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31 octobre 2008

Adnen Hasnoui, jeune journaliste tunisien, vient de déposer plainte contre Ahmadinejad devant la justice de son pays !

Introduction :
Décidément les bonnes surprises en provenance de Tunis sont nombreuses, et mon « correspondant » Souhail Ftouh ne manque pas de me les signaler. Vous découvrirez, en lisant le dernier article qu’il m’a envoyé, qu’il n’est pas le seul là-bas dans son combat courageux pour une Paix juste au Moyen Orient - donc qui ne passe pas Israël à la trappe, comme hélas ouvertement souhaité par trop d’élites du monde arabe. Cette fois, c’est un jeune journaliste, Adnen Hasnaoui, qui vient de déposer plainte ... contre le nabot antisémite Mahmoud Ahmadinejad, après son discours délirant devant l’Assemblée Nationale des Nations Unies.
Quelques précisions à l’attention des sceptiques et mal intentionnés qui prétendent - sur un site extrémiste -, que ces signatures sont factices, et issues (c’est selon le jour) soit de mon imagination (il faudrait que j’ai beaucoup de temps à perdre dans l’espace réduit de liberté dont je dispose en sortant du travail !), soit d’une manipulation des services tunisiens (il faudrait qu’il soient bien naïfs pour dépenser tant d’énergie pour mettre à jour le soutien quasiment naturel de ce blog et de ma modeste personne à la cause d’Israël) !
Mais redevenons sérieux :
- L'information est visible (en français) sur le site de l'auteur de la plainte http://www.adnen.katib.org/node/66.
- Le lien arabe est sur cette adresse : http://www.adnen.katib.org/node/65

- L’auteur de la plainte présente des justifications pour son action, ici : http://adnen.katib.org/node/68 (traduction par Souhail Ftouh de l'exposé en arabe).
- Enfin (et comme je l’ai fait dès le départ pour m’assurer de l’existence réelle de Souhail Ftouh), je lui ai téléphoné à Tunis à son numéro, et j'ai eu le plaisir de faire ainsi sa connaissance ! J'ai ainsi appris que, outre cette action d'éclat, il milite aussi pour une autre cause des Droits de l'Homme pratiquement niée dans le Monde arabe, le Darfour, ayant signé des pétitions dont ce blog s'est fait souvent l'écho dans le passé.
J.C

Le discours du président Iranien Mahmoud Ahmadinejad, devant l'Assemblée générale de l’Onu, du Mardi 23 septembre 2008 n’a pas cessé de susciter les réactions réprobatrices à travers le Monde. La dernière réaction en date vient cette fois de la Tunisie !
Adnen Hasnaoui un journaliste « militant pour la paix » vient de saisir la justice tunisienne le lundi 20 Octobre au sujet du discours sulfureux d’Ahmadinedjad qui menaçait une fois de plus le monde d’un nouveau génocide. Ce journaliste tunisien a effectivement présenté une plainte devant le Procureur de La République Tunisienne à Tunis accusant le président Iranien d’incitation à la haine. Selon son site Internet l’auteur de la plainte a fondé son action sur la fameuse loi antiterroriste votée en Tunisie depuis le 10 décembre 2003. Cette loi, qui qualifie comme « infraction terroriste » tous les actes d’incitation à la haine ou au fanatisme racial ou religieux, autorise en effet les tribunaux tunisiens à statuer sur des infractions terroristes commises au delà des frontaliers tunisiennes, même si les auteurs de ces infractions ne sont pas tunisiens ou si les intérêts des pays étrangers sont menacés ou en cas d’un acte jugé menaçant à la paix et à la sécurité dans le monde.
 

Faut t-il rappeler que les déclarations d’Ahmadinejad étaient d’une violence extrême le 23 septembre 2008 devant l’A.G des Nations Unis ? Le Président Iranien Ahmadinejad qui menaçait une fois de plus Israël de destruction, a prononcé un discours digne de la propagande hitlérienne. Ce sinistre individu, pathologiquement affecté de l’existence d’Israël a alors promis qu’Israël sera bien détruit « pour le bénéfice de l’humanité ». Adepte de « Mein Kampf » et des « Protocoles des Sages de Sion » il a distillé sa haine du Peuple juif à la face du monde en considérant les Juifs (désignés sous le nom de code bien connu de « Sionistes ») comme ceux qui « dominent le monde » « détruisent l’environnement et la solidarité entre les Nations » ... Puis, au coeur de son discours, il fait la dénonciation de la manipulation et de la domination des « peuples américains et européens » par une « minuscule minorité dominatrice et agressive », qui se considère comme « supérieure » et « agit dans le secret » ...
Il était normal donc que son discours haineux et antisémite diffusé à l’ONU suscite des réactions réprobatrices à travers le monde car l’Organisation a précisément été créée pour empêcher les génocides dans le monde. (le terme a été adopté après l’extermination des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale). Et offrir aujourd’hui une tribune au plus grand promoteur d’Holocauste de la période contemporaine, pose un problème existentiel à l’Onu. Ahmadinejad pourrait fort bien constituer une véritable menace pour l’unité de l’Organisation.
L’action de l’auteur de la plainte Adnen Hasnaoui devant la justice tunisienne constitue d’ailleurs une continuité de l’effort international à traîner le chef de la République islamique iranienne devant la justice internationale. Rappelons d’ailleurs que L'Australie s’active de poursuivre le président iranien Mahmoud Ahmadinejad devant la justice internationale pour incitation à la violence contre Israël. Selon le quotidien « The Australian » « Le président iranien a fait à plusieurs reprises des déclarations antisémites et a affiché sa détermination à rayer l'Etat d'Israël de la carte. Ces propos sont une incitation à la violence internationale », selon le Premier ministre australien, Kevin Rudd, le 14 mai 2008.
L’avocat et l’ancien ministre de la Justice du Canada, le montréalais Irwin Cotler, a appelé aussi le 17 mars 2008 la communauté internationale à agir contre le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avant qu’il n’exécute ses menaces de génocide contre Israël. M. Cotler s’est prononcé à l’occasion de la séance d’ouverture d’une conférence interdisciplinaire au Collège Herzliya sur « Les droits de l’Homme et la sécurité ». Cotler a présenté plusieurs études de cas de décisions rendues par un tribunal international qui a condamné des Rwandais, y compris un ancien premier ministre, d’incitation au génocide par le meurtre de centaines de milliers de Tutsis. En les condamnant, le tribunal a invoqué la Convention sur le génocide des Nations Unies, qui a établi les critères pour prouver le crime d’incitation au génocide sanctionné par l’état, dont l’intentionnalité a été démontrée par des appels publics au génocide et l’incitation directe par l’utilisation d’euphémismes et d’un langage déshumanisant. Les actions de Ahmadinejad ont prouvé qu’il était coupable d’incitation au génocide, a déclaré M. Cotler, et il devrait être arrêté avant qu’il n’ait la chance de mener à bien ses plans. « Il y a plus de preuves sur une base factuelle à l’égard de l’incitation au génocide approuvée par l’état dans l’Iran d’Ahmadinejad que nous en avons eues à l’égard d’un Rwandais reconnu coupable d’incitation au génocide au Canada », a déclaré M. Cotler .
« L’Ambassade Internationale Chrétienne » de Jérusalem a organisé aussi le 15 octobre 2008 une conférence au Palais des Congrès de la Capitale. Le but : convaincre le monde de poursuivre en justice le président iranien pour incitation au génocide. Parmi les personnalités présentes, le révérend Reza Safa, un iranien réfugié aux Etats-Unis. « L’International Christian Embassy Jérusalem » a déjà lancé une pétition pour traduire Mahmoud Ahmadinedjad en prison. 55 000 personnes à travers le monde l’ont déjà signé. De son côté, le Prix Nobel de la paix, Elie Wiesel a rejoint récemment un mouvement de personnalités et universitaires, décidé à initier des poursuites judiciaires à l’encontre d’Ahmadinejad. Le mouvement se dit en effet très inquiet devant les menaces régulières proférées par le président iranien envers Israël. « Le monde reste silencieux, comme il l’a été 70 ans plus tôt », se sont exclamés ses membres
Il convient de saluer aussi l'action entreprise par un groupe d'experts aux USA qui préparent le terrain pour poursuivre en justice le président iranien. Ils ont présenté à Washington un document qu'ils ont élaboré, dans lequel ils accusent Ahmadinejad d'incitation au génocide. L'initiative vient du Centre de Jérusalem pour les questions publiques et politiques et de l'ancien ambassadeur israélien à l'Onu, le docteur Dore Gold. Le groupe est composé de juristes, qui ont déjà mené une action contre les génocides perpétrés au Rwanda et au Darfour, de membres du gouvernement et de diplomates. Ils se sont réunis au mois de septembre dernier à Washington pour entamer une action publique en vue de démontrer qu'Ahmadinejad n'a aucune légitimité et n'est qu'un criminel de guerre. Gold a résumé la situation en affirmant que « Ahmadinejad devait s'asseoir sur le banc des accusés pour incitation au meurtre au lieu de siéger à l'Assemblée générale de l'Onu ». Le manifeste, qui contient 70 pages, présente les déclarations du président iranien ainsi que les justifications juridiques prouvant qu'il doit être poursuivi par un tribunal international pour ses incitations au génocide. Le document comprend également des conseils prodigués au Conseil de Sécurité de l'Onu, à l'Union européenne et à d'autres états, sur les mesures à prendre contre le président iranien.
Avec cette plainte présenter contre Ahmadinejad devant la justice tunisienne, il est possible de s’apercevoir non seulement de la confiance que les Tunisiens ont dans leur système judiciaire qui ne place personne au dessus de loi mais aussi de l’engagement courageux de la Tunisie dans la lutte contre le terrorisme, et la promotion de la paix dans le monde. Nous ne pouvons donc que féliciter grandement l’initiative de notre compatriote tunisien Nous espérons que sa plainte sera entendue. Nous aimerions être informé du suivi. Aujourd’hui on ne peut cacher notre plaisir de constater que des gens, où qu'ils soient, ont le courage de s'indigner ouvertement devant la politique dictatoriale et dangereuse de cet homme qui effraie le monde entier par ses menaces de destruction !

