Moussa.

(2) Voir MEMRI Inquiry and Analysis No. 492, "An Escalating Regional Cold War - Part I:
The 2009 Gaza War,
http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA49209.
(3)Al-Watan (Arabie saoudite), 23 février 2009.

Dépêche spéciale MEMRI n°2256