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30 novembre 2007

Algérie : "Message d'accueil antisémite pour Sarkozy", un article du "Figaro" qui a fait du bruit !

Mohamed-Cherif Abbès, Ministre algérien des Anciens Combattants
(crédit photo AFP)

Ce blog - comme mon émission - essaie de rendre compte, régulièrement, des tentatives d’établir des passerelles entre Juifs et Musulmans, des gestes de bonne volonté des uns et des autres, et ce afin de ne pas insulter l’avenir ... et sans non plus se bercer d’illusions sur l’avenir proche, mais cela aussi mes lecteurs et auditeurs le savent bien. Raison de plus pour ne pas ignorer ici les propos antisémites scandaleux d’un officiel d’un pays arabe, ministre de surcroît : d'autant plus que - enfin ! - on en a largement parlé dans notre pays.
Petit extrait, d'abord, de l’article de Thierry Oberlé publié dans "Le Figaro" mercredi 28 novembre :

Le ton monte à Alger à quelques jours de la visite d’État de Nicolas Sarkozy, prévue du 3 au 5 décembre. Dans un entretien accordé lundi à El Khabar, le principal quotidien du pays, le ministre des Anciens Combattants algériens, Mohammed Cherif Abbès, accuse à mots à peine couverts le président français d’être un agent à la solde d’Israël.
"Vous connaissez les origines du président français et ceux qui l’ont amené au pouvoir", avance-t-il. Avant de s’interroger : "Saviez-vous que les autorités israéliennes avaient mis en circulation un timbre à l’effigie de Sarkozy, en pleine campagne électorale ?" Il ajoute : "Pourquoi Bernard Kouchner, une personnalité de gauche, a décidé de sauter le pas (en entrant au gouvernement) ? Cela ne s’est pas fait pour des croyances personnelles. C’était le résultat d’un mouvement qui reflète l’avis des véritables architectes de l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, le lobby juif qui a le monopole de l’industrie en France."

L’article du "Figaro" (lire sur ce lien tant qu'il est actif) mentionne également les explications embarrassées de Mohamed Cherif Abbès, ainsi que les réactions (fort diverses) des partis politiques algériens : dans le climat de déliquescence qui caractérise la fin de règne de Bouteflika, on voit donc resurgir les vieux démons antisémites - vieux démons en vérité, et cela me rappelle ma dernière interview avec l’historien Benjamin Stora à propos de son livre "Juifs d’Algérie, les trois exils" : de manière encore plus nette que dans son ouvrage, il avait convenu que, oui, depuis l’origine du mouvement national algérien il y a eu en son sein une mouvance clairement antisémite, et cela dès les années trente et quarante ... une haine donc ancienne, recuite, sans aucune mauvaise conscience et qui permet des décennies plus tard de tels dérapages !

Le CRIF, pour sa part, a fermement réagi et j’ai plaisir à reproduire ci-dessous son communiqué :

Paris, 28 nov 2007 (AFP) - Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s'est dit mercredi "écoeuré par les propos grossièrement antisémites" tenus par le ministre algérien des Anciens combattants, Mohamed-Cherif Abbès, et attend un "démenti sans ambiguité des autorités algériennes". Dans un communiqué diffusé mercredi, le Crif indique avoir "pris connaissance avec accablement" de ses propos. Le ministre algérien, dans des déclarations publiées par le journal El Khabar, a évoqué les "origines" du président Sarkozy, "attribuant son arrivée au pouvoir à l'action d'un lobby juif et s'est insurgé contre la venue du chanteur Enrico Macias (qui a renoncé à accompagner Nicolas Sarkozy, ndlr) en Algérie", rappelle le Crif. "De tels propos fomentent la haine envers les Juifs et visent à retarder toute tentative de réconciliation entre la France et l'Algérie", ajoute-t-il. Le Crif "attend un démenti sans ambiguité des autorités algériennes" et indique que "pour sa part, il ne renoncera pas à continuer d'approfondir le dialogue avec le monde musulman". Le président Sarkozy se rendra en Algérie en visite d'Etat du 3 au 5 décembre. Le chanteur pied-noir Enrico Macias devait l'accompagner mais a fait savoir qu'il renonçait à faire partie du voyage, estimant qu'il n'était pas le bienvenu dans le pays.

Mais cette réaction n'a pas été la seule, et bien heureusement la communauté juive ne s'est pas trouvée isolée dans cette affaire ...

Réactions du Parti Socialiste
Dans un communiqué, le socialiste Jean-Christophe Cambadélis demande de son côté l'annulation du voyage présidentiel. "Il est peu probable que le Général de Gaulle, François Mitterrand, voire Jacques Chirac eut passé outre de telles déclarations qui portent atteintes à l'autorité de la France", souligne le député parisien. A ses yeux, "la France ne peut accepter que l'on fixe sa conduite, ses délégations et sa ligne de conduite".
Sur RTL, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a estimé que Nicolas Sarkozy ne pouvait "pas aller à Alger sans obtenir avant des excuses". "Il ne faut pas laisser passer ce genre de choses", a-t-il fait valoir jeudi matin.
(Source : journal "Le Monde")

Réactions diverses
La Ligue des droits de l'Homme (LDH) s'est dite "scandalisée" par ces déclarations qui "témoignent de la résurgence des préjugés antisémites les plus nauséabonds" et "doivent être immédiatement désavoués".Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) a évoqué des propos "tout aussi inacceptables qu'irresponsables".Le président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), Patrick Gaubert, député au Parlement européen, a affirmé qu'il n'était "pas surpris par ces déclarations à connotation antisémite" ajoutant que "l'Etat algérien et ses représentants sont coutumiers de ce genre de déclarations".Le président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Axel Poniatowski (UMP), a qualifié ces propos de "purement inqualifiables". "C'est à la fois grotesque, inutilement blessant, totalement déplacé et extrêmement grossier", a estimé le Député. "D'ici la visite de M. Sarkozy en Algérie, il nous faut des explications", a-t-il ajouté.
(Source : journal en ligne « 20 minutes »)

Enfin, "last but not least", lors de l’entretien télévisée qu’il a accordé hier soir à Arlette Chabot et Patrick Poivre d’Arvor - grands mercis à nos deux chaînes télévisées pour avoir soulevé ce sujet d’actualité, ce n’est pas tous les jours que la haine anti-juive venue du monde arabe est portée à la connaissance du grand public - Nicolas Sarkozy a évoqué son entretien téléphonique avec Abdelaziz Bouteflika ; et les explications (assez molles, sur le fond) de l’Algérie officielle, qui prend ses distances avec les propos de son ministre. "L'incident est clos" donc, pour notre Président.

J.C

29 novembre 2007

Les Juifs et les Chrétiens dans le texte coranique (2/2), par Mezri Haddad

Introduction :
Suite et fin de l’article publié dans la revue « Le Monde des religions » de septembre octobre 2007, par le philosophe tunisien Mezri Haddad, avec son aimable autorisation.Hier, je publiais la première partie avec une analyse du texte coranique pour ce qui concerne les Juifs. Aujourd’hui, je publie ce qui concerne la présentation des Chrétiens dans le Coran, et la conclusion.
J.C