Ftouh Souhail,
Tunis

29 octobre 2008

Mithal Alusi, le courage envers et contre tout !

Le député irakien Mithal Alusi
(photo AFP, 2005)

Mithal Alusi est un député irakien qui a brisé tous les interdits pour visiter Israël, et y exprimer sa solidarité. En effet, et malgré le renversement de Saddam Hussein et l'alliance américaine, le nouveau régime de Bagdad - dominé par les Chiites - est resté d'une désespérante intolérance quant au boycott de "l'entité sioniste" : aucune visite à Jérusalem, donc, à l'exception de ce député qui l'a déjà payé très cher. Ainsi, au lendemain d'un voyage en Israël en 2005, deux de ses fils ont été assassinés dans un attentat !

Un autre aurait sombré dans la dépression, ou bien se serait laissé submerger par la peur : pas Mithal Alusi. Il vient de retourner dans l’État juif, où il a assisté à Herzlyia à une conférence internationale sur le terrorisme. A son retour, les sanctions sont tombées : levée de l'immunité parlementaire ; interdiction de quitter le territoire irakien ; et certains de ses collègues ont même réclamé qu'il soit condamné à mort !

J.C

28 octobre 2008

Le Maghreb au miroir de son passé juif : des historiens au rendez-vous !


D’abord quelques mots à propos de l’illustration de cet article : c’est la couverture d’un livre qui vient de sortir, et qui traite d’un sujet bien original, celui de la Tunisie médicale de la période pré coloniale à la veille de l’indépendance. Il se trouve que j’ai eu la chance de rencontrer son auteur, le docteur Lucien Moatti, dont le père, lui-même médecin réputé à Tunis était un ami de mon père, le docteur Salomon André Corcos (z"l), décédé l’an dernier et dont la mémoire a été évoquée par deux fois dans le blog.

On trouvera sur le site de l’éditeur (Éditions Glyphe) une présentation de l'auteur qui allie une expérience de médecin et une passion d’historien (il est membre de la Société Française d’Histoire de la Médecine), ainsi qu’un amour jamais démenti de sa Tunisie natale : une terre qui était jadis cosmopolite, et où le corps médical - à l’image de la population - était une « mosaïque », où les Juifs occupaient une place importante !

Des Juifs il sera à nouveau question, mais cette fois à propos de l’ensemble du Maghreb lors d’un prestigieux colloque international qui se tiendra à la Sorbonne du lundi 3 au jeudi 6 novembre : vous pourrez consulter son programme complet (format ACROBAT) en cliquant ici. Ce colloque, qui réunira pour la première fois des universitaires venus du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et d’Israël mais aussi d’Italie et des États-Unis et, bien sûr, de France, est organisé par la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie (SHJT), dont le dynamique président, le Professeur Claude Nataf a été reçu à plusieurs reprises à mon émission. En partenariat avec la SHJT, six établissements universitaires, dont la prestigieuse INALCO qui fait autorité en matière « d’orientalisme ».

Le thème de ce colloque sera : « les Juifs du Maghreb de l’époque coloniale à nos jours : histoire, mémoire et écritures du passé ». Je ne vais pas, bien entendu, résumer ici en quelques lignes les sujets abordés, et vous vous rapporterez au programme pour les découvrir ... Je mentionnerai juste, parmi les intervenants, ceux que j’ai eu le plaisir de recevoir dans le cadre de ma série radiophonique : Claude Nataf, donc, mais aussi Michel Abitbol, Benjamin Stora, Habib Kazdaghli et Mohamed Kenbib. Et viendra également donner une leçon inaugurale le Professeur M’Hamed Hassine Fantar, titulaire de la chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions, qui m’avait invité à Tunis l’année dernière pour un autre colloque !

J.C

27 octobre 2008

Que faire pour Gilad Shalit ? Maître Emmanuel Altit et Karim Hervé Benkamla seront mes invités le 2 novembre

Noam Shalit lors d'une manifestation demandant la libération de son fils Gilad

Le sujet que j’ai choisi pour ma prochaine émission est un peu particulier par rapport à la thématique générale de « Rencontre ». Avec mes invités, nous cherchons, en règle générale, à mieux connaître le monde musulman, et à aborder soit un pays, soit un sujet transverse, mais le conflit israélo-palestinien est rarement abordé frontalement. Non pas parce que ce conflit m’indiffère, loin de là ; mais pour deux raisons : d’abord parce que le suivi de cette actualité là accapare déjà largement la fréquence juive ; et ensuite parce que mes émissions ont pour but de vous apporter un peu de recul sur cette actualité, en plantant en quelque sorte le décor entourant Israël. Mais pour l’émission de dimanche prochain, nous allons traiter d’un sujet récurrent, angoissant, qui concerne directement Israël et les Palestiniens et qui a beaucoup ému les communautés juives à travers le Monde : nous parlerons en effet du sort du caporal Gilad Shalit, otage du Hamas depuis juin 2006.

Mon premier invité sera maître Emmanuel Altit. Je l’avais reçu sur ce plateau il y a presque trois ans, c’était à propos des infirmières bulgares condamnées à mort en Libye, et à l’époque Judaïques FM avait été un peu un pionnier parmi les radios en informant les auditeurs d’un drame alors peu médiatisé : heureusement, cette affaire est terminée aujourd’hui, au terme d’une mobilisation que l’on aimerait retrouver pour cet autre otage. Il y a environ un an, Noam Shalit, le père de Gilad, l’a chargé, avec son confrère maître Stéphane Zerbib, de défendre les intérêts de son fils en France, car - et cela sera le fil rouge de cette interview - ce jeune appelé israélien a aussi la nationalité française, et c’est donc un otage français qui est détenu à Gaza.

Mon deuxième invité sera mon ami Karim Hervé Benkamla. Karim et moi nous nous connaissons depuis presque dix ans, et il a déjà été mon invité à plusieurs reprises. C’est un jeune et brillant militant associatif, dont l’amitié envers notre communauté est exemplaire : il est par exemple le vice président de l’Amitié Judéo Musulmane de France, et il est membre du comité français des amis de « Shalom Archav » : il suffit de cliquer sur son nom en libellé pour avoir quelques illustrations de cette longue et belle amitié. Aujourd’hui, c’est au titre d’une autre association humaniste et laïque, « Paroles de Femmes » (cliquer en libellé pour avoir d’avantage d’informations) que Karim Hervé Benkamla s’est engagé dans le collectif français de solidarité avec Gilad Shalit, un engagement particulièrement beau et courageux alors qu’il est musulman.

Parmi les questions que je leur poserai :
- qu’est ce qu’un avocat peut faire pour défendre un otage innocent prisonnier d’une organisation terroriste ?
- comment arriver à mobiliser le public français pour la cause de cet otage, présenté souvent comme un soldat israélien capturé lors d’une opération militaire ?
- combien de députés ont-ils signé la pétition en faveur de Gilad Shalit, et comment ont-ils réagi selon leur étiquette politique ?
- est-ce que de trop fortes manifestations pour sa libération ne risquent pas de faire monter les enchères côté Hamas ?

Je vous espère nombreux à l’écoute le 2 novembre !

J.C

A noter aussi, toujours à propos de Gilad Shalit, cet article plutôt sympathique et publié mercredi dernier dans un journal (« Le Monde ») ne débordant pas de tendresse pour Israël, lire sur ce lien. J’y ai appris, surtout, que Florence Aubenas - l’ex-otage envoyée spéciale de « Libération » en Irak -, soutenait la mobilisation en faveur de Gilad, en disant que, bien que soldat « c'est le statut de victime d'une détention arbitraire qui doit primer ».

26 octobre 2008

Ecoutez les émissions 2007 et 2008 sur votre micro !



Enfin ... voici une façon rapide et sans prise de tête pour écouter ma série.

Lucien Pesnot, le technicien de notre radio aux commandes pour les émissions de la soirée, a réussi ce petit miracle - rassembler toutes les émissions diffusées en 2008 (jusqu’à fin août), celles diffusées en 2007 plus quatre anciennes particulièrement intéressantes, sur une page WEB donnant pour chaque numéro :
- le sujet et le nom du (ou des) invité(s) ;
- surtout un «player», vous permettant en cliquant directement sur un bouton virtuel, d’écouter (après un délai de chargement très réduit), l’enregistrement qui dure environ 25 minutes à chaque fois.


Il vous suffit d’aller à cette adresse : http://jean.corcos.free.fr/
que je vous invite bien sûr à intégrer en favori : 36 émissions, donc plus de 15 heures d’écoute ... de quoi occuper de longues et pluvieuses journées cet hiver.
Et pour ceux qui zapperaient l'information ou qui s'empresseront d'oublier l'article, merci de noter que cette adresse s'affiche maintenant en permanence sur le bandeau en haut du blog !

