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12 octobre 2008

N'abandonnons pas Mohamed Sifaoui


Je publie - avec un peu de retard - une pétition parue dans le journal « Le Monde » le 13 août dernier, pétition réclamant que soit rendue à Mohamed Sifaoui une protection policière - protection qui lui a cruellement manqué il y a quatre mois, lorsqu’il a été agressé physiquement à la terrasse d’un café, par des islamistes voulant l’intimider. Un des objets, à la fois de mon émission comme du blog, est justement que des voix comme celle de Sifaoui continuent de pouvoir être entendues : aussi je m’associe pleinement à cette pétition, en vous invitant à la signer sur le site de la LICRA.

Un homme est en danger de mort pour ses idées, aujourd'hui, en France. Une fois de plus. Il y a eu Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Theo Van Gogh, assassiné en 2004, les dessinateurs danois, etc., mais c'était ailleurs, dans des pays, pouvait-on penser, moins solidement républicains que le nôtre. Puis il y eut Robert Redeker en 2006, et aujourd'hui, Mohamed Sifaoui, ici, en France. Mohamed Sifaoui doit se terrer, il craint pour sa vie et celle de ses proches. Qui est Mohamed Sifaoui et comment en est-on arrivé à cette situation où la France ne peut plus, voire ne veut plus, protéger l'intégrité et la liberté des citoyens ?

Mohamed Sifaoui est un journaliste algérien qui a dû, comme tant d'autres, trouver refuge en France à la fin des années 1990, après avoir subi plusieurs tentatives d'assassinat (la dernière en 1996, une bombe à son journal, Le Soir d'Algérie, qui visait directement la rédaction dont il faisait partie, a coûté la vie à 39 personnes dont 3 journalistes). "Musulman laïque et démocrate" ainsi qu'il se définit lui-même, réfugié politique en passe d'acquérir la nationalité française, Mohamed Sifaoui a enquêté sur les réseaux islamistes en France et en Europe, publié des livres, réalisé des reportages télévisés.
Son énergie et son courage en ont fait la bête noire des islamistes et, hélas, de trop d'idiots utiles, prêts à sacrifier la liberté de pensée et de débattre au "respect" d'une idéologie extrémiste dès lors qu'elle se réclame de (ce qu'ils voient comme) la religion des déshérités. A cause des menaces dont il est l'objet, il bénéficiait depuis janvier 2003 d'une protection policière. Il était obligé de vivre dans le secret et les précautions permanentes, mais du moins sa sécurité était-elle assurée, son travail et sa parole publique à peu près possibles, malgré ces entraves et l'intimidation.
Or cette protection a été supprimée en janvier sans que rien ne le justifie. Mohamed Sifaoui a été agressé physiquement à Paris le 13 juin. Il reçoit depuis des menaces de mort, comme celles qu'un "islamiste algérien"anonyme lui a adressées sans craindre d'utiliser un site Internet connu pour publier son appel au meurtre.
Ceux qui, tel le policier qui a reçu sa plainte, suggèrent qu'il est un "provocateur", qu'il n'aurait pas dû prendre un verre dans un café trop proche d'une mosquée d'obédience islamiste, ont déjà tout concédé aux fanatiques qui menacent aujourd'hui de mort Mohamed Sifaoui et tous ceux qui partagent ses convictions et son combat.

Si la France, si les autorités françaises abandonnent à leur sort Mohamed Sifaoui et avec lui tous les démocrates musulmans, ce n'est pas seulement leur vie et leur liberté qu'elles abandonneraient. La liberté pour Mohamed Sifaoui de vivre et de s'exprimer dans notre pays, dans son pays, est la nôtre. Sa protection doit être rétablie, sa liberté de travailler et de s'exprimer garantie. Ce n'est pas seulement à lui que nous le devons, mais à nous-mêmes.
Face à la violence et à l'intolérance, le prix de la liberté a augmenté. Prenons garde à ne pas la laisser sourdement grignotée par l'indifférence ou par la lâcheté, à ne pas accepter les arguments de l'indignation feinte et la violence calculée de ceux qui instrumentalisent la religion ou "la lutte contre les discriminations". Mohamed Sifaoui a choisi la France, faisons en sorte qu'il n'ait pas à le regretter et nous-mêmes à rougir de l'avoir abandonné.


Jean-Claude Buhrer, Chahla Chafiq, Jean-Francis Dauriac, Alain Finkielkraut, Elisabeth de Fontenay, Philippe Foussier, Patrick Gaubert, Sihem Habchi, Liliane Kandel, Patrick Kessel, Catherine Kintzler, Philippe de Lara, Michel Laval, Barbara Lefebvre, Marc Lefevre, Jean-Michel Quillardet, Jean-Robert Ragache, Robert Redeker, Alain Seksig, Richard Séréro, Antoine Sfeir, Dominique Sopo, Pierre-André Taguieff, Bernard Teper, Paul Thibaud, Michèle Tribalat, Baki Youssoufou, Michèle Vianès.
Pour signer cet appel, rendez-vous sur http://www.licra.org/