A l’égard des Chrétiens

De même que pour les juifs, à l’égard des Chrétiens l’attitude du Coran est très critique. Il leur est reproché d’avoir oublié ou volontairement falsifié leurs Écritures saintes. Ce en raison de quoi, Dieu les invite à être fidèles à leurs Livres : « Que les hommes de l’Évangile jugent par ce sur quoi Dieu leur a fait révélation (5, 47). Et plus loin, « Dis, O vous Gens du Livre, vous ne reposez sur rien, tant que vous ne vous en tenez pas à la Torah et à l’Evangile et à ceux qui vous a été révélé de la part de votre Seigneur ». Il est cependant clair, et les commentateurs sont unanimes là-dessus, que le Coran est moins sévère à l’égard des Chrétiens qu’envers les Juifs car « il y a parmi eux des prêtres et des moines et qu’ils ne s’enflent pas d’orgueil »(5, 82). Quoi qu’il en soit de cette bienséance coranique à l’endroit des Chrétiens, il n’en reste pas moins que leurs « fautes » sont beaucoup plus graves que celles des Juifs. C’est en tout cas ce qui a été dit par certains commentateurs et notamment par Al-Râzi ou par Al-Ghazâli dans sa Réfutation excellente de la Divinité de Jésus Christ. Fautes plus graves car elles portent sur la nature de Dieu lui-même, tandis que les critiques à l’encontre des Juifs découlent de leur refus de reconnaître à Mouhammad le statut de prophète. Plusieurs versets condamnent violemment la thèse des trois mystères qui sont au fondement de la foi chrétienne, à savoir la trinité, l’incarnation et la rédemption : « Croyez en Dieu et en Ses envoyés et ne dites pas trois »(4, 171) ; « Ce sont à coup sûr des infidèles ceux qui disent que Dieu est le troisième d’une triade »(5, 73) ; « Quand Dieu dit : O Jésus, fils de Marie ! est-ce toi qui as dit aux hommes : prenez-moi, moi et ma mère, comme deux dieux en dehors de Dieu ? »(5, 116) ; « Les chrétiens ont dit que le Messie est fils de Dieu »(9, 30), mais « Dieu n’a pas d’enfants parce qu’Il n’a pas de compagne »(6, 110) ; « Ils répètent ce que les incrédules disaient avant eux. Que Dieu les anéantisse ! Ils sont tellement stupides ! Ils ont pris leurs docteurs et leurs moines, ainsi que le Messie, fils de Marie, comme seigneurs, au lieu de Dieu. Mais ils n’ont reçu l’ordre que d’adorer un Dieu unique. IL n’y a de Dieu que lui ! »(9, 29).

C’est au verset 5, 51 que l’on trouve la conséquence ultime de toute cette controverse contre les « Gens du Livre » : O vous qui croyez ! Ne prenez pas les juifs et les chrétiens comme amis. Ils sont amis les uns des autres, et celui d’entre vous qui lie amitié avec eux devient donc l’un des leurs ». De là à déclarer la guerre sainte contre les infidèles, il n’y a qu’un pas : « O Prophète ! Combats les infidèles et les hypocrites ; sois dur envers eux » (9, 73 et 66, 9). De même qu’on ne peut pas passer sous silence ces versets sur lesquels se basent aujourd’hui tous les extrémistes et les terroristes : « Combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent ... Tuez-les partout où vous les rencontrez, et chassez-les des lieux d’où ils vous auront chassés »(2, 190) ; ou encore « Ne prenez donc pas d’amis parmi eux jusqu’à ce qu’ils fassent hégire sur le chemin de Dieu. S’ils se détournent, saisissez-les et tuez-les partout où vous les trouverez »(4, 89) ... etc.

Même s’ils ont été parfois nuancés par certains exégètes, aussi bien classiques que modernes, ces versets posent aujourd’hui un grave problème à la conscience islamique. Y toucher pour les frapper de caducité serait un sacrilège, puisque les enseignement du Coran sont censés être bons pour tous les temps. Les expurger du Coran par mesure d’hygiène morale et par souci d’apaisement et de réconciliation avec les Gens du Livre, serait également un grand sacrilège puisque c’est la sacralité même du Coran qui serait touchée, l’origine absolument divine de ce Livre étant, comme nous l’avons indiqué au départ, le dogme fondateur de l’islam. L’époque tumultueuse et périlleuse que nous vivons exige pourtant que les penseurs musulmans fassent cet effort exégétique, notamment en réactivant et en rénovant la théorie de l’abrogation. Cet effort doit se poursuivre jusqu’à ce que la position du Coran à l’égard des juifs et des chrétiens s’arrête définitivement et irréversiblement sur le verset 69 de la sourate « La Table » : « Ceux qui croient, les juifs, les sabéens, les chrétiens qui croient en Dieu et au jour dernier, et qui pratiquent la vertu, seront exempts de toute crainte et ne seront pas affligés ». D’autres versets réitèrent et confirment cette position : le verset 62 de la sourate « Le Pèlerinage », le verset 62 de la sourate « La Génisse » ... et cela devrait suffire à ceux qui ne veulent pas voir les signes de Dieu ni entendre ses appels. 

Mezri Haddad

28 novembre 2007

Les Juifs et les Chrétiens dans le texte coranique (1/2), par Mezri Haddad



Introduction :
La revue « Le Monde des religions » a publié, dans son numéro de septembre octobre 2007 (voir illustration), un dossier synthétique intitulé « Ce que dit vraiment le Coran ». Un sujet potentiellement explosif, où les grands médias oscillent toujours entre le « politiquement correct » prêt à tous les discours les mielleux, et la critique acerbe - qui voue aux gémonies une foi monothéiste, en n’en retenant que les facettes les moins sympathiques. Or, et c’est une agréable surprise, cette revue a évité les deux écueils en faisant appel à des contributions érudites - et surtout, souvent musulmanes, par leur foi ou leur culture.
C’est le cas de mon ami Mezri Haddad, qui a été plusieurs fois mon invité sur Judaïques FM, et dont j’ai déjà publié des articles sur le blog. Philosophe tunisien et auteurs de plusieurs ouvrages sur l’islam, il est d’abord théologien et enseigne à la fois à l’Université de Tunis et à la Faculté catholique de Paris. Et il s’est attaqué à un sujet délicat, celui de la présentation des Juifs et des Chrétiens dans le texte le plus sacré de l’islam, le Coran. Il l’a fait sans langue de bois, et il faut l’en féliciter !
Avec son aimable autorisation, je publie ici en deux parties sa contribution (il s’agit du texte complet, un peu plus long que l’article publié dans « Le Monde des religions »).

J.C



Il convient d’abord de préciser qu’à l’égard des Juifs et des Chrétiens, les prises de position du Coran ne sont ni définitives, ni univoques. Et pour cause : elles reflètent souvent l’état des relations entre Mouhammad et « les gens du Livre », qualification coranique qui désigne ces deux principales ramifications du monothéisme biblique avec lesquelles l’islam a été d’emblée en contact et dont il a probablement subi quelques influences avant de s’en démarquer radicalement. Les propos tenu par le Coran à l’endroit des Juifs et des Chrétiens - tantôt conciliants et affables, tantôt virulents et vindicatifs - correspondent précisément à ces deux grands moments dans la genèse de l’islam : le moment inaugural à la Mecque et le moment constitutif à Médine. C’est que dans son apostolat mecquois (610-622), où sa cible principale était le paganisme arabe, Mouhammad reconnaissait les Hanifs, les Juifs et les Chrétiens sans doute pour les ramener à sa cause contre les polythéistes de Quraysch. Dans son apostolat médinois (622-630), où il a pu rassembler sa communauté et fonder sa cité, il n’avait plus besoin du soutien des Juifs que certains accusent de trahison et contre lesquels s’abattra bientôt la violence d’une armée impitoyablement puissante.

Dès lors, toute la difficulté - notamment lorsqu’on traite de questions relatives au dialogue des religions, à la tolérance ou à la liberté religieuse - consiste à distinguer, dans les 6226 versets qui composent le Coran, ce qui est essentiel et ce qui est conjoncturel, ce qui s’inscrit dans l’absolu et ce qui relève du relatif, ou encore ce qui est de l’ordre du « péremptoire »(muhkam) et celui de l’ « ambigu »(mutachâbah), pour emprunter ces deux catégories à Averroès dans son magistral Traité Décisif.

Le moins qu’on puisse dire est que, en contexte islamique, une telle démarche exégétique n’est pas toujours évidente. C’est qu’elle présuppose le postulat théologique et philosophique lourd de sens et de conséquences, qui a été jadis et naguère défendu par les mutazilites, à savoir que le Coran est un texte crée. Or, c’est sur l’opposé radical à cette affirmation « hérétique » que repose toute la dogmatique islamique : le caractère totalement incréé du Coran. C’est en effet la transcendance absolue du Coran, le caractère exclusivement divin de ce Livre qui constituent le dogme fondateur de l’islam ... et son handicap majeur dans toute tentative de réforme.