Maintenant pour les paresseux, ou ceux qui ne seraient pas des lecteurs fidèles ayant découvert au fil des mois la présentation de chaque interview, et bien je publierai petit à petit des « posts » dédiés à certains enregistrements : je mettrai à chaque fois et directement un player visible sur l’écran, avec le lien sur l’article lié à l’émission sur le blog.

Bonne écoute ... et pour les lecteurs de passage, merci d’aller à l'adresse jean.corcos.free.fr : vous ne risquez pas d’être mordus !

J.C

24 octobre 2008

Francophonie : Le Liban abuse de son véto !

Encore une fois l’État d’Israël est le grand absent du XII ème Sommet de la Francophonie, tenu cette année au Québec du 17 au 19 octobre (1)
Le dossier de l’adhésion d’Israël à la Francophonie, une organisation regroupant une soixantaine de pays et d’États ayant en partage la langue et la culture françaises, semble traîner. Malgré le fait qu’en 2008 un peu plus de 700.000 citoyens y parlaient le français, et quelque 26.500 collégiens et 6.500 lycéens y apprenaient le français, l’Organisation Internationale de la Francophonie est toujours incapable d’intégrer l’État d’Israël.
On y compte pourtant dans ce petit pays cinq centres et instituts culturels français et six lycées offrant le baccalauréat français. De plus, 11 entreprises de presse israéliennes sont francophones. Pourtant, Israël se voit refuser l'accès à l'Organisation Internationale de la Francophonie. Depuis 1994, le Quai d’Orsay a organisé des États Généraux de la Francophonie en Israël. Le bilan de ces États Généraux a été tout à fait satisfaisant : cinq départements de Langue et de Littérature françaises dans les cinq grandes universités israéliennes ; enseignement du français dans les lycées de l’Alliance Israélite Universelle et dans d’autres écoles israéliennes ; plus d’un demi million d’Israéliens francophones.
De notre humble avis, il est et demeure triste qu'Israël soit absent du présent Sommet. Le Président Nicolas Sarkozy, qui est considéré comme un grand ami d’Israël, ne pourrait t-il pas faciliter l’adhésion d’Israël à la Francophonie ? C’est une époque propice à une telle évolution, notamment du côté des personnalités éminentes telles que Simone Veil, Edith Cresson, Nicole Guedj, David de Rothschild, Roger Fauroux, David Khayat, Ady Steg ... qui peuvent solliciter le soutien du Quai d’Orsay à cette cause.
Il est clair qu’au moment où l’Organisation internationale de la Francophonie devait voter l’adhésion d’Israël à l’unanimité, le Liban s’oppose farouchement à l’entrée d’Israël dans cette organisation internationale. L’ancien Premier ministre libanais de l’époque, Rafiq Hariri, avait expliqué à son ami Jacques Chirac que le Liban ne pouvait pas voter en faveur d’un pays qui « occupait » son territoire. Mais que dire aujourd’hui après l’application de la Résolution 425 sur le retrait des forces militaires israéliennes du Sud Liban, en mai 2000 ? Le nœud du problème est que les Libanais demeurent sous l’influence du Hezbollah, qui considère que les fermes de Chebaa, toujours en dispute et en discussion, sont libanaises et qu’Israël est toujours « occupant » de leur pays d’une manière ou d’une autre. Une fois de plus, la politique interfère dans la décision de mettre Israël « au ban » de la Francophonie. En effet, la charte de l’Organisation prévoit que l’adhésion d’un nouveau membre doit être acceptée à l’unanimité. Il suffit donc qu’un seul pays s’oppose pour qu’Israël reste à la porte de l’Organisation.
Cette mise à l’écart d’Israël est d’autant plus douloureusement ressentie que l’Égypte, et l’Albanie, où l’utilisation du français au quotidien est parfaitement anecdotique, sont des membres de plein droit de la Francophonie ! Le Sénateur André Ferrand, qui se déclare un fervent avocat de l’intégration d’Israël à la Francophonie, avait accompli jusqu’ici des efforts remarquables dans ce sens. (2). Mais le veto Libanais n’empêchera pas les Israéliens francophones de continuer à parcourir les œuvres de Lamartine, Molière, Hugo ... Israël aussi n’a jamais été loin du monde culturel francophone.
La francophonie israélienne est très dynamique à travers les accords, les échanges et les colloques universitaires et scientifiques assurés par des éminents professeurs parmi lesquels Raphaël Draï, enseignant à l’Université d’Aix-en-Provence, Albert Bensoussan, de l’Université de Rennes, Michel Abitbol de l’Université Hébraïque de Jérusalem, Eliezer Ben- Rafaël du Département de Sociologie de l’Université de Tel-Aviv, Jean-Charles Chebat du Québec (3) ou David Mendelson (4). La langue de Molière est aussi bien représentée par des écrivains aussi illustres comme Jean-Pierre Allali, Claude Sitbon, Albert Cohen ... je citerais aussi Henriette Walter qui est une linguiste de renommée internationale résidente à Montréal (5). Israël connaît aussi une vivacité francophone qui se traduit par une multitude d’institutions à l’instar du Département de français de l’Université de Tel-Aviv qui vient d'être reçu au sein de l'Agence universitaire de la francophonie, le Collège académique de Netanya, l'Institut Emmanuel Levinas de Jérusalem qui est un centre francophone de renommée internationale (fondée par le philosophe franco-israélien Benny Lévy) ou le nouvel Institut français de Tel Aviv ... TV5 la chaîne de la francophonie est bien implantée en Israël. Les "Journées mondiales du Judaïsme francophone", qui se tiennent chaque témoignent aussi qu’Israël est une véritable terre d’accueil de la francophonie, où se mélangent les cultures et les origines d’Afrique centrale, Afrique du Nord et du Maghreb.
Les Valeurs chères à l’Hexagone sont aussi défendus par les Israéliens : promotion et défense de la démocratie, de l’état de droit, le respect des droits de l’homme, le rayonnement international de la langue française et la diversité culturelle.
Le XII ème Sommet de la Francophonie qui a lieu au Québec, et qui a coïncidé cette année avec le 400 ème anniversaire de la fondation de la ville par Samuel de Champlain (1608) aurait pu être l’occasion de l’admission du 56e membre, en l’occurrence Israël, qui a tant attendu à cause d’un mode de vote qui exige l’unanimité des Chefs d’États ou de gouvernements faisant partie du club.
Un souhait : que les Autorités françaises reconnaissent la candidature et l'apport exceptionnel d'Israël dans le milieu de la Francophonie (sphères de la Connaissance humaine, Sciences ...). D’ici au prochain Sommet, nous souhaitons qu’il y aura une vraie occasion pour faire cesser cet état de fait injuste et aberrant.

Ftouh Souhail,
Tunis

(1) La ville de Québec a abrité le 12 ème Sommet de la Francophonie dont les premières activités au Théâtre du Capitole, ont débuté en présence du Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (O.I.F), Abdou Diouf.
(2) Le Sénateur André Ferrand, est l’auteur d’un rapport sur l’enseignement du français dans le monde :
http://www.andre-ferrand.com/index.html

(3) Jean-Charles Chebat, Ph.D., FRSC, FAPA, FSMA, FAMS, DHC .Chevalier de l'Ordre National du Québec. Professeur titulaire/Chair Professor. Chaire de recherche ECSC Montréal HEC.
(4) David Mendelson est professeur retraité de l'Université de Tel-Aviv. Commandeur de l'Ordre des Palmes académiques, il a reçu la Médaille de Vermeil du Prix de l'Académie française pour le rayonnement de la langue et de la culture française.
(5) Henriette Walter est née à Sfax, en Tunisie, dans une famille juive séfarade du nom de Saada.

23 octobre 2008

"Mémoire d'enfants" : des lycéens tunisiens visitent le camp d'Auschwitz-Birkenau



C'est un documentaire exceptionnel qui sera présenté à l'espace Rachi (35 rue Broca, 75.005 Paris,) dimanche prochain 26 octobre à 19 heures : "Mémoire d'enfants" raconte la confrontation de jeunes élèves tunisiens du lycée Gustave Flaubert de La Marsa - un établissement de la mission culturelle française - avec la réalité de la Shoah : du 14 au 18 avril 2008, au nom de l'amitié judéo-arabe et après une sérieuse préparation historique, des lycéens d'une classe de première scientifique se sont rendus au camp d'extermination d'Auschwitz Birkenau, une "première" pour un pays arabe - après le lycée Maïmonide de Casablanca, dont les élèves avaient accompagné ceux de deux lycées de la région parisienne sous la direction de Madame Samia Essabaa, qui a été mon invitée il y a quelques mois.

Ai-je besoin de dire ici combien un tel voyage, découvert après coup, me touche et combien j'estime nécessaire de le faire connaître ici ? La soirée de l'espace Rachi sera présentée par Francine Disegni, une ancienne de "mon" école, le lycée Carnot de Tunis. Elle aura lieu en présence de son excellence, Monsieur Raouf Nadjar, Ambassadeur de Tunisie en France. J'espère qu'il n'est pas trop tard pour vous y inscrire, deux numéros à appeler :

01.42.17.10.38 et 06.10.30.59.70

En cliquant ci-dessous sur le libellé "Mémoire de la Shoah", merci de consulter les nombreux articles du blog se rapportant à un sujet sur lequel je m'étais tellement investi il y a une quinzaine d'années ... Merci aussi d'aller, en cliquant sur son nom en libellé, sur l'article consacré au Père Emile Shoufani, pionnier de ces voyages visant à rapprocher jeunes Juifs et Musulmans : "Rencontre" vous a permis, depuis plusieurs années, d'être informés de toutes ces actions, alors même que - hélas - le négationnisme et la haine anti juive n'ont pratiquement pas de contre feux dans la plupart des autres pays arabes ...

