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01 septembre 2010

Dure rentrée, par André Nahum

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Bonjour,

Nicolas Sarkozy a probablement commis une erreur en s’en prenant à la communauté rom, et l’on peut comprendre que ce renvoi dans leur pays d’origine de centaines de personnes séjournant illégalement en France ait pu soulever l’émotion de certains, notamment au sein du clergé. Mais comparer leur sort comme l’a fait parait-il un prélat de haut rang, à celui des Juifs pourchassés par le gouvernement de Vichy et envoyés comme des bêtes dans des wagons de marchandises vers les chambres à gaz et les fours crématoires, est un amalgame intolérable qui insulte l’Histoire et la mémoire des six millions de Juifs morts en déportation dans d’atroces conditions. Quoiqu’en disent les falsificateurs de l’Histoire, ce qui s’est passé pour les Juifs (et pour les Tsiganes) de 1940 à 1945 est un fait unique, sans précédent depuis l’origine de l’humanité, car pour la première fois a été programmée et exécutée d’une façon systématique la destruction d’un peuple entier. Quel rapport peut-il y avoir entre la Shoah et le renvoi chez eux avec leur consentement et munis d’un petit pécule, d’immigrés clandestins dont on sait pertinemment que la plupart reviendront bientôt dans notre pays ? La Shoah dont il ne faut apparemment pas trop parler dans nos écoles publiques comme vient de le constater à ses dépens une professeure juive de Nancy, suspendue pour ce motif pendant quatre mois, sous prétexte “d’avoir manqué à ses devoirs de neutralité et de laïcité”.

Eh oui !

En Israël, comme si les problèmes extérieurs ne suffisaient pas, voilà qu’au boycott préconisé à travers le monde par les organisations pro-palestiniennes, s’ajoute maintenant un boycott “interne” israélo-israélien. Une cinquantaines d’artistes, appuyés par 150 universitaires et intellectuels, ont décidé de ne pas se produire dans les implantations de Judée Samarie, oubliant qu’elles avaient été créées par les gouvernements de gauche comme de droite qui avaient incité les Israéliens à s’y installer. Oubliant que leurs habitants ne sont pas forcément tous des intégristes illuminés, qu’ils appartiennent à tout l’éventail politique du pays et que rejetés et stigmatisés par une partie de la population, ils sont confrontés quotidiennement aux plus grands dangers - comme vient de le prouver le terrible attentat commis hier soir par le Hamas près de Hébron qui a fait quatre morts -, et vivent dans l’incertitude de leurs lendemains. Le moins que l’on puisse dire c’est que le moment est bien mal choisi et que cette initiative des artistes et des intellectuels ne facilitera pas les négociations que va entamer Netanyahou à Washington avec les Palestiniens. Négociations que le Hamas a voulu torpiller avant leur début avec l’attentat d’hier. Quelle aubaine inespérée serait pour les ennemis d’Israél une “guerre des Juifs” opposant ceux qu’on appelle des “colons” à la société Telavivienne ! Ils n’auraient plus alors qu’à se croiser les bras, compter les coups et attendre que l’état juif implose de lui-même, mettant un terme définitif au rêve sioniste.

Se trouvera-t-il d’un coté comme de l’autre suffisamment d’hommes et de femmes responsables pour éviter ce scenario catastrophe ?

Il faut l’espérer.

André Nahum
Judaïques FM, le 1er septembre 2010