Si le point de vue coranique sur les Juifs et les Chrétiens découle indubitablement de situations historiques précises et plus exactement de l’état des relations entre le prophète de l’islam et ces deux communautés religieuses, la méthode exégétique à laquelle l’on doit recourir dans une telle problématique doit être forcément l’explication du texte par le contexte.

A l’égard des Juifs

« Abraham n’était ni juif, ni chrétien » (3, 67). Dans cette affirmation coranique, se trame les deux principaux griefs à l’égard des Juifs : le fait de se considérer comme étant le peuple élu par Dieu et le fait de ne point reconnaître Mouhammad comme un authentique prophète qui, selon certaines légendes,avait été annoncé par Moïse. Le Coran reconnaît toutefois l’alliance entre Dieu et les Juifs : « Nous avons fait alliance avec les fils d’Israël : Vous n’adorez que Dieu ... »(2, 73). Mais la suite du verset montre clairement que cette alliance n’est pas celle dont parle la Bible, ce qui délégitime les prétentions juives à l’exclusivisme. « O fils d’Israël ! Souvenez-vous des bienfaits dont je vous ai comblé. Accomplissez Mon pacte »(2, 40). Selon les exégètes musulmans, ces bienfaits sont d’abord la sortie d’Egypte, le passage de la mer rouge, la colonne de nuée ... Et pour eux, le pacte (ahd) n’est que le synonyme de l’alliance (mithâq) évoqué par le Coran (2, 73). D’autres exégètes croient qu’il s’agit de la promesse faite par les juifs en recevant la Torah : suivre le futur prophète annoncé, en l’occurrence Mouhammad.

Si ses reproches aux juifs semblent relever du dogme coranique, d’autres sont tout à fait circonstanciels : « Les juifs disent : la main de Dieu est fermée ... Bien au contraire les mains de dieu sont largement ouvertes et Dieu accorde Ses dons comme Il veut »(5, 64). Pour certains commentateurs, les juifs n’ont dit que la main de Dieu était fermée que parce qu’ils avaient de grands biens qu’ils perdirent lorsqu’ils ont rejeté l’apostolat de Mouhammad. Pour d’autres, les juifs constataient le dénuement du prophète malgré le verset 2, 245 suivant lequel « A celui qui fait à Dieu un prêt généreux, Il le rend en le multipliant de nombreuses fois ». De ce fait, candidement ou ironiquement, ils ont considéré que le Dieu de Mouhammad est ou bien pauvre, ou bien avare.

L’aboutissement « logique » de cette série de blâmes à l’encontre des Juifs est le verset 5, 82 : « Oui, tu trouveras vraiment que les hommes qui sont les plus violents dans l’hostilité envers les croyants sont les juifs et les polythéistes ». A noter que les exégètes classiques n’ont pas essayé de relativiser la dureté de ce jugement assertorique. Ainsi, pour Al-Râzi, « La doctrine des juifs est qu’ils ont l’obligation de faire le mal à ceux qui diffèrent d’eux dans la religion, de quelque manière que ce soit : si c’est possible, en tuant, sinon par la spoliation, le vol ou par une quelconque espèce de ruse, de machination et de stratagème ». La même subjectivité se trouve chez le célèbre Zamakhschari pour lequel « Les juifs sont les hommes les plus cupides ». Tout en s’abstenant d’infirmer ce qui a été dit par leurs prédécesseurs, d’autres commentateurs modernes ont essayé de minimiser sa portée en recourant au procédé contextuel. C’est le cas de Rachid Ridâ qui, dans son Commentaire du Manar, défend la thèse suivant laquelle la condamnation ne concerne que les juifs contemporains du prophète à Médine, que par conséquent, elle est obsolète pour les générations suivantes. Rachid Ridâ invoque d’ailleurs le verset 5, 82, déjà cité et dans lequel les juifs sont stigmatisées, et il relève ce qu’il considère comme un paradoxe : « les chrétiens sont les plus proches des croyants par l’amitié ». En pensant probablement aux Croisades et à la colonisation, il laisse entendre que les chrétiens ont été bien plus hostiles aux musulmans que les juifs visés par le Coran.


Mezri Haddad

25 novembre 2007

Pourquoi Annapolis est déjà un succès, par Isabelle-Yaël Rose

La conférence d’Annapolis soulève beaucoup de scepticisme tant dans la presse israélienne que dans la presse arabe. Beaucoup dénoncent un événement médiatique, voire publicitaire, un « coup » qui aurait été « monté » par l’administration américaine : à en croire les déclarations du ministre des affaires étrangères syrien, qui rejoint en cela certains analystes israéliens, George Bush aurait prémédité cette conférence en direction du monde arabe - mais aussi occidental - pour faire la preuve que les États-Unis, embourbés en Irak, étaient également un pays qui œuvrait pour la paix.
Il serait naïf de croire que la conférence d’Annapolis règlera le conflit israélo-palestinien. Nul ne s’attend à la signature d’un accord de paix à la manière de Camp David. Il serait encore naïf de croire qu’Annapolis règlera le conflit israélo-arabe dans toute son extension : le Golan reste un obstacle qui empêche une normalisation des relations entre la Syrie et Israël ; les pays arabes ont mis pour condition - l’Égypte en tête - un règlement du conflit israélo-palestinien pour arriver à une pacification totale des relations. Enfin, Annapolis ne règlera pas plus les tensions persistantes qui existent à l’intérieur du monde arabe d’une manière générale, et de la société palestinienne en particulier : l’Autorité palestinienne, déjà expulsée dans un bain de sang à Gaza, reste menacée en Cisjordanie par le Hamas et les autres groupes armés. Les problèmes étant tellement complexes et intriqués, il faudrait être démesurément optimiste pour croire que la conférence d’Annapolis pourra tous les régler. Or, le Moyen-Orient apprend à ne pas être optimiste. Il ne faudrait pourtant pas que l’ampleur des problématiques conduisent les uns et les autres à désespérer. Parce qu’Annapolis, si l’on n’exige pas de lui la Lune, est déjà un succès.

Le « ballet diplomatique », qui voit les envoyés des uns succéder aux envoyés des autres, a déjà présenté du nouveau. A l’intérieur du monde arabe. C’est ainsi que nous avons pu assister à la visite du roi de Jordanie, Abdullah II, à Damas. Quand on sait le mauvais état des relations entre les deux pays ; quand on se rappelle de l’isolement de la Syrie, coincée par son alliance avec le Hezbollah chiite et l’Iran perse, que l’Arabie-Saoudite et l’Égypte avaient vainement tenter de briser, cette visite jordanienne est en soi un succès. Est-ce à dire que la Syrie cessera ses invectives provocatrices dans les sommets de la Ligue arabe ? Est-ce à dire qu’elle virera de cap ? Certainement pas. Nul ne peut dire d’ailleurs si elle assistera, et à quel niveau de représentation, à la conférence organisée dans le Maryland. Mais une chose est déjà acquise : l’administration américaine - et elle n’est pas la seule - a reconnu que la Syrie ne devait plus être laissée dans son isolement. Reste à savoir comment Assad utilisera son pouvoir de nuisance certain dans la région. Pour connaître la réponse à cette question, il suffira de suivre de près la démarche de Bernard Kouchner - et ses résultats - au Liban, qui se tient de nouveau au bord d’une catastrophe dont personne ne peut prédire aujourd’hui les répercussions dans la région.