J.C


20 octobre 2008

Israël et le Qatar, associés pour sauver une banque suisse !

Une information inédite trouvée sur le site de nos confrères de « Israël Valley », le site de la Chambre de Commerce France Israël, sous la signature de Sebastien Fortin.

« Le Crédit Suisse, qui connaît actuellement des difficultés de faible intensité a fait appel à des fonds du Qatar et d’Israël pour se recapitaliser.
L’israélien Nochi Dankner est entré lundi 13 octobre dans le capital du Crédit Suisse grâce à son groupe Koor Industries qui a acquis 34 millions d’actions au prix de 35 francs suisses par action. Nochi Dankner devient ainsi le troisième actionnaire de la banque suisse. Le Crédit Suisse a dans le même temps annoncé avoir levé 10 milliards de francs suisses supplémentaires auprès d’un consortium mené par Qatar Holding LLC, filiale de l’Autorité d’Investissement du Qatar.
Ce n’est pas la première fois que des groupes des pays du Golfe et des sociétés israéliennes font des affaires ensemble, mais généralement, cela reste confidentiel pour éviter les difficultés politiques. »
Étonnant non ? Des représentants de l’État juif et d’un Émirat du Golfe côte à côte dans un important conseil d’administration ... une banque suisse - de ces établissements que l’on disait insubmersibles, et être les vrais dirigeants de la Confédération en lieu et place du Conseil Fédéral - se trouvant à cours de capitaux, et faisant affaire avec des investisseurs israéliens et arabes ... on vit vraiment une période extraordinaire ! De quoi surprendre les plus enragés des deux camps, persuadés qu’aucun partenariat, même indirect, n’est possible entre les « frères ennemis » du Moyen Orient. De quoi déstabiliser, aussi, les propos les plus misérabilistes sur Israël, fort utiles pour collecter des dons en faveur des nécessiteux du pays - et ils existent en nombre, malheureusement, Israël ayant une société très inégalitaire ; mais à force de les tenir, beaucoup dans ma communauté oublient aussi que ce pays a une économie très solide ; et qui a déjà investi des dizaines de milliards de dollars dans le monde entier !

J.C

19 octobre 2008

Obama, c'est bon pour les Juifs ?

Dessin paru dans le journal palestinien
"Filastin", le 8 juin 2008
(traduction du titre en arabe : "Obama : Jérusalem est la capitale unifiée d'Israël")

D’abord un petit commentaire sur ce dessin au goût plus que douteux ...
C’est, hélas, un nouvel exemple de l’antisémitisme débridé que l’on peut trouver quasiment tous les jours dans la presse arabe : caricature de Juifs barbus et diaboliques ressemblant à celles que l’on trouvait dans les journaux nazis ; mythe du complot sioniste pour conquérir le Moyen-Orient (le « menu » lu dans ce décor de restaurant représente la carte de la région) ; enfin, un Obama en serveur noir souriant et obéissant - vision raciste qui, re hélas, a aussi du succès dans la région. Mais enfin, et même s’il est vrai que beaucoup de commentateurs arabes caressent l’espoir d’une inflexion de la politique américaine, ils ont aussi beaucoup déchanté une fois la campagne franchement commencée outre-Atlantique. Et l’on retrouvera, sans surprise, ce genre de caricatures présentant les 300 millions d’Américains en otages du « lobby » juif, vrai marionnettiste du vaste monde - un classique de l’antisémitisme, encore, et qui permet aux dirigeants arabes de dénigrer une démocratie dont ils ne veulent surtout pas chez eux !

Ensuite, un rappel mais qui ne surprendra pas les « vieux » lecteurs du blog. J’essaie de rendre compte des évènements avec objectivité dans mes émissions, en conservant une position de « retrait » qui me permet de dialoguer avec des invités de droite comme de gauche, en leur opposant à chaque fois les arguments « du camp d’en face », histoire de stimuler la réflexion de mes auditeurs ... que je ne prends pas pour des oies à gaver par de la propagande ! C’est pourquoi aussi - et si vous avez eu la curiosité d’y faire un tour - j’ai mis en liens permanents des sites et journaux de tous bords, histoire de ne pas finir en hémiplégique de la pensée.

Ce blog n’a donc pas repris, comme la majorité de ses confrères juifs francophones, les slogans anti-Obama infatigablement copiés collés ... Barack « Hussein » Obama le musulman caché ; Barack Obama l’ami des afro-américains antisémites ; Barack Obama prêt à vendre Israël en allant rencontrer Ahmadinejad ... vous aurez le florilège de la campagne des Républicains en direction de l’électorat juif en allant sur ce lien. Mon blog n’a pas repris, non plus, les arguments très anti-démocrates publiés sur le site de la « Metula News Agency » (adresse : http://www.menapress.com/) par l’essayiste Guy Millère (que j’aimerais cependant interviewer un de ces jours) ou par Laurent Murawiek, expert du Hudson Institute et qui fut mon invité il y a déjà plusieurs années : leur description apocalyptique de la situation en cas de victoire - maintenant plus que probable - du candidat démocrate me fait trop penser aux sombres pronostics que j’avais entendus, il y a déjà quarante ans (que le temps passe vite !) au moment de la victoire de Richard Nixon, et il y a huit ans après l’élection de Georges W. Bush ; à l’époque, c’était la crainte que le parti républicain - proche des milieux pétroliers pro arabes - ne fasse « payer » aux Juifs leur soutien, massif et traditionnel, au camp démocrate.

Je ne vous dirai donc pas quelle est l’option qui me semble « la moins pire », comme je ne vous ai pas livré mes préférences au moment des élections récentes de notre Président de la République ou du nouveau Grand Rabbin de France : et au fait, de quel droit, nous Français, devrions nous choisir les dirigeants des autres pays ? ... une réserve qui n’étouffe pas nos médias, pris d’une « Obamania » qui rendrait son concurrent sympathique ! Mais cela ne m’empêche pas d’être un peu inquiet, en raison de l’inexpérience de Barack Obama et de l’âge avancé de John Mac Cain. Ni d’écouter, aussi et avec anxiété, certains de ses supporters parier sur la fin de « l’emprise sioniste » sur les États-Unis (voir les déclarations récentes du Révérend Jesse Jackson, analysées par Shraga Blum sur le site israélien « Aroutz sheva », une adresse, il est vraie, clairement positionnée à droite) ; ni de penser, privilège de l’âge aidant, que sont peut-être bien naïfs les jeunes Juifs américains mobilisés pour Obama comme Ariella Rosenberg, jeune étudiante de Harvard ... l’avenir nous le dira dans quelques mois, une seule chose étant sûre : la déliquescence de l’administration Bush en fin de mandat, le retour d’une Russie agressive et surtout, surtout, une lourde récession économique seront vite une épreuve de vérité pour le prochain locataire de la Maison Blanche !

Enfin, je vous recommande de lire dans le blog de la revue « l’Arche », sur le lien suivant Obama, Mac Cain et les Juifs, un dossier remarquable et à mille lieux des articles de propagande évoqués plus haut : historique du positionnement électoral des Juifs américains et évaluation de leur influence réelle ; analyse des rumeurs concernant Obama ; retranscription des discours des deux candidats devant le lobby pro israélien AIPAC ; positions des deux prétendants sur des questions clé, comme l’Iran ou Jérusalem ; et enfin une interview d’André Kaspi, expert des États-Unis : un régal !

J.C

17 octobre 2008

Moncef Bey : 60ème anniversaire de la disparition d’un « Juste »

Soixante ans après sa disparition, le 1 septembre 1948, Moncef Bey mérite la qualification de Roi Juste parmi les nations. De son accession au trône, en juin 1942, à son abdication en juillet 1943, le souverain de la Régence de Tunis, malgré la courte période de son règne, a constitué un exemple de courage et de dévouement (1).
Ce Roi éclairé a régné dans une période exceptionnel de l’histoire de la Tunisie. Après la reddition de la France aux nazis, le protectorat fut gouverné par le régime de Vichy. Les Allemands, succédant aux troupes italiennes, prirent le pouvoir en novembre 1942, et furent beaucoup plus durs. Les Juifs tunisiens ne furent sauvés de l’extermination que lorsque les Alliés entrèrent dans la capitale, Tunis, le 7 mai 1943 et vainquirent les Allemands. Mais avant la libération de Tunis, et pendant que le maréchal Pétain et son administration favorisaient la chasse aux juifs, un Roi musulman témoigna son courage envers ses sujets juifs : il s’agit de Moncef Bey.
Les Juifs tunisiens représentent dans cette période environ 7 % de la population. En 1941, sur le million d’habitants que compte la Tunisie, on dénombre quelque 90 000 Juifs, dont 68 000 de nationalité tunisienne, 16 500 naturalisés français et environ 5 000 immigrés originaires de Livourne, dont la protection relève du gouvernement italien qui fait partie de l’Axe. Le souverain tunisien, Moncef Bey, monté depuis peu sur le trône, avait assuré que les Juifs étaient des citoyens tunisiens comme les autres. Il n'avait certes aucune possibilité d'empêcher les Allemands de commettre des exactions contre cette population fragile : réquisitions, racket, punitions collectives. Des milliers de jeunes juifs furent astreints au travail obligatoire dans des « Juden Arbeitslager » au nord du pays.
Alors que le gouvernement collaborateur de Vichy a promulgué en France une législation anti juive, celle-ci devait être étendue aux dépendances françaises, dont la Tunisie. Mais l’histoire a fait que Moncef Bey fut un Roi extrêmement courageux par rapport à son prédécesseur, le falot Ahmed Pacha Bey II (1941-1942) qui a mollement résisté puis a fini par apposer son sceau sur la législation vichyste relative au statut des juifs et à la limitation de leurs pouvoirs économiques en Tunisie. Lui succédant, Moncef Bey ne plie pas.
Tout d’abord il a fait en sorte que cette législation devienne inopérante en Tunisie, mais aussi, et malgré les pressions, il a refusé d’apposer son sceau sur de nouveaux décrets raciaux qui lui ont été présentés par l’administration coloniale. « Vous êtes mes fils, au même titre que les musulmans », déclare-t-il aux dirigeants de la communauté juive invités au palais beylical à la cérémonie de son intronisation. Le premier projet de décret vichyste auquel Moncef Bey refusa son sceau est celui imposant aux juifs le port de l’étoile jaune. Passant outre l’accord du Bey, l’amiral Jean-Pierre Esteva, résident général de France en Tunisie, impose en février 1943 le port de l’étoile par un arrêté qu’il signe lui-même, malgré les réserves du conseiller juridique français du gouvernement. Les Juifs en Tunisie ne porteront finalement pas l’étoile jaune, sauf à Sousse, ville où le Parti populaire français (PPF, pétainiste), très actif, l’imposa pendant une brève période.
Le second projet de décret instituant les camps de travail et le travail obligatoire pour la construction d’ouvrages destinés à la protection des positions des forces de l’Axe et de Vichy fut également refusé par Moncef Bey. Les pressions sur lui et son gouvernement ayant encore échoué, le résident général français Esteva utilise la même procédure des arrêtés, qu’il signe lui-même le 10 avril 1943.
Le troisième texte auquel le gouvernement de Moncef Bey s’opposa a pour but de chasser les commerçants juifs des organismes économiques afin de faire place nette aux Français « aryens ». Là aussi, en l’absence du sceau du Bey, c’est par un arrêté du Résident Général que la mesure est prise.
Moncef Bey est intervenu d'une façon remarquablement courageuse en faveur de la communauté. C’était un Roi Juste qui n'a pas favorisé la moindre propagande anti juive comme le firent les autorités de Vichy. En fait, bien avant l’arrivée des forces allemandes, Moncef Bey a, durant l’été 1942, donné à son gouvernement un mot d’ordre consistant à veiller à la protection des Juifs tunisiens. Et dès le début de l’occupation de la Tunisie en novembre 1942, le Bey est intervenu pour protéger la population, en particulier les Juifs, des exactions germano-italiennes.
Lorsque, quelques jours après leur débarquement en Tunisie, les Allemands arrêtent cinq dirigeants du Conseil de la communauté juive, ils les relâchent le lendemain. Au moment de l’invasion des troupes de l'Axe le 19 novembre 1942, Moncef Bey refusa l'offre italienne d'indépendance contre sa participation aux côtés des forces de l'Axe. Moncef Bey refusa aussi tout contact avec les représentants de l’Axe et demanda que les communications lui soient faites, conformément au protocole, à travers son Ministre des Affaires étrangères, qui n’est alors autre que le Résident Général de France, l’amiral Esteva.
Malgré l'antisémitisme latent de ses sujets, il n'eut jamais une attitude hostile à l’égard des Juifs tunisiens et, très habilement, il refusa de collaborer d'une façon étroite avec l'occupant. Il fut un homme juste et loyal, qui souhaitait certainement l'indépendance de son pays, mais, comme Bourguiba, ne voulait pas le devoir aux Allemands. Malgré cela, le général de Gaulle décida de le détrôner au lendemain de la libération de Tunis et l'envoya en exil en Algérie d'abord puis en France. Son épouse Lalla Arbiya (décédée en 1974) le suivra en exil. (2)
Moncef Bey, mort en exil à Pau il y a tous juste soixante ans (le 1er septembre 1948), a fait preuve d’un courage rarement connu dans le monde arabe. Ses funérailles donnent lieu à un formidable élan populaire, sincère et émouvant, qui restera sans égale. Il était alors rapatrié et inhumé, avec les honneurs dignes d'un martyr, sur les hauteurs du cimetière du Djellaz à Tunis, contrairement à la majorité des souverains qui sont enterrés au mausolée du Tourbet El Bey situé dans la médina de Tunis. Moncef Bey est aujourd'hui reconnu comme l'un des principaux soutiens au mouvement ayant conduit à l'indépendance de la Tunisie. De plus, son court règne est marqué aussi par la lutte pour la modernisation de la Tunisie et la défense des Juifs tunisiens persécutés.
Moncef Bey qui n'a pourtant régné que quelques mois et dont le souvenir est celui d'un monarque proche du peuple, est un modèle de courage et d’abnégation pour tous les Tunisiens, même s’il n’a pas régné une trentaine d’année comme le Président Bourguiba, qui a fondé la première République. Le Bey que les Tunisiens ont toujours appelé « Sid el Moncef » est devenu l'une des figures emblématiques de la tolérance tunisienne.
On comprend donc que les Tunisiens soient fiers de ce grand patriote de la Régence de Tunisie, mais malheureusement ce que nous constatons c’est que chaque année la date de disparition de Moncef Bey passe inaperçue. Les médias locaux préfèrent plutôt célébrer l’épouvantable révolution du Colonel Kadhafi qui tombe à la même date (3). Perte d’identité peut être ou soumission à vouloir s’identifier à quelque chose qui ne concerne pas les Tunisiens ?

Triste est de constater que soixante ans après sa disparition, le Roi des Justes demeure oublié auprès de ses compatriotes (4). Tout comme les 66 Juifs tunisiens massacrés par les nazis puis tombés dans l’oubli dans leur propre pays. Aujourd’hui pour rendre hommage à ces martyrs tunisiens, il faut aller jusqu’à Jérusalem ou une stèle à Yad Vachem mémorise les noms de ceux et celles qui sont morts pour la liberté de la Tunisie.

Ftouh Souhail,
Tunis

1) Moncef Bey né le 4 mars 1881 et décédé le 1er septembre 1948 à Pau (France). Il est l'avant-dernier représentant de la dynastie husseinite. Investi prince héritier le 30 avril 1942, il succède à son défunt cousin Ahmed II Bey le 19 juin de la même année.
2) Après la libération de Tunis, la France l'accuse de collaboration avec le régime de Vichy et les forces de l'Axe. Le 13 mai 1943, sur ordre des généraux Henri Giraud et Alphonse Juin, représentant des Forces Françaises Libres, il lui est demandé d'abdiquer. Le lendemain, on vient l'informer de la décision de le destituer. Il abdique officiellement le 6 juillet et est exilé à Ténès, petite ville côtière de l'Algérie, dans des conditions difficiles, puis à Pau où il réside jusqu'à sa mort.
3) Le 1er septembre 1969, à 27 ans, Kadhafi mène avec un groupe d'officiers un coup d'État contre le Roi Idris al-Mahdi, alors que celui-ci est en Turquie pour un traitement médical.
4) Au soixantième anniversaire de la disparition de Moncef Bey, le 1er septembre 2008, une modeste cérémonie était organisée au cimetière du Djellaz à Tunis, qui n’a point reflété la grandeur de ce souverain. Aucune place publique, avenue ou école ne porte son nom. Certains Tunisiens n’ont jamais connu son nom et encore plus vu une photo de lui.

16 octobre 2008

Malédiction de Babel ?

La tour du "Burj Dubaï", photo prise en septembre 2008

Quelques explications pour ce titre surprenant, et à propos d’un article qui détonne un peu par rapport aux autres publications du blog ... Rassurez-vous, je ne vais pas m’aventurer trop souvent dans des réflexions mystico-politiques, ni me livrer à mon tour à de savantes interprétations de textes sacrés - un exercice bien dans la tradition juive, et qui inspire par exemple régulièrement le blog « géopolitique biblique » en lien permanent ! Mais ce que je vais écrire ici m’a été inspiré par un débat bien concret, entre des commentateurs qui n’ont rien de gourous religieux et qui évoquaient notre période troublée au micro de la Radio BFM - une excellente référence, en ces temps de tourbillons financiers.

Un des invités remarquait donc que, curieusement, c’est toujours au moment où les sociétés humaines symbolisent matériellement l’orgueil de leur réussite en édifiant des tours toujours plus hautes, qu’éclate ce genre de crise économique, démontrant ainsi qu’elles sont des « colosses aux pieds d’argile », et reproduisant régulièrement la malédiction de la « Tour de Babel » qui devait toucher le ciel ! Ainsi, « l’Empire State Building » (qui est redevenu le plus haut building de Manhattan depuis la destruction des « Twins » le 11 septembre), fut inauguré le 1er mai 1931, deux ans après le krach de 1929, et alors que les États-Unis allaient rentrer au plus profond de la dépression deux ans après. Les tours jumelles « Petronas », longtemps les plus élevées du monde, furent édifiées en 1998 à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie pétrolière : l’Asie allait alors sombrer dans une grave crise financière. Aujourd’hui, c’est à Dubaï que se construit la tour la plus haute du monde, le « Burj Dubaï » (lien sur le site du building : ici), sa hauteur finale (entre 800 et 950 mètres ?) restant un mystère, à moins d’un an de son inauguration - et l’ensemble du monde risque de souffrir à cause de la crise financière. Profiteurs hors catégorie de la hausse vertigineuse du cours du pétrole, les Émirats du Golfe ont vu l’or noir perdre presque la moitié de sa valeur la semaine dernière, et leurs bourses ont aussi plongé ... au diapason de celles d'Europe et d'Amérique.