Les Israéliens sont des personnes impatientes. A cette impatience, il y a évidemment des raisons : que l’on habite Sderot où que l’on décide tout simplement de faire des enfants, de telles décisions ne sont pas sans danger puisque les enfants seront amenés à faire le service militaire. Telle est l’une des choses que la guerre du Liban aura rappelées cruellement. Mais le politicien, ou l’analyste, doivent se livrer pourtant à cet exercice périlleux qui consiste à quitter le terrain de l’immédiateté et du personnel pour tenter d’arriver à une vue d’ensemble et à une perspective historique qui englobe non seulement l’avenir mais également le passé. En ce qui concerne ses relations avec le monde arabe, il serait un euphémisme de dire qu’Israël est parti de très loin. S’il serait exagéré de croire qu’Israël compte des amis dans le monde arabe - tout simplement parce qu’en politique personne n’a jamais des amis mais seulement des intérêts d’État, y compris à l’intérieur du monde arabe ou occidental - il est en revanche possible de dire aujourd’hui qu’Israël a sinon des alliés du moins des interlocuteurs influents et de qualité. Le monde arabe, dernière la formule unifiante, n’est pas un. A l’intérieur de chaque pays arabe particulier se dessinent également des fractures et des divergences. Des pans entiers de la société et du monde politique arabes se découvrent progressivement une communauté de vision et d’intérêt avec Israël. C’est pourquoi ce qui était encore impensable il y a vingt ans devient possible et même réel actuellement. La perspective de voir un Premier ministre d’Israël prendre la parole officiellement devant un auditoire de représentants de pays arabes avec lesquels Israël n’a pas encore de relations diplomatiques devrait être un spectacle - car c’en est un aussi - encourageant. Le monde de l’image et de la représentation n’est pas vide, comme on le pense trop souvent. Il véhicule aussi un message et nous dit quelque chose sur l’état du monde. Les images permettent même d’agir sur ses ressorts. Le Hamas, les groupes terroristes, les fanatiques - les Arabes comme les Juifs - l’ont bien compris qui ont juré de saboter la conférence d’Annapolis.

Le problème le plus épineux concerne évidemment l’état des relations entre les Palestiniens et Israël. Aucun accord substantiel ne sera signé à Annapolis qui permette la création d’un État palestinien ou qui règle les problèmes fondamentaux que sont Jérusalem, les frontières, les réfugiés. Et cela, tout le monde le sait. Est-ce à dire qu’Annapolis sera encore un coup d’épée dans l’eau ? Non. S’il est inutile de rappeler le bénéfice que pourra en tirer Mahmoud Abbas, lequel devrait pouvoir compter sur le soutien des pays arabes - il peut déjà compter sur celui de Rice qui vient de mettre la pression sur Israël dans ses dernières déclarations - la conférence permettra aussi de retendre les fils de la discussion. Car en la matière, et nous avons appris cela d’Oslo, mieux vaut ne pas arriver à un accord (médiatique) qui ne serait qu’un coup de couteau dans le dos. C’est en tous les cas ce que commande la raison.

Les préparatifs de la conférence d’Annapolis ont relancé une dynamique politico-diplomatique d’importance. Pour reprendre une formule empruntée au rugby, l’essai devra être transformé après la conférence. Cet après doit s’inscrire dans la durée et dans le temps. Sans doute même dans l’obscurité et le silence quoique les peuples réclament toujours les projecteurs, le fracas, et les déclarations (qu’ils méprisent en même temps, ce qui n’est pas la moindre de leurs contradictions).
Pour ce qui est des prophètes de malheur, on peut se demander parfois s’ils se contentent de lire ce qu’ils estiment être des « signes » ou s’ils ne travaillent pas plutôt activement à transformer leurs rêves de catastrophes et de guerres en réalité. A force de prophétiser la guerre, on finit parfois par la provoquer.
Certes, les intentions des uns et des autres doivent toujours être soupçonnées. Il y a le devant de la scène, et puis il y a les coulisses. Mais comme dit un proverbe arabe, « on raccompagne le menteur jusqu’à la porte ». Avant de la refermer.

Isabelle-Yaël Rose
Jérusalem, le 23 Novembre 2007

Nota de Jean Corcos :
Merci à ma "correspondante" en Israël pour cet article bien rafraichissant et dont les phrases sonnent tellement juste ... Je me réjouis de l'accueillir à nouveau dans les colonnes du blog, comme je l'espère aussi les "vieux" lecteurs fidèles. Les autres pourront découvrir son talent, aux multiples facettes, en cliquant sur son nom en libellé. Précisons aussi que cette journaliste "free-lance" écrit également des articles pour l'excellente revue "l'Arche", et travaille depuis peu pour le quotidien israélien "The Jerusalem Post".

Que des sourires ... mais ça fait du bien !






Non, rassurez-vous, ce blog ne tourne pas au "Paris-Match" ou pire, dans le style "people" ... J'ai cependant eu envie de publier ces trois photos récentes de retrouvailles chaleureuses entre leaders israéliens et occidentaux - de haut en bas : Tony Blair et Tzipi Livni ; Shimon Peres et "Condie" Rice ; Tzipi Livni et Bernard Kouchner -, pour plusieurs raisons :

- D'abord parce que, au delà des sourires diplomatiques, elles traduisent bien la nette remontée du prestige d'Israël au cours des dernières années, n'en déplaise à la fois aux "ultras" juifs (qui nous jouent perpétuellement le numéro du "personne ne nous aime"), et des antisémites (qui s'appellent toujours "antisionistes" pour mieux débiner le petit état juif) ;

- Ensuite, en pensant à ces derniers et à leurs specimens qui atterrissent sur le blog, je me réjouis d'avance d'imaginer leurs mines dépitées : malgré la propagande hostile, malgré leurs campagnes de dénigrement, malgré (hélas) ce que suggèrent trop de médias, Israël est une puissance respectée ... et amie des grandes puissances occidentales - dont la France, ce qui me réjouit particulièrement, et comme français, et comme juif !

- Enfin et peut-être surtout, parce que les prochains mois risquent d'être particulièrement critiques pour l'avenir du Moyen-Orient : il y aura bien sûr dans deux jours la conférence internationale de Paix à Annapolis, et Israël aura besoin, dans le processus diplomatique qui suivra, de ne pas se retrouver isolé. Mais au delà du Monde arabe qui semble cautionner - au moins au niveau des gouvernements - une option diplomatique, il y a le camp du "Djihad" qui continue de croire à la destruction, à terme, de l'état juif, et là l'ennemi a une adresse précise : Téhéran. Soit l'Iran "nazislamiste" tire son épingle du jeu dans la crise nucléaire et continue sa course à l'hégémonie régionale, soit il est arrêté par des pressions économiques ou militaires ; dans tous les cas, "il y aura de la casse" et Israël aura un lourd prix à payer. A ce moment là ... nous verrons ce que valent tous ces sourires - et ces bises données à la jolie ministre.

J.C

24 novembre 2007

Encore des nouvelles de la Blogosphère

Avant de passer à de nouveaux sujets à partir de demain, j’aimerais revenir sur certaines informations, publiées récemment ou il y a un petit moment ...

1) A propos du voyage de Shimon Peres en Turquie, j’avais repris l’information diffusée un peu partout, à savoir que c’était la première fois qu’un Chef de l’État israélien parlait devant le Parlement d’un pays musulman ... Mon amie Isabelle-Yaël Rose m’a écrit depuis que ce n’était pas en fait une première, Itzhak Navon (également Président à l’époque) s’étant adressé en hébreu devant l’Assemblée Nationale égyptienne en 1980, dont acte ! C’était il est vrai il y a bien longtemps, quelques années après le voyage historique d’Anouar El Sadate à Jérusalem dont on vient de vivre, dans la plus grande discrétion, le trentième anniversaire.

2) Mais ces évènements font penser à la grande conférence internationale d’Annapolis sur la Paix israélo-palestinienne, sur laquelle je lis - aussi bien dans la presse que sur la « Blogosphère » - les pronostics les moins encourageants. Isabelle-Yaël Rose, justement, dont beaucoup de lecteurs ont du languir le talent, m’a envoyé un billet fort pertinent sur ce qu’une telle rencontre représente, déjà, de positif : rendez-vous demain pour le lire !

3) A propos de blogosphère, peut-être avez-vous remarqué un nouveau lien permanent, celui du site « Terre d’Israël » : encore une adresse israélienne francophone, après « Politique arabe de la France » (PAF), « juif.org », sans oublier le blog de mon ami Alain « A frenchie in the Holyland ». J’ai donc été amené à publier un billet sur le blog associé à ce site, en rappelant à cette occasion mon article publié le 22 octobre dernier à propos de la polémiste américaine Ann Coulter. Il était en effet question, à nouveau, de l’extrême droite antisémite qui peut abuser certains Juifs en tenant des discours violemment hostiles à l’immigration musulmane. Point de départ de ma réaction, un article présentant en termes élogieux le livre d’une certaine Anne Kling, « la France Licratisée », affirmant que la Licra, organisation antiraciste, a imposé à la France une immigration illimitée qui menacera à terme la communauté juive du Pays. Discours séduisant ? Un peu de curiosité aurait conduit les lecteurs à découvrir sur le Web l’antisémitisme virulent de cette autre enragée d’extrême droite ! Allez donc lire en lien ma publication intitulée (comme mon article précité) « Les ennemis de nos amis ne sont pas forcément nos amis » !