Petit rappel, donc, à propos de la Tour de Babel, dont le récit est donné dans la Torah (Genèse, chapitre 11), et dont on pourra lire différentes interprétations sur Wikipedia.
Ci-dessous la traduction courante de ce passage :
« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Chmunter, et ils y habitèrent. Ils se dirent l'un à l'autre : Allons ! Faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
L'Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l'Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu'ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu'ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la Ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre. ».


J.C

13 octobre 2008

Maintenir le dialogue entre Juifs et Musulmans : Hassen Chalghoumi, Imam de Drancy, et Bernard Koch, journaliste, seront mes invités le 19 octobre

Photo prise en 2006, à l'occasion d'une cérémonie devant le wagon mémorial du camp de Drancy. De gauche à droite : Jacques Aboucaya, président de la communauté juive, Christophe Lagarde, Maire de la ville et Hassen Chalghoumi, Imam

Malgré une actualité qui n’est pas brillante, j’ai eu à cœur tout au long des derniers mois, de faire connaître - en les invitant sur mon plateau - le plus grand nombre possible d’acteurs musulmans ayant pris des risques pour manifester leur amitié envers la communauté juive. Pour ceux qui découvrent le blog, il vous suffira de cliquer sur le libellé « Emission 2008 » pour en avoir la présentation. Citons en particulier Didier Bourg, président de la « Fraternité musulmane contre l’antisémitisme » ; Samia Essabaa, professeur dans un lycée technique de la banlieue parisienne et qui a amené ses élèves, en majorité musulmans, visiter le camp d’Auschwitz-Birkenau ; ou le chanteur Khalis, dont je vous ai fait découvrir la magnifique chanson « Kamikaze » ...

J’aurai le grand plaisir de recevoir dimanche prochain deux acteurs, l’un musulman et l’autre juif, qui travaillent ensemble, la main dans la main et au quotidien, pour maintenir le dialogue entre les deux communautés malgré la peur et la méfiance. Hassen Chalghoumi est probablement l’Imam français le plus en flèche pour manifester sa sympathie à la communauté juive, et pour comprendre sa sensibilité et ses angoisses. Or - et ceci explique peut-être cela - il est le responsable spirituel de la Mosquée de Drancy, Drancy une ville qui évoque des souvenirs particulièrement douloureux, puisque ce fut le lieu où furent parqués des dizaines de milliers de Juifs déportés vers Auschwitz. Et justement, ce fut en entendant son discours très fort évoquant ces heures noires, qu’il a séduit mon deuxième invité, Bernard Koch. Bernard Koch est journaliste, responsable du blog « diasporablogj » en lien permanent. Nous reparlerons, je l’espère dans une autre émission, des blogs, qui peuvent avoir un rôle tout à fait positif pour rapprocher les communautés - et en gros, et même s’ils sont différents, c’est la ligne des deux sites que nous produisons - ou au contraire avoir un rôle désastreux en prêchant la haine. Mais j’ai surtout invité Bernard Koch parce qu’il travaille au quotidien avec Hassen Chalghoumi : il est en effet chargé à la Mosquée de Drancy des relations avec les autres communautés, et c’est une expérience tout à fait remarquable pour un Juif, dont il va aussi nous parler (cliquer sur son nom en libellé pour lire l’article déjà publié à ce sujet).

Parmi les questions qui seront posées :
- l’Imam Chalghoumi a dit que les Musulmans devaient « respecter la mémoire des Juifs » en ce qui concerne la Shoah : or cette mémoire est singulièrement salie en terre musulmane ... Comment faire pour que la fameuse « solidarité avec les Palestiniens » ne conduise pas, toujours, à « nazifier » l’état d’Israël ou les Juifs ?
- Bernard Koch se plaint souvent dans son blog du manque de soutien de la communauté juive à l’égard de son action de rapprochement inter-communautaire : n’est-ce pas excessif, vu les témoignages de sympathie reçus par l’Imam de Drancy ?
- Le 19ème arrondissement a été marqué par des incidents graves et des tensions ces derniers mois et Hassen Chalghoumi est même venu rendre visite au jeune Ruddy Haddad, hospitalisé dans le coma après on agression : comment rapprocher les communautés après cela ?

J’espère que vous serez nombreux pour ce direct programmé le 19 octobre !

J.C

12 octobre 2008

N'abandonnons pas Mohamed Sifaoui


Je publie - avec un peu de retard - une pétition parue dans le journal « Le Monde » le 13 août dernier, pétition réclamant que soit rendue à Mohamed Sifaoui une protection policière - protection qui lui a cruellement manqué il y a quatre mois, lorsqu’il a été agressé physiquement à la terrasse d’un café, par des islamistes voulant l’intimider. Un des objets, à la fois de mon émission comme du blog, est justement que des voix comme celle de Sifaoui continuent de pouvoir être entendues : aussi je m’associe pleinement à cette pétition, en vous invitant à la signer sur le site de la LICRA.

Un homme est en danger de mort pour ses idées, aujourd'hui, en France. Une fois de plus. Il y a eu Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Theo Van Gogh, assassiné en 2004, les dessinateurs danois, etc., mais c'était ailleurs, dans des pays, pouvait-on penser, moins solidement républicains que le nôtre. Puis il y eut Robert Redeker en 2006, et aujourd'hui, Mohamed Sifaoui, ici, en France. Mohamed Sifaoui doit se terrer, il craint pour sa vie et celle de ses proches. Qui est Mohamed Sifaoui et comment en est-on arrivé à cette situation où la France ne peut plus, voire ne veut plus, protéger l'intégrité et la liberté des citoyens ?

Mohamed Sifaoui est un journaliste algérien qui a dû, comme tant d'autres, trouver refuge en France à la fin des années 1990, après avoir subi plusieurs tentatives d'assassinat (la dernière en 1996, une bombe à son journal, Le Soir d'Algérie, qui visait directement la rédaction dont il faisait partie, a coûté la vie à 39 personnes dont 3 journalistes). "Musulman laïque et démocrate" ainsi qu'il se définit lui-même, réfugié politique en passe d'acquérir la nationalité française, Mohamed Sifaoui a enquêté sur les réseaux islamistes en France et en Europe, publié des livres, réalisé des reportages télévisés.
Son énergie et son courage en ont fait la bête noire des islamistes et, hélas, de trop d'idiots utiles, prêts à sacrifier la liberté de pensée et de débattre au "respect" d'une idéologie extrémiste dès lors qu'elle se réclame de (ce qu'ils voient comme) la religion des déshérités. A cause des menaces dont il est l'objet, il bénéficiait depuis janvier 2003 d'une protection policière. Il était obligé de vivre dans le secret et les précautions permanentes, mais du moins sa sécurité était-elle assurée, son travail et sa parole publique à peu près possibles, malgré ces entraves et l'intimidation.
Or cette protection a été supprimée en janvier sans que rien ne le justifie. Mohamed Sifaoui a été agressé physiquement à Paris le 13 juin. Il reçoit depuis des menaces de mort, comme celles qu'un "islamiste algérien"anonyme lui a adressées sans craindre d'utiliser un site Internet connu pour publier son appel au meurtre.
Ceux qui, tel le policier qui a reçu sa plainte, suggèrent qu'il est un "provocateur", qu'il n'aurait pas dû prendre un verre dans un café trop proche d'une mosquée d'obédience islamiste, ont déjà tout concédé aux fanatiques qui menacent aujourd'hui de mort Mohamed Sifaoui et tous ceux qui partagent ses convictions et son combat.

Si la France, si les autorités françaises abandonnent à leur sort Mohamed Sifaoui et avec lui tous les démocrates musulmans, ce n'est pas seulement leur vie et leur liberté qu'elles abandonneraient. La liberté pour Mohamed Sifaoui de vivre et de s'exprimer dans notre pays, dans son pays, est la nôtre. Sa protection doit être rétablie, sa liberté de travailler et de s'exprimer garantie. Ce n'est pas seulement à lui que nous le devons, mais à nous-mêmes.
Face à la violence et à l'intolérance, le prix de la liberté a augmenté. Prenons garde à ne pas la laisser sourdement grignotée par l'indifférence ou par la lâcheté, à ne pas accepter les arguments de l'indignation feinte et la violence calculée de ceux qui instrumentalisent la religion ou "la lutte contre les discriminations". Mohamed Sifaoui a choisi la France, faisons en sorte qu'il n'ait pas à le regretter et nous-mêmes à rougir de l'avoir abandonné.


Jean-Claude Buhrer, Chahla Chafiq, Jean-Francis Dauriac, Alain Finkielkraut, Elisabeth de Fontenay, Philippe Foussier, Patrick Gaubert, Sihem Habchi, Liliane Kandel, Patrick Kessel, Catherine Kintzler, Philippe de Lara, Michel Laval, Barbara Lefebvre, Marc Lefevre, Jean-Michel Quillardet, Jean-Robert Ragache, Robert Redeker, Alain Seksig, Richard Séréro, Antoine Sfeir, Dominique Sopo, Pierre-André Taguieff, Bernard Teper, Paul Thibaud, Michèle Tribalat, Baki Youssoufou, Michèle Vianès.
Pour signer cet appel, rendez-vous sur http://www.licra.org/

10 octobre 2008

Bahreïn : Le Royaume de la Tolérance

Le Ministre des Affaires étrangères du royaume de Bahreïn vient de briser un tabou en appelant, à partir du siège des Nations unies, à New York, au cours d’un entretien accordé au quotidien Al Hayat, à la création d’une « organisation régionale regroupant les pays arabes, Israël, la Turquie et l’Iran » pour régler les différends régionaux.
(lire l'information sur le blog)

Au moment où le boycott arabe d’Israël s’intensifie, tant au niveau politique que social et culturel (1), la déclaration du ministre bahreïni est pour le moins courageuse. « Dans un cadre international comme l’ONU, les pays arabes et Israël sont bel et bien dans la même enceinte », a déclaré le ministre pour justifier sa proposition. « Ne sommes nous pas tous membres d’une organisation globale appelée les Nations unies ? Pourquoi ne pas (se rassembler) sur une base régionale ? C’est la seule manière de résoudre nos problèmes", ajoute le chef de la diplomatie de Bahreïn ».

Faut t-il rappeler que le Royaume du Bahreïn est l’un des principaux pays alliés des Etats-Unis dans le Golfe ou siège la V ème Flotte américaine. Il a joué un rôle primordial pour la libération de L’Irak.

Le Bahreïn entretient aussi des contacts politiques avec Israël, en dépit de nombreuses résistances des pays voisins : le prince héritier Cheikh Khalifa Ben Salman Al Khalifa a rencontré plusieurs responsables israéliens lors du Forum économique mondial en 2000 et 2003. Cheikh Khalifa a même discuté avec son homologue israélien madame Tzipi Livni à l’ONU l’année dernière.

Le Royaume du Bahreïn est aussi un pays avant-gardiste lorsqu’il s’agit de la parité. En juin 2008, une juive de Bahreïn, Houda Nounou, fut nommée ambassadrice de son pays à Washington ; une première dans les pays arabes et surtout dans une région ou la discrimination contre les femmes est la règle (2). Ce n’est pas une opération de relations publiques. Houda Nounou a démontré déjà ses capacités au sein du Conseil consultatif (une assemblée désignée). Mme Nounou, la quarantaine, est diplômée de gestion de Grande-Bretagne. Elle est devenue active dans le domaine associatif en 2004 et a présidé l’association bahreïnie des Droits de l’Homme. (3)
Mme Nounou est, la troisième femme de Bahreïn à occuper le poste d’ambassadrice. Une membre de la famille royale, Haya Al-Khalifa, une sunnite, avait occupé ce poste à Paris et Bibi Aloui, une chiite, est depuis quelques mois ambassadrice de Bahreïn à Pékin. Représentante de la minorité juive, qui compte 37 personnes, sa nomination a confirmé le choix fait pour des réformes à Bahreïn, un pays qui ne fait pas de distinction entre l’homme et la femme quant il s’agit d’occuper des postes officiels et qui ne fait pas de distinction entre ses citoyens en raison de leur confession. La communauté juive du Bahreïn ne compte plus que 37 âmes actuellement. La majorité d'entre eux sont des commerçants et ils sont bien traités par les autorités. (4)

Autre témoignage du Climat de tolérance qui prévaut dans ce Royaume : en Août 2008, le roi du Bahreïn a rencontré à Londres des Juifs exilés de son pays et leur a demandé de revenir dans leur terre natale. Au cours de cette rencontre avec des Juifs de la communauté bahreïnie, le Cheikh Hamad ben Issa al-Khalifa a appelé les Juifs qui ont quitté son royaume à rentrer au pays, en affirmant que ceux qui ont émigré sont des citoyens à part entière (5).

Aujourd’hui nous pouvons rendre un hommage à ce Royaume de tolérance qui est entrain d’amorcer de véritables changements dans la région. La démarche du ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, suggérant la création d’une organisation régionale incluant Israël, s’inscrit dans le cadre des efforts faits par le Royaume de Bahreïn pour la normalisation progressive des relations avec l’état Israël, voulue par le roi Hamad ben Issa Al Khalifa de Bahreïn.

En tant que citoyen modéré du monde arabe je suis très fier de constater que ce pays du Proche Orient exerce le même rôle pacificateur que la Tunisie, en Méditerranée, dans le cadre de l’UPM qui inclut bien entendu l’état d’Israël. Je suis content aussi que Houda Nounou soit une ambassadrice d’un Royaume arabe à Washington. Je formule un voeu, en ce début du Nouvel An juif, de voir la Tunisie désigner bientôt une ambassadrice à Tel Aviv.

Souhail Ftouh,
Tunis


(1) Coïncidence ou pas, la Syrie a interdit le lendemain de cette déclaration la distribution du quotidien Al Hayat, a annoncé le jeudi 2 octobre le directeur du bureau de cette publication à Beyrouth. "Le département de la censure au ministère (syrien) de l’information a demandé lundi au bureau d’Al Hayat à Damas de cesser de distribuer le journal en Syrie jusqu’à nouvel ordre", a dit à l’AFP Zouhair Qusaybati, qui dirige le journal dans la capitale libanaise.

(2) Les autorités de Bahreïn ont informé le Département d’État américain de leur intention de nommer Mme Nounou lors de la dernière visite du roi Hamad ben Issa Al Khalifa aux États-Unis en mars 2008. Mme Nounou a été intégrée par un décret royal en date du 28 mai au ministère des Affaires étrangères, avec rang d’ambassadrice.

(3) Mme Nounou, qui était active dans une association de droits de l’Homme, avait été nommée membre du Conseil consultatif en 2006. Elle y a remplacé son cousin Ibrahim Nounou qui a siégé dans cette assemblée de 2002 à 2006. Son grand-père, Ibrahim Nounou, était membre du Conseil municipal de Bahreïn dans les années 1920 lorsque les autorités coloniales britanniques dosaient la formation de ce conseil en tenant compte de la composition confessionnelle et ethnique de la population de l’archipel. Les Nounou constituent l’une des rares familles juives de Bahreïn, un petit royaume du Golfe qui comptait des centaines de juifs à la fin des années 1940.La plupart des juifs de Bahreïn sont venus d’Irak et d’Iran. Ils étaient actifs dans le commerce et les finances avant la découverte du pétrole vers la moitié du dernier siècle.

(4) Au Bahreïn, il n'y a que 6 familles juives, dont les familles Cohen, Reouven, Mourad et Nounou. Cette communauté est issue de vagues d'immigration d'Irak et d'Iran qui ont commencé au début du XX ème siècle. Sont ensuite arrivés des Juifs du Yémen. Cette communauté a connu son âge d’or dans les années 1940, avec 400 membres. La majorité d'entre eux se sont ensuite rendus en Grande Bretagne. Quelques uns vivent en Israël.

(5) "Le roi a demandé aux membres de la communauté, qui ont quitté son pays au milieu du XXe siècle, de revenir en tant que citoyens", a affirmé Fayçal Foulad, le représentant international du Centre bahreïni des droits de l’Homme. Et d'ajouter : "Il leur a même proposé de venir investir ou de faire du tourisme. Il s'agit de citoyens attachés au Bahreïn et nombre d'entre eux parlent arabes. Ils ont de profonds sentiments à l'égard de leur patrie et une partie d'entre eux ont gardé leurs papiers d'état civil."

08 octobre 2008

Ce matin sur Judaïques FM, André Nahum a dénoncé la nouvelle haine antisémite déguisée en « antisionisme »

Introduction :
Mon ami André Nahum a choisi de parler d’un sujet bien angoissant en cette journée veille de Yom Kippour. Il est vrai que l’actualité est peu brillante en la matière, avec en particulier le retour des veilles lunes accusant les Juifs d’être responsables de tous les malheurs passés et récents de l’humanité, donc en particulier du « tsunami » financier que nous sommes en train de vivre. Le Hamas palestinien n’a d’ailleurs même pas pris de gants pour le faire, accusant « les Juifs » et non pas « les Sionistes » d’être les responsables du « krach » de Wall Street.
A noter aussi qu’André Nahum a cité dans son intervention un nouvel acteur particulièrement virulent de cette propagande, le centre Chiite « Zahra » qui vient d’appeler à une manifestation interdite le 27 septembre dernier, et qui « copine » avec deux personnages condamnés par la justice pour incitation à la haine antisémite, Dieudonné et Kemi Seba.
On consultera
sur ce lien la vidéo sur « Youtube » de la conférence de presse dont parle notre chroniqueur - avec en liens une compilation de vidéos de propagande ...