4) Enfin, et pour rester sur ce sujet de l’islam dans nos contrées, j’ai été intrigué de découvrir parmi les libellés de recherches aboutissant sur mon blog beaucoup de « Sarkozy et l’islam » ... ce qui les faisait atterrir sur cet article publié pendant la campagne des présidentielles ! Depuis sa victoire aux élections le sujet semblait beaucoup moins polémique, avec en particulier l’abandon du projet de réaménagement de la Loi de 1905 sur la laïcité, ou la promotion de personnalités issues de l’immigration maghrébine comme Rachida Dati ou Fadela Amara, gages « d’ouverture ». Vrai info ou intox ? Jean Quatremer, correspondant de « Libération » à Bruxelles a écrit sur son blog que le Président français, en recevant des Premiers Ministres européens, « s’est lancé dans un monologue confus d’une vingtaine de minutes, dans un langage très dur, très familier, choquant pour tout dire, contre le « trop grand nombre de musulmans présents en Europe » et leurs difficultés d’intégration. Il a aussi décrit de façon apocalyptique le « choc de civilisation » qui oppose les musulmans à l’Occident. Le tout, manifestement, pour justifier son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Voici le lien sur cet article ... mais ce qui est surtout intéressant, ce sont les centaines de réactions qu’il a provoquées, et le fait que beaucoup d’avis sont très partagés sur le sujet ! 

J.C

22 novembre 2007

Mahmoud est un « Gay luron »


Le sourire du mois
- novembre 2007

D’abord un grand merci au blog « PAF », en lien permanent, qui a le premier signalé ce clip désopilant qui fait bien rire aux dépens d’un sinistre personnage.

Vous-vous souvenez de la visite de Mahmoud Ahmadinejad à l’Université Columbia de New York, et de son fameux « il n’y a pas d’homosexuels en Iran », en réponse à un étudiant qui le titillait sur ce sujet sensible - l’homosexualité étant assimilé à un crime dans la République islamique, et des dizaines de malheureux ayant été pendus récemment pour ce « délit » ...

Il fallait moucher le sinistre nabot antisémite venu plastronner au cœur de l’Amérique, et c’est Andy Samberg, « le mec le plus courageux du moment » qui a eu l’audace de le faire ; et cela, dans une émission vedette de la chaîne NBC, « Saturday Night Live » ; avec, également courageux, un des chanteurs du groupe «Maroon 5 », chantant ce clip aux paroles romantiques ... Mais surtout, surtout, avec un comédien venu jouer les sosies plus vrais que nature (voir la photo) de l’affreux Mahmoud, métamorphosé en « Gay luron » pour l’occasion !

Pour voir la vidéo, allez sur la page "le mec le plus courageux du moment"


J.C

21 novembre 2007

Bernard Kanovitch : un pionnier du dialogue à l'honneur !


Bernard Kanovitch s'entretenant avec Madame Aisha Al Mannai.
Madame Al Mannai a présidé le Comité d'organisation du premier colloque interreligieux tenu au Qatar en présence de représentants juifs.
Doha, 30 juin 2005
Photo parue sur le site du journal "Ashark Alawsat"


Le docteur Bernard Kanovitch est le président de la "Commission pour les relations avec l'islam" du CRIF. Nous avions parlé de sa participation à ce colloque lors d'une émission en juillet 2005 (cliquer ici).

Je publierai dans un futur post un compte-rendu plus conséquent sur les activités de cette commission, à laquelle j'ai la chance d'appartenir depuis six ans, et qui m'a permis de prendre de précieux contacts : Musulmans ouverts au dialogue ou experts spécialistes de l'islam, nombreux ont été les invités de Bernard Kanovitch entendus lors des auditions qu'ils nous ont données au CRIF, et qui ont été par la suite des invités de "Rencontre".


Dans l'attente, je reproduis un extrait d'une interview qu'il a donnée à notre confrère "Actualité Juive", et que publie le site du CRIF.


« Aujourd’hui, je suis fier de pouvoir dire que les Juifs ont été les initiateurs du rapprochement de nos deux communautés ». La bataille qu’il mène au quotidien est la pérennisation des relations entre les communautés juive et musulmane. « Il faut que les jeunes de nos deux communautés abandonnent les injures et les plaisanteries », ajoute-t-il.
Interrogé par l’hebdomadaire, Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, considère Bernard Kanovitch « comme un frère ». « Nous sommes unis par une grande intimité de pensée. Quand il m’arrive dans mon action ou dans mon travail de rencontrer une difficulté ou même d’avoir un doute, je ne manque jamais de m’en ouvrir à lui. Il est toujours de bon conseil et fait preuve d’une grande sagesse », confie Dalil Boubakeur.


Et puis aussi, et surtout, je profite de ce "post" pour le féliciter bien chaleureusement pour sa dernière promotion : déjà Officier de la Légion d'Honneur, il recevra demain jeudi 22 novembre à l'hôtel des Invalides la cravate de Commandeur dans l'Ordre National du Mérite !

J.C

20 novembre 2007

« Al-Qaida ne contrôle plus aucun quartier de Bagdad » … et c’est le journal « Le Monde » qui ose le dire !


Introduction :
Un bien étonnant article publié sous ce titre sur le site du journal « Le Monde » !
Cela fait en vérité plus d’un an que je n’ai pas parlé de l’Irak, ni sur ce blog ni d’ailleurs dans mon émission. D’un côté, les nouvelles semblaient bien déprimantes, et j’en suis venu à penser que l’engagement américain avait pratiquement érodé la force de dissuasion des nations démocratiques face à la double menace, sunnite d’Al-Qaïda, et chiite d’un Iran en passe de devenir une puissance nucléaire. D’un autre côté, je lisais sur des blogs et sites « pro Bush », que sur le terrain la situation s’était améliorée grâce à la nouvelle stratégie de l’armée américaine ; des infos « sacrilèges » pour la plupart des journaux et télévisions de notre pays, pour qui tout engagement occidental (en Irak comme en Afghanistan ou en Liban) ne peut finir que par une déroute style Vietnam.
Il est donc d’autant plus remarquable que l’on lise, dans le journal « Le Monde » - vénérable pilier du « politiquement correct » à la française - un article comme celui que je reproduis ci-dessous ... bonne lecture !
J.C

Les combattants d'Al-Qaida en Mésopotamie, la branche irakienne du mouvement d'Oussama Ben Laden, "ne contrôlent plus" aucun des quartiers sunnites de la capitale, affirme le général Joseph Fil Junior, le commandant des forces américaines déployées à Bagdad.
Après Ghazaliya, Ameriya, Yarmouk et d'autres zones urbaines essentiellement peuplées d'Arabes sunnites, l'AFP a constaté, vendredi 16 novembre, qu'Adhamiya, le seul quartier sunnite sur la rive orientale du fleuve Tigre, qui sépare la capitale en deux parties (la majorité chiite de la ville résidant majoritairement sur cette rive), était à son tour "entièrement sous le contrôle"de résidents armés financés et soutenus par les soldats américains. Naguère réservé aux officiers méritants de l'armée de Saddam Hussein, Adhamiya fut, en avril 2003, le théâtre du dernier bain de foule télévisé du dictateur irakien, qui s'apprêtait à fuir Bagdad où l'armée américaine se déployait.

La diminution spectaculaire des opérations menées par les extrémistes irakiens d'Al-Qaida contre les soldats américains, les policiers et les militaires irakiens et, surtout, les civils de la majorité chiite d'Irak, semble se confirmer sur tous les fronts.