J.C

Bonjour.
Un certain Yahia Gouasmi, se présentant comme président de la Fédération Chiite de France et membre du parti de Dieu - autrement dit, sauf erreur, du Hezbollah - a tenu ces jours-ci une conférence de presse largement diffusée sur Internet. Dans cette vidéo, ce monsieur qui se défend bien sûr de tout antisémitisme, comme le fera également Monsieur Kemi Seba (de la tribu K) qui l’accompagnait, dénonce avec violence la mainmise des « Sionistes » sur la France, son gouvernement et sa presse et il appelle solennellement les Français à s’en débarrasser. « Paris est occupé s’exclame-t-il, il est temps qu’on le libère ». Sous entendu, je pense, comme au temps des nazis !
Dans son excellent ouvrage : "La Judéophobie des modernes"(Editions Odile Jacob) le philosophe et politologue Pierre-André Taguieff s’étend longuement sur cette obsession pathologique de la puissance juive, de la conspiration juive, du complot juif etc. Vieilles antiennes reprises aujourd’hui par la propagande islamiste soutenue par les alter mondialistes et l’ultra-gauche. A une nuance près, c’est que le mot « sioniste » remplace parfois, le mot « juif ». A l’antique mythologie anti-juive, venue du fond des âges, a succédé « une mythologie « anti-sioniste ». Le « sionisme » se voyant affublé de tous les vieux clichés habituels mis au goût du jour et modernisés, en l’accusant de nazisme, racisme, colonialisme, génocide, purification ethnique, apartheid, etc., etc. La totale quoi !
Les propagateurs de ces infamies cherchant habilement leur caution dans les dires et les écrits de personnes d’origine juive, les « idiots utiles » de Lénine, psychopathes ultra religieux des « Netoureï Karta », ou hommes et femmes d’extrême gauche, avides de paraître et aveuglés par la haine de soi, qui ont assis leur carrière sur la dé légitimation et le dénigrement systématique de l’État d’Israël, associé généralement pour faire bonne mesure au rejet des États-Unis.

Ce que Pierre-André Taguieff appelle « l’antisionisme absolu » est le masque de la nouvelle judéophobie, un amalgame entre « Juifs », « Israéliens » et « Sionistes ». Les Juifs, pardon les Sionistes, sont rendus responsables de tous les malheurs de l’humanité de la peste noire du Moyen-âge au Tsunami en passant par les attentats du 11 septembre, et ils poursuivraient leurs complots pour la domination du monde.
Le Hamas y a été de son "coup de pied de l’âne" en accusant hier le "lobby juif" aux Etats-Unis d'être responsable de la crise financière qui secoue le pays et le monde. Cela vous étonne ?
Alors, dans cette situation plutôt difficile, en cette veille du Yom Kippour, j’ai envie de vous raconter cette courte histoire venue du Talmud.
Un officier romain demanda un jour à une célèbre rabbin juif :
- Vous, Juifs, êtes seuls parmi les 70 Nations de la Terre. Comme un agneau au milieu de 70 loups.Elles auraient pu vous dévorer. Pourquoi ne l’ont-elles pas fait ?
- Eh bien répondit le rabbin, c’est peut-être parce que nous avons un excellent berger.
Oui ! Mais, Vigilance quand même !
Bon Yom Kippour à Tous,
A Bientôt,

André Nahum,
Judaïques FM, le 8 octobre 2008

07 octobre 2008

Indignation sélective

Le sourire du mois
- octobre 2008


Quelques mots de commentaires, pour ce "sourire du mois" un peu jaune, emprunté au site portail "Juif.org" qui l'a mis en ligne il y a quelques semaines : le dessinateur de pseudo "DryBones", qui publie des mini bandes dessinées d'actualité sur le site israélien Ynet a une façon à la fois originale et "hard" de rendre compte des évènements ; je dois dire que je ne le suis pas toujours dans ses positions ; mais pour cette production, intitulée "peine capitale" et traduite par Juif.org, il est difficile de ne pas être d'accord !


Petit rappel pour les visiteurs conditionnés par la propagande anti-israélienne : la peine de mort n'existe pas dans l'état juif, seule exception dans la région ; rapporté au nombre d'habitants, l'Iran était avec 220 exécutions au 1er octobre le champion du monde ; on y met à mort des mineurs ou des homosexuels, des détenus de droit commun et toutes sortes de "déviants" qui ne sont pas des meurtriers ; mais on n'entend jamais une condamnation dans nos journaux télé !

J.C


06 octobre 2008

« Social Fascisme » : un éditorial inquiétant d’Alexandre Adler dans « Le Figaro »


Olivier Besancenot (photo Reuters)

Introduction :
Le krach financier qui s’est étendu en quelques semaines comme une traînée de poudre, depuis les Etats-Unis jusqu’à l’Europe, augure une période de fortes secousses bien redoutable pour les pays démocratiques. Posté à ma petite fenêtre et redoutant, fort naturellement, une éclipse américaine qui renforcerait d’autant le camp des « islamo fascistes », j’avoue n’avoir pas, spontanément, songé à un autre fascisme qui risquerait de survenir ... chez nous ! Alexandre Adler imagine que, comme dans les années trente et en raison de la même lâcheté des élites, un parti antisémite de masse ne vienne en embuscade : et il le voit à l’extrême gauche de l’échiquier politique. 
J.C

Dans l'accalmie qui sépare le grand cataclysme de Wall Street de ses conséquences macroéconomiques et politiques sur le reste du monde, il est possible de ménager un petit espace à la réflexion politique, un espace nécessairement angoissant. Certes, l'effondrement ne sera pas comparable à celui de 1929 sur le plan matériel. Mais il en va différemment du plan intellectuel où, pour le dire non sans une certaine emphase, sur le plan spirituel. En 1928, quelques mois avant le krach de Wall Street, l'Allemagne avait pour chancelier le débonnaire social-démocrate Hermann Mül­ler, soutenu par les non moins débonnaires catholiques démocratiques et libéraux laïques. Le parti nazi, dont la tentative de prise de pouvoir en 1923 s'était soldée par une fin lamentable et même comique, oscillait entre 4 % et 6 % du corps électoral.
Trois ans plus tard, le même parti approchait des 40 %. Une telle progression cancéreuse avait pour cause essentielle, sinon unique, l'effondrement du système économique capitaliste géré par des formations démocratiques modérées. Si l'ampleur du désastre, on l'espère de tout coeur, pourra être contenue, si même on peut s'attendre de la correction en cours une amélioration et une rationalisation du système, il n'empêche que nous sommes à la merci d'un accident économique sérieux, et nous au­rons à faire à une poussée populiste et autoritaire de grande ampleur.
Bien entendu, avec un sens de la répétition historique qui s'est toujours démenti, les yeux se tournent vers ce qu'il reste du Front national. Pour ma part, scrutant l'horizon tous azimuts, je verrais plutôt le danger sur notre extrême gauche que sur notre extrême droite. Mais que le lecteur me permette ici un petit excursus par la Vienne de Robert Musil.
Le grand romancier autrichien qui commence à rédiger son chef-d'oeuvre « L'Homme sans qualités », à peu près au moment où le désastre allemand devient lisible, nous dépeint une mode particulièrement étrange dans la capitale de l'Autriche-Hongrie, en 1913. Toute la bonne société, intellectuels et artistes notamment, s'enthousiasme, en effet, pour un clochard qui a assassiné quelques prostituées dans le parc du Prater, du nom de Moosbrugger ; tout le monde le trouve étonnamment poétique et audacieux.
Musil nous parle de ce fait divers, parce que probablement le meurtrier Moosbrugger a dû partager sa couche, à l'asile de nuit, avec un autre clochard du nom d'Aldolf Hitler qui, lui, n'en restera pas aux prostituées de passage dans l'ambition destructrice. L'enthousiasme pour le petit assassin prépare, comme dans un pressentiment, l'émotion en faveur du grand criminel.
Quelque chose de semblable est en train de se passer en France aujourd'hui. Cela commence par la pâmoison active de certains artistes en faveur de tueurs en cavale, généralement italiens. Puis on découvre, avec horreur, qu'un nombre, on hésite à dire, respectable de nos concitoyens, imaginent que le 11 septembre 2001 est le résultat d'un vaste complot dans lequel Ben Laden n'aura été, au mieux, qu'une marionnette manipulée. Soyons clairs : on n'a pas besoin du nouveau torchon qui se réclame de l'excellent Siné pour comprendre que si complot il y a, ce ne peut être que le fait de l'establishment américain, et bien sûr de ses suppôts juifs, new-yorkais autant qu'israéliens. C'est ce que disent généraux pakistanais et imams cairotes dès maintenant, c'est ce que brûlent de dire nos modernes sceptiques. Et voici que l'un des assassins de Georges Besse justifie son action et est admis au nouveau parti anticapitaliste du célèbre affranchi postal, Besancenot.
Dans la République de Weimar, la responsabilité principale de l'ascension de Hitler vient des élites conservatrices catholiques et protestantes : malgré la répulsion que leur inspirait le nazisme, de temps à autre, ces élites inconsolables de l'Empire de Guillaume II ne pouvaient s'empêcher de tenir les nazis pour des patriotes, certes un peu vulgaires et excités, et tenaient de la même manière les républicains modérés pour des acteurs illégitimes de la vie politique. Cette même baisse des défenses immunitaires existe aujourd'hui à gauche.
Certes, le Parti socialiste n'est pas sur les positions de l'extrême gauche sociale fasciste. Mais l'origine, très souvent trotskiste, parfois communisante de la grande majorité de ces élites lui a mis «un flic dans la tête» : comme le disait Jaurès à propos de Briand, rien n'est pire qu'un hilote dégrisé. Tant les dirigeants du Parti socialiste se donneront tort de leur effective modération, ils considéreront Besancenot et la théorie de petites brutes imbéciles qui font masse autour de lui comme des représentants plus purs et plus intègres des idées qu'ils défendaient dans leur jeunesse.
Si nous voulons éviter que la crise nous confronte bientôt à un parti social fasciste de masse, aux connotations manifestement antisémites, c'est au Parti socialiste, en première ligne, de réagir énergiquement. S'il parvient à le faire, il sera peut-être le parti hégémonique de l'après - crise. S'il manque à son devoir, l'explosion est à brève échéance.

Alexandre Adler,
Le Figaro, 4 octobre 2008