NETTOYAGE ETHNIQUE TERMINÉ

En septembre, puis en octobre, le nombre de civils tués dans des attentats, enlèvements ou assassinats ciblés, a baissé de moitié par rapport aux mois précédents, pour s'établir à environ 850 morts, selon les statistiques gouvernementales. Les pertes parmi les soldats américains ont également diminué depuis deux mois, dans des proportions voisines.
L'amélioration de la situation sécuritaire en Irak, qui reste à confirmer dans la durée et qui ne prémunit pas contre d'autres attentats sanglants, est due à une conjonction de facteurs qui semblent tous plus ou moins liés à la nouvelle stratégie militaire mise en oeuvre par le commandant en chef des forces américaines, le général David Petraeus. A Bagdad, où le nettoyage ethnique entre les deux grandes confessions musulmanes semble terminé, ce qui facilite une certaine "paix des armes", l'implantation permanente, dans chaque zone"troublée", de postes militaires communs américano irakiens et l'édification de hauts murs anti bombes entre les quartiers ont eu un impact évident.

L'embauche et l'armement, par les Américains, de milices dites "civiques", formées de citoyens sunnites qui n'en pouvaient plus des excès des fidèles d'Al- Qaida, ont d'abord été mis en oeuvre, via les tribus, dans les provinces d'Al-Anbar et de Salaheddine. Cette tactique a été progressivement étendue aux villes, dont Bagdad.
Plus de 67 000 miliciens sunnites sont aujourd'hui salariés par les Américains à travers le pays. Des dirigeants chiites craignent que ces hommes armés se retournent contre leurs partisans lorsque la présence militaire américaine aura diminué en Irak, notamment lorsque les 30 000 renforts américains déployés en juin quitteront le pays. Un départ prévu au printemps 2008. 


Patrice Claude
« Le Monde.fr », 17 novembre 2007

17 novembre 2007

Shimon Peres, discours historique à Ankara

Shimon Peres devant le Parlement turc, Ankara le 13 novembre 2007
(photo A.P) 

Juste pour marquer l'évènement, et cela ne pouvait être oublié sur ce blog qui collectionne - comme autant de petits cailloux - les signes d'espoir ...
Shimon Peres a été cette semaine le premier Président de l’État d'Israël à mener une visite officielle en Turquie. Même si les deux pays ont noué de solides relations depuis une dizaine d'années, même si ce grand pays musulman est - toujours officiellement - une République laïque (malgré la solide prise en main du pouvoir par les "islamistes modérés"), il valait toujours mieux consolider cette amitié ... avec un pays qui partage des frontières avec un état toujours en état de guerre avec lui (la Syrie) et un autre menaçant régulièrement de le détruire (l'Iran). Il était aussi important que, symboliquement, il rencontre à Ankara le Premier Ministre palestinien Mahmoud Abbas, à deux semaines de la conférence d'Annapolis.

Photo historique donc, car c'était la première fois qu'un Chef de l'Etat israélien faisait un discours dans l'enceinte du Parlement d'un pays musulman. On reconnait, à l'arrière plan, les membres du gouvernement turc, et en particulier Recep Tayyip Erdogan (cravate jaune), le Premier Ministre.

J.C 

Nota de Jean Corcos ajouté le 15 mai 2015 :
Que ces lignes paraissent naïves a posteriori ! Je les redécouvre, alors que je poursuis mon "ravalement" du blog, année après année. On sais comment Erdogan devait insulter publiquement Shimon Peres lors d'un forum à Davos, quelques années plus tard, et comment il a tout fait pour saboter la confiance entre les deux pays. Mais cela est une autre histoire.
 

15 novembre 2007

Le choix appartient aux Musulmans


Citation on line

Bernard Lewis

Que s’est-il passé ? L’islam, l’occident et la modernité
(Editions Gallimard)

L’attention médiatique internationale donnée dans le monde entier aux idées et aux actes d’Oussama Ben Laden et des Talibans a permis de percevoir avec encore plus d’acuité l’éclipse de la civilisation qui, en son temps, fut la plus admirable, la plus avancée et la plus ouverte de l’histoire de l’humanité.

Pour un observateur occidental baignant dans la théorie et la pratique de la liberté, c’est précisément le manque de liberté - liberté de l’esprit affranchi des dogmes et de la censure ; liberté de l’économie affranchie de la corruption et de l’incurie ; libertés des femmes affranchies de l’oppression masculine ; liberté des citoyens affranchis de la tyrannie - qui est à la base des maux dont souffrent le monde musulman. Toutefois, comme l’histoire de l’Occident le montre d’abondance, le chemin vers la démocratie est long et ardu, semé d’embûches et d’obstacles.

Si les peuples du Moyen-Orient continuent dans la même voie qu’aujourd’hui, le kamikaze qui se fait exploser risque de devenir une métaphore de toute la région ; il sera alors impossible d’échapper au funeste engrenage de la haine et du ressentiment, de la fureur et de l’auto commisération, de la pauvreté et de l’oppression - engrenage qui conduira tôt ou tard à une autre domination étrangère, peut-être celle d’une nouvelle Europe revenant à ses anciennes pratiques, d’une Russie ressuscitée ou bien d’une superpuissance encore en gestation en Extrême Orient. Ce n’est qu’en renonçant à leurs griefs, et à leur victimisme, en surmontant leurs querelles, en unissant leurs talents, leur énergie et leurs ressources dans un même élan créatif, que ces peuples pourront de nouveau faire du Moyen-Orient ce qu’il était dans l’Antiquité et au Moyen-Age, un haut lieu de la civilisation.

Le choix leur appartient.

J.C

14 novembre 2007

Michelle, une artiste amoureuse de la Tunisie !

Volutes de voiles, une huile de Michelle

Une toile sur la Toile
- novembre 2007

Mille merci à Désirée Haddad Bellaïche - une des plus anciennes invitées de ma série - pour m’avoir fait découvrir le travail de sa nièce, Michelle.

Comme sa tante qui continue de se rendre très souvent en Tunisie où elle a conservé de solides attaches, comme moi-même à un niveau plus modeste, elle fait partie des « inconsolables » de ce petit pays pacifique et ensoleillé ... et Michelle a su traduire sa nostalgie sous une forme plastique, en nous proposant des peintures magnifiques par la lumière qu’elles restituent si parfaitement !

Je vous en propose donc un échantillon sur mon blog. En vous invitant, fortement, à visiter le sien, intitulé joliment "La Tunisie et moi". Vous y découvrirez beaucoup d'autres œuvres de cette artiste, mais aussi des poésies car elle n'a pas que la peinture comme corde à son arc. Passionnée - comme moi - par la peinture orientaliste, elle a aussi illustré son site de toiles diverses, et elle a déjà mis en ligne deux vidéos consacrées à cette école picturale : l'enregistrement d'une émission où le peintre Arama est interviewé par Victor Malka, à propos de son livre sur Delacroix ; et une belle émission de TV5 Monde consacrée aux orientalistes.
En résumé, un blog jeune et déjà très riche, à qui je souhaite un grand « Mazel Tov » !

J.C

13 novembre 2007

Enfants malades irakiens, médecins israéliens !

Hopital du Croissant Rouge, Amman
(photo Associated Press, 9 octobre 2007)


Photo pas vue


Sur cette photo, rien que de très banal en apparence : un petit malade, allongé sur un lit d'hôpital, torse nu, est ausculté au moyen d'un appareil mobile par un médecin en blouse blanche. Seule la tenue de sa mère, debout à ses côtés, laisse deviner que l'on est au Proche-Orient ... mais il s'agit d'un petit évènement qui a vu s'effriter (un peu) les murs de haine séparant les peuples de la région.


En effet, le site "Yahoo.news.photos" a publié récemment (une fois n'est pas coutume ...) une série de photos non guerrières dans ses pages consacrées à Israël : ainsi, des clichés pris à l'hôpital du Croissant Rouge à Amman, où une petite équipe de cardiologues israéliens - sur la photo : le docteur Akiva Tamir - est venue spécialement examiner et soigner des jeunes enfants, réfugiés d'Irak. La nationalité des médecins n'a visiblement pas rebuté les parents des jeunes malades, pas plus que les autorités médicales jordaniennes associées pour l'occasion à une action humanitaire.


Un petit mot à propos de l'association israélienne ayant réalisé bénévolement cette mission : "Save a child heart" - "Sauver un coeur d'enfant" (voir le site en lien) -, réunit des médecins urgentistes israéliens spécialisés en chirurgie cardiaque infantile. Une spécialisation rare, et très appréciée à travers le Monde !


Ce "post" est aussi pour moi l'occasion de rappeler la présence régulière de nombreux malades palestiniens dans les hôpitaux israéliens, et en particulier au grand hôpital de Jérusalem Hadassa Ein-Kerem, dont j'avais déjà parlé sur le blog (voir le libellé ci-dessous). Je le publie enfin, au lendemain de la sanglante répression (7 tués) de la manifestation du Fatah par le Hamas à Gaza : hélas, ne nous faisons guère d'illusions ; le sang de ces victimes séchera beaucoup plus vite que celui d'autres ; et on ne verra guère dans les journaux de photos telles que celle-ci !

J.C

12 novembre 2007

Iran, le choix des armes ? François Heisbourg sera mon invité le 18 novembre

 
J’aurais l’honneur d’avoir à nouveau François Heisbourg comme invité. C’est un expert incontesté en matière de géostratégie : il préside actuellement le prestigieux « International Institute for Strategic Studies » de Londres, ainsi que le « Centre de politique de sécurité de Genève », il est également conseiller spécial à la « Fondation pour la recherche stratégique » de Paris qu’il a précédemment dirigée, et il publie régulièrement des analyses et rapports qui sont lus par les plus hautes autorités de notre pays.
 
C’est bien sûr l’Iran qui suscite en ce moment l’attention inquiète de toutes les chancelleries avec une angoisse particulière en Israël et dans la Diaspora. C’est d’ailleurs ma quatrième émission consacrée à la menace iranienne depuis le début de l’année, et cette interview a été construite à partir de son dernier livre, « Iran, le choix des armes ? » (Editions Stock). François Heisbourg écrit dans son introduction : « C’est peut-être le visage de notre XXI ème siècle qui se dessine en ce moment à travers l’avenir nucléaire de l’Iran », et un peu plus loin, après avoir rappelé qu’il se méfie des rapprochements historiques avec la dernière Guerre Mondiale, il dit : « Force est de constater que le président Ahmadinejad fait exactement ce qu’il faut, sur le registre antisémite et négationniste, pour amener les démocraties occidentales à dresser des parallèles par rapport à la montée des périls en Europe en 1933 ». Il convient à ce sujet de lui rendre hommage car - et cela avait été relevé sur ce blog -, il avait organisé, après l’ignoble pseudo conférence négationniste de Téhéran en décembre dernier, le boycott de « l’Institut Iranien pour les Etudes Politiques et Internationales » responsable de ce colloque ; et ainsi, 40 instituts ont rompu leurs liens avec leur homologue de Téhéran.

Cette émission a déjà été enregistrée, mais je peux vous révéler quelques unes des questions que j’ai pu lui poser (hélas, mille fois hélas quand on a un invité de cette qualité, je n’ai pas eu le temps d’aborder TOUS les sujets dont j’avais envie de parler) :
- Comment lire le titre de son livre « Iran, le choix des armes ? »
- Que répond-il à ceux qui - comme dans le journal « Marianne » du 22 septembre dernier - l’ont épinglé en l’accusant de sonner régulièrement le tocsin (après l’Irak en 2003) pour de fausses menaces ?
- Quels sont les arguments, développés dans son livre, que l’on peut opposer à tous ceux qui disent ou qui écrivent que, dans le fond, on est bien injuste avec l’Iran, en disant : « Israël, l’Inde et le Pakistan ont des armes nucléaires, et ils n’ont pas signé le traité de non prolifération ; et on veut empêcher la malheureuse République Islamique de faire pareil » ?

Et puis, François Heisbourg évoquera - hélas trop rapidement, car son petit ouvrage est passionnant et se lit comme un roman ! - les trois scénarios possibles en cette année décisive 2008 : « coopération » ; « compromission » ; ou « confrontation » ... Sans vous dévoiler ce qu’il a dit à mon micro, vous verrez que ses propos ne correspondent pas du tout à la caricature outrancière que l’on a pu lire dans « Marianne » ! 

J.C

11 novembre 2007

Gérard Akoun sur Judaïques FM : croire en Annapolis, malgré les extrémistes

Introduction :
La conférence de paix d'Annapolis - dont on ne connait en vérité que le lieu, ni date ni liste précise de participants n'étant encore définies - provoque déjà de furieux débats en Israël, certains partis politiques menaçant de quitter le gouvernement. Côté palestinien, la rupture - quasi-physique - existe déjà entre le "Hamastan" dans la bande de Gaza et le gouvernement Fatah administrant la rive gauche du Jourdain. La semaine dernière était marquée par le douzième anniversaire de l'assassinat d'Itzhak Rabin par un fanatique, Ygal Amir, dont la libération est maintenant bruyamment réclamée par l'extrême-droite ... Dans son billet de jeudi dernier, Gérard Akoun rappelle donc, fort à propos, qu'il y a des extrémistes de chaque côté ; et qu'il ne faut pas - pour le moment - déjà désespérer d'Annapolis !
J.C

Lors de sa dernière tournée au Moyen-Orient, Mme Condoleeza Rice a déclaré « si nous n'agissons pas pour montrer une issue pacifique aux Palestiniens, d'autres leur présenteront une autre sorte de solution au conflit. Si les Palestiniens perdent espoir, surtout la jeune génération, nous serons confrontés à un grand péril » Les Américains, comme les Israéliens et les Palestiniens, ont pris conscience, que le temps ne jouait pas en faveur des partisans d'un accord de paix négocié, au contraire il renforce ses opposants. L'extrémisme gagne du terrain, il est en train de devenir chaque jour plus dangereux, et pas seulement chez les Palestiniens, chez les Israéliens aussi.

Diverses manifestations, honteuses, scandaleuses, ont eu lieu en Israël, à l'occasion ou autour de la commémoration de l'assassinat d’Itzhak Rabin . La mémoire de l'homme était visée, mais aussi et surtout son œuvre, les accords d'Oslo, première tentative pour aboutir à un accord de paix avec les Palestiniens. Des centaines de supporters du Beitar Jérusalem ont refusé de respecter la minute de silence, à la mémoire d’Itzhak Rabin, qui précédait le match de football, qui opposait leur équipe à celle du Maccabi Haïfa, aux cris de « Ygal Amir, Mazel Tov Ygal Amir » félicitant ainsi l’assassin, pour la naissance et la « Brith Mila » de son fils. L'assassin, qui avait été qualifié de honte pour Israël et le peuple juif, devenait un héros. Vous me direz bien sûr, que ce n'est pas sur les tribunes des stades, que l'on fait preuve d'une grande intelligence, mais il y a eu d'autres indices inquiétants, comme la demande de mise en liberté, à court terme, de l'assassin ou l'adoucissement de ses conditions de détention, et cela se produit dans un contexte particulier, celui de la conférence d’Annapolis, qui doit jeter les bases d'un accord entre Israéliens et Palestiniens.

Cent mille personnes, c’est rassurant, se sont rassemblées à Tel-Aviv, pour commémorer le douzième anniversaire de l'assassinat d'Itzhak Rabin, mais un millier d’autres manifestait contre la conférence d'Annapolis et contre le plan de paix d'Ehud Olmert. À Jérusalem, des affiches étaient collées dans les rues, représentant un photomontage de Shimon Peres, affublé d’un keffieh, sur lequel était écrit, « libérateur de terroristes, président des Arabes », en référence sans doute, aux libérations de prisonniers palestiniens. Avant son assassinat, le même type d'affiche, représentait Rabin ! Un groupe de rabbins, des extrémistes, ont demandé à George Bush, de revenir sur ses intentions d'organiser la conférence malveillante d'Annapolis qui est, ont-ils écrit une déclaration de guerre, contre Dieu et sa Torah. Certes, cela peut paraître stupide, mais c'est comme cela, que l'on arrive à fanatiser, à armer des esprits simples, qui n'éprouveront aucun remords, à la suite de leurs crimes.

Du côté palestinien, le Hamas fera tout pour empêcher, ne serait-ce que l’esquisse d'un accord entre Olmert et Abbas, et ce n'est pas difficile : il suffirait d'un attentat meurtrier, d'un nouveau kidnapping de soldats ou d'une roquette Kassam qui ferait des victimes à Sderot, par exemple, pour, aussitôt, provoquer une riposte israélienne à Gaza et ainsi faire perdre toute crédibilité à la conférence. C'est dire si la situation est difficile. Les services de renseignements de Tsahal sont persuadés que la conférence débouchera sur un échec, et pourtant Ehud Olmert comme Mahmoud Abbas ont déclaré, qu'ils pensaient pouvoir parvenir à un accord avant janvier 2009, date à laquelle George Bush cessera ses fonctions. Souhaitons leur de réussir en leur rappelant, qu'un bon compromis entre deux adversaires est signé quand chacun d’eux ne pense pas avoir gagné mais ne pense pas non plus avoir perdu ...

Gérard Akoun
Judaiques FM, le 8 novembre 2007

Et c'est reparti !

Et c'est reparti ...


Après une petite escapade où j'espère avoir "rechargé mes batteries", voici revenu le moment de reprendre le fil du blog, de mon émission et - d'une manière plus distante, car un tel mini-journal ne peut pas être un media d'actualité en continu - de l'actualité du monde musulman.


Quelques réflexions, glanées au fil des news de la semaine que j'ai pu suivre tout comme vous ...


- D'abord en ce qui concerne la politique extérieure de la France, un peu plus commentée que d'habitude en raison du voyage très réussi de notre Président aux États-Unis : j'ai noté que parmi les "mots valise", celui de "indépendance nationale" s'entendait toujours (dans la bouche des critiques comme des journalistes), au sens de "maintenir la politique arabe de la France" ; a contrario, "dénoncer l'Atlantisme" se comprenait (en creux) par refuser systématiquement d'être dans le même camp que les USA, et cela même dans les cas les moins discutables, qu'il s'agisse de l'assistance aux populations massacrées du Darfour ou de la guerre contre les Talibans en Afghanistan.


- L'Afghanistan, justement. Si vous avez pu l'entendre dimanche dernier, mon invité Gérard Cardonne a dit d'une façon extrêmement claire et concise combien la situation dans ce pays avait mal tourné, du fait d'erreurs en tous genres des Occidentaux. Nicolas Sarkozy a, sur ce sujet, annoncé un virage de la France dans le sens d'un plus grand engagement - or, et je l'avais relevé sur le blog, il avait plutôt laissé entendre un retrait à la veille de l'élection présidentielle.


- Enfin, le Pakistan voisin : il suffit de quelques jours pour voir démentis les scénarios les plus optimistes, ainsi le 19 octobre j'évoquais le montage élaboré par les Américains d'un partage du pouvoir entre Pervez Musharraf et Benazir Bhutto ... hélas, mille fois hélas, ce pays semble bien mal parti ... et je me dis qu'il devient urgent de vous proposer (au plus tard début 2008), une émission sur ce pays qui ressemble à une poudrière !


De retour à Paris, j'ai eu le bonheur d'entendre tout à l'heure sur notre radio Judaïques FM Dounia Bouzar, interrogée par Vladimir Spiro et Gérard Akoun dans le cadre de l'émission "Trente minutes pour convaincre". Thème de l'interview : son livre "L'intégrisme, l'islam et nous" (Éditions Plon), dont vous avez pu découvrir une petite synthèse grâce au texte qu'elle a eu la gentillesse de m'envoyer pour le blog (voir "posts" du 31 octobre au 2 novembre).


Il me reste, pour finir, à vous remercier pour votre fidélité, devant votre micro ou à l'écoute du 94.8 FM. Et à vous proposer sur un autre sujet (article suivant), celui-ci brûlant, de lire le billet lu jeudi dernier par Gérard Akoun où il est question d'autres extrémistes ...


J.C

04 novembre 2007

O-xy-gé-na-tion !

Rassurez-vous, je ne vais pas tenter une immersion à l’intérieur de cette sphère bien impressionnante ... ou passer mes vacances à l’ombre d’une installation industrielle ...

Non, mais l’absence de vacances cet été commence à me peser. Et, comme le savent les lecteurs qui me font la gentillesse de venir régulièrement consulter cette adresse, mes heures de liberté sont bien remplies, à la fois par mon émission et par le blog. Le temps est donc venu de couper, complètement, toutes mes attaches informatiques et radiophoniques, et de m’oxygéner quelques jours.

Rendez-vous donc le dimanche 11 novembre, bonne semaine !


J.C

03 novembre 2007

Raid sur la Syrie du 6 septembre : des images satellite au microscope

Le site du présumé réacteur nucléaire syrien
en construction, détruit par le raid du 6 septembre 2007
Photo de gauche : prise le 10 août
Photo de droite : prise le 24 octobre
(source : AFP d'après images staellite Digital Globe)

"Que s'est-il passé exactement le 6 septembre dans le ciel syrien ?"

Mon ami André Nahum avait fait le point sur Judaïques FM, deux semaines après le mystérieux raid israélien, et vous pourrez relire ou découvrir cet article en lien.

Depuis, tout en reconnaissant qu’il s’agissait bien d’une opération militaire, tout en acceptant même de présenter des excuses à la Turquie - survolée par ses avions après leur mission au Nord de la Syrie -, le gouvernement israélien maintient une politique de communication ambiguë : ne rien reconnaître, mais ne rien démentir non plus ; et compter, en creux, sur les révélations de la presse étrangère (essentiellement américaine) pour que la communauté internationale sache ce qui s’est passé ...

Aujourd’hui on dispose d’une donnée crédible, celle fournie par deux images satellites « non classifiées » et commercialisées par la société « Digital Globe ». Sans être un expert en matière d’espionnage, on distingue clairement un bâtiment de forme carré sur la photo prise avant le 6 septembre, bâtiment qui a entièrement disparu sur celle du 24 octobre : or il a été révélé, dans d’autres articles de presse, que la zone du raid avait été entièrement interdite par les autorités syriennes, qui se seraient donc livrées à un « nettoyage » des ruines, comme s’il y avait vraiment quelque chose à cacher (leur version officielle a d’ailleurs varié selon les communiqués, parlant une fois d’une « installation militaire abandonnée » et une autre d’un « centre de recherches agricoles ») ...

Un institut américain, spécialisé dans l’intelligence stratégique et les affaires de prolifération nucléaire (il a ainsi publié d’autres images satellites, celle-là du site d’enrichissement d’uranium de Natanz en Iran) a publié deux articles fournissant des commentaires détaillées sur ces deux photos. Cet institut s’appelle l’ISIS (« Institute for Science and International Security »), voir son site. L’exploitation des deux images faite par l’ISIS est en fait, à ce jour, la seule source pour les innombrables articles que l’on peut trouver maintenant sur le Web ; et en plus, les liens sur l’ISIS ne sont pas donnés directement !
Aussi, j’ai pensé utile de vous les fournir ici, en rappelant juste deux détails : les articles sont bien sûr en anglais ; et le format « Adobe Acrobat » ne permet pas la reprise sur mon blog des clichés agrandis et commentés.
Dans ce premier article en date du 23 octobre, les analystes David Albright et Paul Brannan passent au crible la photo du 10 août, et révèlent de troublantes analogies avec le réacteur coréen de Yongbyon : une installation conçue pour fournir du plutonium de qualité militaire. Le réacteur est aussi situé géographiquement au moyen d’autres photos, au voisinage de l’Euphrate.
Dans un deuxième article en date du 25 octobre, les mêmes analystes commentent cette fois la photo prise la veille, et révèlent des détails troublants : partie du site enterrée ; traces de bulldozer ...
Dans un troisième article enfin, en date du 26 octobre, des détails supplémentaires sont commentés sur les mêmes photos.


J.C